— Mise à jour du 14 septembre 2017 (Clémence Bodoc)
L’OVEO, l’Observatoire de la violence éducative ordinaire, qui était notamment à l’origine de la campagne contre «les petites claques», poursuit sa mission d’utilité publique avec une nouvelle vidéo de sensibilisation.
Si j’ai choisi de partager la vidéo en question en mise à jour de cet article sur « les remarques innocentes des parents qui flinguent leurs enfants », c’est parce que c’est précisément le thème de cette nouvelle campagne de lutte contre la violence éducative.
Le but de cette campagne ? Mettre en évidence ces mots qui marquent, et sensibiliser les parents, les adultes en général à utiliser un vocabulaire encourageant envers les enfants.
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— Publié le 2 août 2017
On a beau avoir grandi et appris avec nos parents, les relations qu’on entretient avec eux ne sont pas saines par défaut. On peut être en froid avec eux, ou carrément avoir une relation conflictuelle.
Sur madmoizelle, on a déjà parlé de ces rapports compliqués avec les parents, comme Mircea Austen qui demande à sa mère d’arrêter de commenter son corps, ou ce témoignage d’une lectrice expliquant sa relation compliquée avec sa mère.
Parfois, le malaise s’installe de façon progressive, par le biais de remarques ou d’attitudes de plus en plus malsaines. Sur Reddit, les internautes s’expriment à ce sujet.
L’excellence à l’école, une exigence compliquée à gérer
L’un des motifs récurrents de conflit, c’est bien sûr les notes à l’école et la carrière en général.
« Mes parents m’ont demandé « Qu’est-il arrivé au 1% restant ? » quand j’ai eu 99% de réussite à certains de mes examens. Ça m’a fait me sentir très mal. »
Beaucoup de parents prennent très à coeur la réussite de leurs enfants. Alors quand ça ne marche pas, ils peuvent le prendre comme un échec personnel. Même quand les résultats sont bons, la pressions peut être vraiment forte.
« Les miens disaient des choses comme ça aussi. À chaque fois que j’avais mes résultats (et de 6 à 11 ans, mes résultats étaient toujours au dessus de 90%), leur première réaction n’était pas « bien joué » ou « c’est bien » mais :
— Et Thomas, il a eu combien ?
Thomas était un petit garçon dans ma classe. Ils n’arrêtaient pas de l’appeler « mon copain » : il était né le même jour que moi.
Donc ils comparaient toujours nos résultats, et semblaient déçus quand les siens étaient meilleurs que les miens. Même quand j’obtenais un score de 95%… »
Dans ce second témoignage, c’est encore plus criant : les parents comparent carrément les résultats de leur enfant avec ceux d’un autre élève !
Une telle pression peut rendre vraiment malheureux•se. On fait tout pour avoir de bons résultats pour contenter les parents, parfois sans penser à notre propre bonheur…
Quand j’étais en primaire, les parents d’une de mes camarades un peu médiocre lui avaient même fait croire qu’elle n’aurait pas de cadeau à Noël si elle n’avait pas de meilleurs résultats. Évidemment, ses notes n’ont pas grimpé pour autant.
Et son moral non plus.
Quand les cheveux deviennent une affaire d’État
Quand il s’agit des résultats au moins, on peut essayer de faire quelque chose. Mais quand les remarques s’attaquent au physique, c’est encore un autre niveau.
Une utilisatrice de Reddit explique :
« Mes parents se plaignaient beaucoup de mes cheveux. J’ai les cheveux bouclés contrairement à eux, donc j’imagine qu’il ne savaient pas comment les gérer.
Ils faisaient toujours des remarques désobligeantes quand on allait quelque part ensemble, du style « tu ne peux pas passer un peigne dans ton sac de nœuds ? ». […]
« Et la cerise sur le gâteau arriva quand ils ont adopté ma soeur, qui est métisse. Ils se sont démenés pour essayer de comprendre comment s’occuper de ses cheveux, et acheter des produits adaptés.
Et ils n’arrêtaient pas de comparer ses cheveux aux miens, en disant qu’ils étaient plus jolis ! »
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Je pense que la question des cheveux est vraiment particulière dans les relations parents-enfants.
Les boucles par exemple, font partie de notre patrimoine génétique. J’ai eu une amie qui lissait constamment ses cheveux bouclés, et ça faisait de la peine à son père parce que c’était lui qui lui avait transmis ses gènes.
Pour lui, c’était comme si elle reniait une partie de lui.
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Quand l’enfant n’a pas la même nature de cheveux, j’imagine que certains parents se reconnaissent moins en eux, et que ça leur fait de la peine. Sur Reddit, beaucoup de filles ont fait remarquer qu’elles avaient fait face au même problème.
« Ma mère a été comme ça toute ma vie. Elle me tague toujours sur des pubs pour des lisseurs sur Facebook. J’ai 27 ans. »
Quand le rapport père-fille devient inquiétant
D’autres témoignages font clairement froid dans le dos.
