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J’avais envie de lui, mais il m’a fait mal, et j’ai eu honte

Cette madmoiZelle a vécu une mauvaise expérience sexuelle avec un homme. Et depuis, elle s’interroge…

J’étais amoureuse d’un garçon depuis quelques temps, et un soir, on a couché ensemble. Enfin, je pensais qu’on avait couché ensemble

Pendant plusieurs semaines, je n’ai que très peu repensé à cet épisode. Cela n’avait pas été une bonne expérience mais je me disais simplement qu’il n’était pas très doué au lit, ou qu’on n’aimait pas les mêmes choses.

En tout cas, je ne l’aimais plus, c’est tout ce qui comptait. Je suis allée de l’avant, sans m’appesantir là-dessus.

Je me sentais tout à coup très mal à l’aise

Et puis récemment, j’ai écrit le récit de ma vie amoureuse et sexuelle en procédant par ordre chronologique. J’étais persuadée d’écrire sur des histoires qui m’étaient arrivées il y a assez longtemps pour que j’en sois devenue plutôt distante.

Je pensais avoir tout « digéré ».

Mais quand je suis arrivée à ce fameux soir avec ce garçon, dont j’étais amoureuse, et que j’appellerai Antoine, j’ai été très surprise de m’apercevoir que mes souvenirs étaient un peu flous, que je me sentais tout à coup très mal à l’aise.

J’ai alors fait l’effort de me rappeler de cette soirée, de tous ses détails, de mon ressenti à l’époque. Et c’est à ce moment-là que je me suis rendue compte qu’il s’était passé quelque chose d’anormal.

Ce soir-là, Antoine m’avait rejointe chez moi, parce que je l’avais invité. Je me sentais seule, triste et j’avais envie de compagnie. J’avais envie de sa présence, parce qu’il me plaisait depuis longtemps déjà.

Alors il est venu, et au bout de quelques heures, après des bières, un dîner, un film, j’étais devenue plus câline envers lui. J’avais envie de lui. C’est moi qui ai initié cette proximité physique entre nous.

J’avais envie de coucher avec lui, et cela lui convenait.

Une relation sexuelle qui n’avait rien d’érotique

Jusque-là, tout va bien, mais cela n’a pas duré.

Il m’a déshabillée, après m’avoir demandé l’autorisation, mais a lui refusé d’enlever tous ses vêtements. Il était au-dessus de moi, entravait mes mouvements et ne me laissait pas le toucher.

Je crois bien que je suis restée immobile, estomaquée, quand il a commencé à me doigter violemment. Il avait de grands mouvements du bras, enfonçait ses doigts profondément en moi, avec une vraie brutalité.

Cela n’avait rien d’érotique.

J’avais mal, et pourtant, j’ai spontanément commencé à simuler le plaisir

.

Je ne m’en souviens pas très précisément, mais je crois que j’ai dû lui demander d’arrêter, au bout de quelques instants. Ensuite, ça s’est arrêté là, et chacun s’est endormi de son côté.

Les jours suivants, on a fait comme si de rien n’était.

Je me rappelle m’être sentie très, très sale les jours suivants. Comme souillée. J’avais très honte de ce qui s’était passé. J’en ai toujours honte.

C’est très difficile pour moi de comprendre pourquoi je ne lui ai pas crié de s’arrêter dès que j’ai eu mal. Pire encore, je poussais des gémissements de plaisir… Sans que cela ait le moindre sens.

Au lieu d’exprimer ma gêne, ma douleur, ma réaction instinctive a été de faire semblant que cela me plaisait. De l’encourager à me faire du mal.

C’est incompréhensible. Insensé.

À lire aussi : Comprendre la sidération, qui empêche de se débattre pendant un viol

Je n’ai pas su me défendre pendant cette relation sexuelle

Cet épisode que je comprends a posteriori me fait très peur, parce que cela correspond à un moment pendant lequel ma volonté s’était évanouie.

Parce que j’avais envie que cela se passe bien entre ce garçon qui me plaisait et moi, parce qu’il ne me laissait pas le toucher, pas bouger.

J’avais envie de coucher avec ce garçon, mais pas comme cela. Cela ne correspondait pas à la définition que je me faisais d’une relation sexuelle.

Mes attentes se sont heurtées à une réalité que je n’avais pas anticipée.

Alors que je suis sensibilisée à la question du consentement et des violences sexuelles, alors que je suis féministe, que je veux que ma sexualité soit libre et que j’en sois la seule maîtresse…

Quand je repense à cette soirée, je me revois dans une situation dans laquelle je n’ai pas su assez vite me défendre, me protéger.  Je n’ai pas su dire non immédiatement, peut-être parce que j’avais peur de le heurter.

Je n’en ai pas reparlé avec Antoine ensuite, donc je ne sais pas si c’est un genre de comportement qu’il a eu avec d’autres partenaires ou si c’était juste avec moi.

Peut-être que pour lui, c’est une pratique classique au cours d’une relation sexuelle ?

Avec du recul, je pense qu’on devrait tous et toutes apprendre à communiquer à son ou sa partenaire ce que l’on veut et ce que l’on ressent, et à lui demander en retour.

Finalement, on prend rarement le temps de parler avant de passer à l’action.

Aujourd’hui, je me demande carrément si j’ai le « droit » de me considérer comme une victime d’abus sexuel.

D’un côté il ne m’a pas demandé avant si j’étais consentante pour cette pratique, de l’autre il a arrêté dès que je le lui ai demandé, et a pu prendre mon plaisir simulé pour un consentement.

Alors, était-ce un « abus sexuel », ou simplement un mauvais coup ?

À lire aussi : La dernière fois que j’ai fait l’amour… ça m’a laissé un goût amer

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Les Commentaires

29
Avatar de Azala
24 avril 2019 à 19h04
Azala
Il est urgent de revoir la définition d'abus sexuel, a fortiori quand on explique à une personne que ce qu'elle a subi n'en était pas un.

En droit français, « constitue une agression sexuelle toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise. »

De manière générale j'ai beaucoup de mal à comprendre qu'on puisse penser pouvoir s'improviser juge ou conseillère en matière de violences sexuelles, question ou pas question à la fin de l'article.

Edit : citation supprimée à la demande de l'autrice.
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