À première vue, le cinéma est une bonne idée. Le moyen d’approfondir ta culture tout en passant deux heures dans un siège bien plus confortable que le tabouret Tam-Tam de ton appartement.
Le film est choisi, tu es bien en face de l’écran. Parfait. Mais que celui qui ne fût pas victime du beuglement téléphonique et du coup de basket dans le dossier me jette le premier pop-corn (non merci). Et là, grosse lose. Ce moment qui était censé ouvrir ton esprit au septième art est avorté par quelques enquiquineurs. Citons-en donc quelques espèces !
Le morfale
Généralement, lorsque je vais au cinéma, il est plus ou moins 20h. S’offrent alors aux personnes qui peuplent la salle trois possibilités :
- Dîner avant
- Dîner après
- Dîner pendant
Ne faisant pas partie de cette troisième catégorie je me permets d’en définir les contours. Le morfale aime le maïs soufflé, les bonbons et les glaces. Rarement bien organisé, il se doit de remuer ciel et terre (carton et plastique) pour trouver la perle rare toujours située au plus profond du paquet. Soit, manger du pop-corn c’est cool pendant que les gens cherchent le meilleur endroit pour reposer leur coccyx, pendant les publicités, pendant la douce musique d’attente. MAIS, dès que la première note de la bande originale débute, j’aime entendre un silence monacal. Or, le morfale, ça, il ne le sait pas. Il rêve plutôt à la sensation que pourrait lui procurer le fait de craquer son Magnum dans sa main. Moi, animal.
Les gens qui ont dû se fourvoyer de salle
Ok, amener au cinéma les enfants c’est cool (non). Si c’est un dessin animé, concédons. Les rires ouverts devant les « Prout Prout » de Merlin dans Shrek 3, oui c’est drôle. MAIS, amener un enfant de six ans voir Very Bad Trip ou Le Labyrinthe de Pan (ouais, les fées, les faunes, toussa, toussa, eh ben NON), ça n’a aucun sens. Le gamin est traumatisé et en plus il le fait savoir tout haut. « Ben Mamie pourquoi le monsieur il… Et mais pourquoi… ». Anéantissez-le.
Et ces dernières, nos tendres grand-mères, ne sont nullement en reste. Anecdote : il y a fort longtemps je suis allé voir Cowboys et Envahisseurs, un gentil film à base d’extraterrestres chez Buffalo Grill. Jusque-là, pas d’embrouille. C’est alors que j’ai vu une troupe de septuagénaires bien accomplis garnir les sièges rouges. Incompréhension. Ce fut ensuite un torrent de gémissements à base de « Doux Jésus Geneviève », les effluves d’hémoglobine fluorescente alimentant la complainte des anciens. Soudain je me suis aperçue que j’étais en compagnie du fan club d’Harrison Ford (vieux) et qu’ils étaient tou-te-s bien déçu-e-s de s’être laissé-e-s piéger par la présence de leur vedette préféré à l’affiche d’un film bien loin de leurs attentes. Merci bien.
Celui en mode audiodescription
La proximité des corps a la particularité de conduire le moindre son parasite à l’intérieur de la paroi interne de mon oreille, provoquant une augmentation de ma pression sanguine, du pouls. Je génère de l’adrénaline ce qui, par le cheminement de mes neurones, entraîne une profonde vague de colère. Une attaque surf de mon courroux, en quelque sorte.
Les gens qui mangent sont un fléau. Ce n’est rien comparé à ceux qui profitent des lumières qui faiblissent pour faire briller leur organe. Malheureusement, il y a huit chances sur dix pour qu’une personne ayant grande envie de dévoiler sa voix de stentor se trouve à moins de cinquante centimètres de moi. Un peu comme si j’avais appuyé malencontreusement sur la touche de la voix off (généralement diffusée dans des casques sans fils aux malvoyants). Alors désolé mais parfois, je craque.
Le somnolent
Plantons le décor. Les personnages sont présentés, le méchant est bien défini (musique sombre et nuance froides), première péripétie. Suspense.
Soudain, le gentil monsieur au fond à droite, narcoleptique à ses heures perdues, décide de piquer un somme. Grognement bestial. Et là c’est toute la salle qui commence une sorte de gloussement contagieux. Le moment épique, qui devait m’en foutre plein les mirettes, est remarquablement bousillé. Alors, moi ça ne me fait pas rire du tout.
Cet être humain se dirige vers le cinéma le plus proche
L’individu obtus (dirons-nous)
Malheureusement le spécimen n’est pas rare et peuple encore trop souvent nos salles noires. Souvent affecté à un environnement proche du film d’horreur, du Teen Movie ou de la comédie américaine un peu vaseuse, il se déplace souvent en bande. Il est âgé en général de 15 à 20 ans (adolescence, âge ingrat). En 2012, par exemple, le film d’épouvante Sinister a dû être déprogrammé d’à peu près 40 salles de cinéma français pour cause de débordements. Certains jeunes gens auraient pillé les comptoirs et uriné sur les sièges, entre autres.
Tu crois passer une soirée en amoureux et tu te retrouves en compagnie des Gremlins devant Blanche-Neige :
Franchement, avouons-le : c’est dommage.
Et toi ? Quels spécimens t’agacent le plus dans les salles obscures ?
– Image d’illustration : Dan Winters pour Wired
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Les Commentaires
Par contre je me sens particulièrement interpellée par le problème "des gens qui reniflent", je fais des allergies de type rhinite depuis quelques mois et en plus en ce moment je rajoute une rhino par-dessus, donc je suis obligée de renifler souvent parce que 1) je n'ai souvent pas assez de sécrétions pour me moucher et 2) si je me mouche trop souvent mon nez devient irrité, enflé, rouge, et peut même saigner. Déjà que je suis obligée d'avoir un mouchoir à portée de main pour les éternuements surprises en rafales...
Alors entre me moucher pour presque rien toutes les minutes pour me retrouver avec une grosse tomate qui fait mal à la place du nez, ou dégouter/énerver un peu les gens, ben je choisis la deuxième option (sachez que ça m'énerve et me fatigue également!)
Il y a de plus en plus de gens avec ce type d'allergies, ça peut faire beaucoup de renifleurs en puissance
Par contre je ne vais pas au cinéma, ça fait un lieu de moins à polluer de mes reniflements