Céline a 23 ans, elle est graphiste pour un groupe multimédia à New York. A ses heures perdues, elle tient un blog (The french Brooklynite) pour raconter, en illustrations, son expérience New-Yorkaise. Dans un café, le Chocolate Room à Brooklyn, elle m’a donné rendez-vous pour me raconter tout ça.
madmoiZelle.com : Bonjour Céline, est-ce qu’en deux mots tu peux nous expliquer ton métier ?
Céline : Je suis graphiste pour une boîte qui s’appelle Music Nation. C’est un site communautaire où les internautes rencontrent les artistes. Ils les écoutent et adhérent ou pas à leur style. Sur le site, y’a pas mal de concours mis en place permettant de découvrir des artistes, je suis donc en charge du design général du site, de l’habillage de ces concours, de bandeaux publicitaires….
A côté de ça, y’a un label de musique qui s’occupe de la promotion des artistes découverts sur le site. Pour eux, je fais des pochettes d’album, le design de leur site, leur page myspace, les flyers de leurs concerts, etc… Ce poste est vraiment intéressant puisque je fais à la fois du web et à la fois du print.
madmoiZelle.com : Concrètement, par exemple pour les pochettes d’album, comment est-ce que tu travailles ?
Céline : Généralement, y’a deux cas de figure. Soit, j’ai une commande avec des critères précis, une photo du groupe à mettre sur la pochette, etc. Soit, je suis plus libre. J’ai juste le nom de l’album et le nom du groupe et je dois me débrouiller seule… Dans ce cas-là, j’écoute l’album plusieurs fois, j’essaie de saisir l’univers, l’ambiance. Souvent le groupe me donne des mots-clefs ou fait référence à des artistes qui font partie de son univers. A partir de tout ça, je crée une pochette, que je leur envoie pour approbation.
madmoiZelle.com : C’est pas trop difficile de s’adapter aux exigences des artistes ?
Céline : En fait, en travaillant en tant que graphiste dans un pays étranger, j’ai réalisé que, plus que les exigences des artistes, c’est d’être confrontée à une autre culture qui est compliqué. Parfois les artistes font référence à des éléments de culture populaire que moi, venant d’Europe, je n’ai pas. Des scènes de films, des albums d’artistes qui ici sont considérés comme cultes. Heureusement, j’ai un collègue franco-suisse qui m’aide souvent à décrypter.
Je ne me considère ni comme une artiste, ni comme une geek.madmoiZelle.com : Comment est né ton intérêt pour le graphisme ?
Céline : Un peu par hasard en fait. A la base mes parents sont boulangers, donc je voulais travailler dans l’hôtellerie. J’ai eu mon bac au moment où internet commencait à vraiment exploser, on connaissait pas encore vraiment toutes les possibilités mais ça m’intriguait. J’ai donc fait un DUT assez général avec du code, des maths… Et c’est après coup que je me suis spécialisée. C’est aussi à ce moment-là que j’ai fait la connexion avec mon intérêt pour les nouvelles technologies et le graphisme en général.
Quand j’étais petite, je collectionnais toutes les pubs, je me souviens de pubs DDP quand j’étais ado, j’avais un classeur, j’ai toujours été intéressée par l’aspect graphique des affiches…
madmoiZelle.com : Qu’est-ce qui dans ton parcours t’a amené à New York ?
Céline : Après Paris, y’a pas grand chose… Non, sérieusement, c’est un projet que j’ai construit avec mon copain. A la fin de nos études, on voulait partir, c’était le moment idéal dans nos vies, on avait 23, 24 ans, rien à perdre !
De façon plus rationnelle, on cherchait avant tout un pays anglo-saxon pour la langue. On a passé quatre jours à Londres pour avoir un aperçu de la ville, et le courant n’est pas passé. En septembre dernier, on est venu passer une semaine à New York, il faisait beau, chaud et de suite on s’est vu vivre ici.
Et c’est vrai que dans notre secteur, il était plus simple de venir sur New York. Mon copain travaille aussi dans les nouvelles technologies, ici y’a beaucoup d’opportunités professionnelles dans ce domaine.
madmoiZelle.com : Depuis ton arrivée à New York, tu tiens un blog (The french Brooklynite). Quelle était ta motivation ?