Plusieurs utilisatrices de Reddit parlent de comportements vraiment alarmants venant de leur père, qui exerçait un contrôle clairement déplacé sur leur vie et leurs choix.
« Mon père faisait tout un tas de commentaires bizarres à mes soeurs plus jeunes à propos de ce qu’elles devaient porter, ou comment mettre en valeur leur corps quand elles étaient adolescentes.
[…] Quand ma soeur a atteint la puberté, il a soudainement offert de nous acheter à nouveau des vêtements, mais seulement si LUI pouvait les choisir.
Ça m’a rendue super suspicieuse envers les adultes et leurs motivations parce que les fixettes de mon père sur ces trucs m’ont fait me sentir mal.
Ma mère ne voulait pas savoir, et je n’arrivais pas à l’exprimer clairement.
Je ne le laisse plus m’acheter de vêtements et maintenant je sors habillée comme je veux, même d’une façon que mon père ne trouverait pas attirante. »
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Quand les pères sexualisent leurs filles
Le problème devient encore plus grave quand les pères se permettent de sexualiser leurs filles. Là encore, les témoignages sont nombreux et glaçants.
« Mon père faisait toujours des commentaires dégueulasses, disait par exemple que je devrais prendre du poids parce qu’il n’était pas attiré par les femmes minces.
Il demandait aux gens dans la pièce si j’avais oui ou non de la poitrine. Il posait même cette question à mes frères juste devant moi, peut-être pour me faire honte d’avoir des petits seins.
Je ne sais vraiment pas à quoi il pensait. »
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Il arrive souvent qu’un membre de la famille se permette des commentaires déplacés sur le physique d’une fille atteignant la puberté.
C’est grave parce que ça sexualise notre corps dès le plus jeune âge.
Et c’est d’autant plus stressant quand c’est le père qui adopte ce comportement. Parce que pour peu qu’on habite avec lui, c’est TOUS LES JOURS que le malaise se développe.
Le corps des jeunes filles, ce terrain miné
Une autre utilisatrice a fait part d’un problème similaire, mais dans le sens inverse : son père faisait tout pour la dé-sexualiser, quitte à la mettre mal à l’aise.
« Mon père faisait exactement le contraire : il me disait de ne pas porter de fringues moulantes du tout.
Vers la fin du lycée, il voulait tout le temps m’acheter des vêtements plutôt masculins, comme des baggys. Des jeans avec des jambes très droites, des gros sweats et des t-shirts larges. […]
Heureusement j’ai commencé à vivre un peu plus chez ma mère et elle m’emmenait acheter des vêtements d’adolescente normale. »
Ces jugements qui restent longtemps
Lorsqu’ils se permettent de nous juger ou de nous comparer, nos parents n’ont peut-être pas conscience d’à quel point leur comportement peut être nocif.
Pourtant en lisant les témoignages de ces femmes, on réalise à quel point leurs mots peuvent faire mal et avoir un impact à long terme.
On réalise aussi que de très nombreuses femmes ont été très tôt victimes de sexisme, dans leur propre foyer. Tu m’étonnes, qu’on finisse épuisées…
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Je pense que ce type de témoignage peut nous permettre de comprendre les (jeunes) adultes que nous sommes en mettant le doigt sur CE truc de l’enfance qu’on a jamais digéré.
Et il faut le rappeler : vous avez tout à fait le droit de couper les ponts avec vos parents. En soi, vous ne leur devez rien. S’ils sont abusifs, vous font du mal, RIEN ne vous oblige à les côtoyer.
Être en bons termes avec ses parents, c’est chouette. Mais être heureux•se et bien dans sa vie, c’est essentiel.
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Les Commentaires
A l'école, j'ai commencé à avoir du mal à partir de la 4e. Ma mère comparait sans cesse mes notes à celles des autres. Le pire, c'est qu'elle me comparait aussi à mes soeurs, qui n'avaient aucune difficulté en maths ou en histoire. Elle me dévalorisait, me rabaissait, en me disant que je ne ferais rien de ma vie si ça ne s'arrangeait pas à l'école. Bon, soit, je l'ai ignoré, et j'ai continué à faire ce que je voulais. Mais ma mère a été cool dans le sens où j'ai pu faire ce que je voulais comme filière. J'ai fait L. Pour ensuite faire, après le lycée, un DUT Métiers du Livre. Elle m'a reproché ce choix il y a deux ans. "T'as fait des études qui mènent à rien.", ce à quoi j'ai répondu "Oui, mais tu m'as toujours dit de faire ce que je voulais, alors j'ai fait ce que j'aimais !". Ses mots me pèsent encore parce qu'elle sait que j'aime les livres depuis ma plus tendre enfance et que je veux travailler avec...
Maintenant que je travaille avec des enfants, j'essaie au maximum de ne pas agir comme ma mère a pu agir avec moi. S'ils échouent, c'est pas grave, on va recommencer et voir point par point où ça a bloqué. L'enfant ne doit pas être brusqué dans ce qu'il fait, parce que c'est là qu'il va y avoir son malaise d'adulte...