Céline : D’abord, d’un point de vue pragmatique, c’est parce que j’avais du temps. Ensuite, c’est plus pour garder une trace des choses que je vois dans mon quotidien et qui me font sourire…
Avant tout ce blog est pour moi. Tout ce que j’y mets, ce sont des choses qui me font rire, qui me surprennent, y’a pas forcément de public visé…
L’autre fois, je courrais dans Prospect Park et je vois un gamin qui joue avec un trolet. Tu sais un vieux chariot rouge, je pensais que depuis le 19ème siècle, ça n’existait plus ce genre de truc, mais le sien était tout neuf, et le gamin s’éclatait tellement avec… C’était totalement anachronique, je trouvais ça marrant… Le lendemain, j’ai cherché un peu sur internet, et j’en ai une illustration sur le blog.
C’est vraiment comme ça vient, je ne me force pas à poster… Y’a des jours, je me dis : « quand même, ça fait longtemps que tu n’as pas posté », mais dans ces cas-là, plus je cherche et moins je trouve quelque chose à dire, donc en général je laisse les choses venir.
Et plus généralement, j’aime bien comprendre comment les choses marchent, donc là ça m’intéressait de voir comment construire un blog, comme ça fonctionnait.
madmoiZelle.com : Pour revenir à New York, quelle était l’image de la ville que tu avais avant de venir ?
Céline : Quelque chose de grand, d’intense… J’avais que des images issues de la télé, donc des images de Manhattan avant tout. Forcément, la ville dans laquelle se passe Sex and The city. J’imaginais aussi une ville avec plein de quartiers différents.
madmoiZelle.com : Et aujourd’hui ?
Céline : Je crois que quand t’arrives, les premières semaines, tu te prends tous les clichés de front. C’est assez violent mais ça devient vite lassant. Rapidement tu cherches autre chose que les taxis jaunes et Times Square.
Je vis dans Brooklyn, et quand j’y pense aujourd’hui, je partage pas grand chose avec Manhattan, j’y vais par obligation parce que c’est là que je travaille. Je ne connaissais pas Brooklyn avant de m’installer ici, je considérais ça comme la banlieue, mais en fait, c’est un vrai lieu de vie, avec des quartiers atypiques et ultra sympathiques.
madmoiZelle.com : Quel est ton lieu préféré à New York ?
Céline : Ma réponse va être facile mais je dirais mon quartier : autour de Park Slope. C’est là où je passe la plupart de mon temps, me ballade à n’importe quelle heure, teste différents restaurants toutes les semaines…
Et puis, y’a une ambiance plus familiale et plus calme aussi : pendant les week-ends d’été, ils organisent des Fair ou des Bloc Partys, ils ferment les rues pendant la journée ou le week end pour permettre aux gamins de jouer tranquillement et sans danger…
Je suis définitivement une Brooklynite (nom donné aux habitants de Brooklyn, ndlr). Les premières fois que je suis venue, je n’osais pas traverser le pont, mais honnêtement une fois que tu l’as fait, t’as plus envie de faire chemin arrière.
madmoiZelle.com : Y a-t-il quelque chose qui te manque de la France ?
Céline : Y’a pas de menthe à l’eau Teisseire, et ça, laisse-moi te dire que ça rend l’été difficile… Les parents de mon copain nous en avait envoyé trois bidons avant l’été, et maintenant c’est le sésame pour les copains français qui veulent profiter de notre pied à terre à New York !
madmoiZelle.com : Y a-t-il un film ou livre qui représente le New York dans lequel tu vis ?
Céline (après un instant de refléxion) : En fait pas vraiment, parce que la plupart des films ou des livres se passent à Manhattan. Les seuls moments où tu vois les autres quartiers c’est pour montrer où vivent les gangs et tout ça… Et comme je te l’ai déjà dit, moi, mon New York, c’est avant tout Brooklyn.
MadmoiZelle.com : Enfin, pour toi, c’est quoi être une madmoiZelle dans une ville comme New York ?
Céline : C’est quelqu’un de plus libre, c’est quelqu’un qui fait des choses qu’elle n’oserait pas faire ailleurs… Moi, j’ai testé le yoga. En France, la pression des amis, de la famille, j’aurais sûrement jamais osé… Donc définitivement, une madmoiZelle à New York, c’est quelqu’un qui ose !
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Merci Adeline pour cet article