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Les madmoiZelles nous parlent de leur relation avec leur famille

Les relations avec la famille ne sont pas toujours une mince affaire : pour la sortie de Noces, des madmoiZelles nous racontent comment elles considèrent leur famille, entre amour, rupture et adaptation.

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— Cet article a été publié dans le cadre d’un partenariat avec Jour2Fête. Conformément à notre Manifeste, on y a écrit ce qu’on voulait.

— Certains prénoms ont été modifiés.

Dans Noces, Zahira est pakistanaise à 100% mais est née et a grandi en Belgique. À dix-huit ans, elle est très proche de sa famille… jusqu’à ce que celle-ci lui impose un mariage forcé avec un Pakistanais qu’elle n’a jamais rencontré.

Elle se retrouve donc tiraillée entre le respect de la tradition et l’envie de vivre sa vie.

À l’occasion de la sortie de Noces le 22 février, des madmoiZelles nous ont parlé de leur relation avec leur famille, qui a souvent changé avec l’adolescence.

Des valeurs qui divergent

Ce changement de regard sur la famille est souvent arrivé au tournant de l’adolescence et des débuts de la vie adulte pour les madmoiZelles. Tina explique :

« J’ai une famille qui paraît assez idéale au premier abord et c’est ce que je ressentais petite : mes parents sont tolérants, ouverts d’esprit, progressistes. J’ai par ailleurs une grande famille au point de voir régulièrement des cousines de mon père et leurs enfants.

Sauf qu’à trop avoir admiré et protégé mes proches, j’ai occulté leurs défauts ou même simplement leurs différences de caractère avec moi pendant des années. Forcément, un jour, ça change.

Depuis, j’ai remarqué tous les travers possibles. Par exemple, je veux encore moins avoir des enfants quand je réalise que ma famille est d’une énorme hypocrisie.

Je ne veux pas non plus aller à des repas de famille lorsque je remarque qu’une personne qui a dit ce qu’elle pensait n’était plus invitée pendant quelque temps.

Combien d’autres ont été mis sous silence comme moi ?

Avant, j’adorais ma grande famille. Maintenant, je la vois comme une dentelle mitée, qu’on traite avec un briquet. »

Les relations familiales ont complètement changé pour Marie, qui a 17 ans et vit chez ses parents, le jour où elle a fait son coming-out :

« Nous n’avions jamais réellement parlé d’homosexualité avant, mais je pensais qu’ils étaient un minimum ouverts d’esprit. Je me suis trompée, ils l’ont très mal pris et ont eu des propos vraiment très blessants.

Je ne m’y attendais pas du tout, je pensais pas qu’ils étaient comme ça, aussi conservateurs. Mon frère au contraire l’a très bien pris, il m’a sorti un magnifique « ok, et alors ? » quand je lui ai annoncé — je l’aime pour ça. Ma sœur n’en sait rien.

On a jamais reparlé de ÇA (le mot qu’il ne faut pas prononcer, Satan !), j’ai trop peur qu’ils me jettent à la porte. Je préfère attendre d’avoir mon bac et mon appartement pour enfoncer le couteau dans la plaie.

Aujourd’hui j’ai donc envie de m’éloigner de mes parents qui m’étouffent un peu et avec qui je ne peux être réellement moi-même.

J’aimerais surtout qu’ils m’acceptent comme je suis et non comme la personne qu’ils voulaient que je sois, mais je pense que ça n’ira qu’en empirant. On verra. »

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Rompre avec sa famille

Quand les relations familiales ne vont en effet qu’en empirant, certaines madmoiZelles n’ont d’autre choix que de rompre les liens.

Une décision très difficile, mais qui s’impose comme la seule façon pour elles de vivre leur vie comme elles l’entendent. Alizée raconte :

« Je suis issue d’une famille nombreuse qui a toujours été très soudée, très impliquée dans les projets des uns et des autres.

On s’est souvent soutenus, on a avancé pendant des années dans le même sens, en suivant les projets de mes parents, à l’image d’une équipe, ou plutôt d’une entreprise comme se plaisait à dire mon père.

On était tous très proches, on vivait près les uns des autres, on se voyait tous les jours.

Et puis est venue la période où chacun grandit et fait de nouvelles rencontres… Et où ce noyau dur, cette équipe, doit accueillir des nouveaux membres : les compagnes et compagnons de chacun.

Pour ma part, c’est à partir de là que tout a basculé. »

Alizée fait une jolie rencontre, et présente son copain à sa famille. Sauf qu’il ne correspond pas à leurs attentes sur le plan professionnel, et que sa famille ne veut pas l’accueillir.

« Je me suis torturée pendant des jours. Et j’ai réalisé que je l’aimais profondément et que si pour ma famille il posait problème, pour moi il était tout ce que j’attendais.

Donc j’ai décidé de leur dire merde, à tous, à tous leurs jugements.

Parce que je n’ai pas choisi un associé pour la famille, mais bien quelqu’un que j’aime et qui m’apporte énormément. Et que je n’avais pas envie de bouder mon plaisir, de me rendre malheureuse pour eux.

Ma réaction a peut-être été violente ou radicale, mais j’avais besoin de ça. J’ai coupé les ponts entièrement. J’ai dit stop. »

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Un déchirement qu’elle ne regrette pas :

« La chose qui a aussi facilité mon choix, c’est que les liens du sang, pour moi, ça n’a jamais eu beaucoup d’importance dans le sens où une relation, quelle qu’elle soit, ça s’entretient.

Et après six mois de rupture familiale, le bilan est le suivant : je suis une femme épanouie, toujours avec mon copain, et nous lançons de grands projets ensemble, avec tout l’amour que nous avons l’un pour l’autre. Et je ne regrette pas d’avoir fait tout ça, parce qu’il fallait que je me protège. »

Sarah en a fait de même :

« Maintenant que je suis adulte, je n’hésite pas à couper les liens avec une personne de ma famille qui m’est trop néfaste, alors qu’avant je n’osais pas… Mine de rien, on est souvent enfermé•es dans une image oppressante des liens de sang. « Tu es ma fille » signifierait « tu dois m’aimer ». »

Il faut dire que les représentations traditionnelles de la famille ne sont pas toujours adaptées aux réalités de la vie des madmoiZelles, ce qui demande alors des réajustements.

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Des représentations de la famille à adapter

Élisa a une histoire familiale compliquée, qui l’a fait grandir loin de ses parents biologiques :

« Ma naissance s’est jouée sur fond de chantage. Si ma mère tombait enceinte, mon père arrêtait de boire. Neuf mois après cet accord, j’ai vu le jour, ma mère ne me supportait pas (elle n’a jamais aimé les enfants) et mon père… serez-vous surpris d’apprendre qu’il n’a jamais cessé de boire ?

D’ailleurs, moi, je ne les ai jamais appelés comme ça. Pour la simple et bonne raison que mes parents, ceux que j’appelle encore aujourd’hui papa et maman, ce sont les gens qui ont eu la bonté de m’accueillir chez eux, de me sortir d’un foyer qui n’en était pas vraiment un.

À lire aussi : J’ai été adoptée – Témoignage

Mon père biologique a longtemps fait partie de ma vie. Il me considérait comme sa fille, mais je ne le voyais pas comme mon père. Dans ma tête, tout était très clair, tout allait de soi, je ne me suis jamais posé de questions.

Pourtant, mon monde s’est écroulé en mai dernier, lorsque j’ai appris qu’il était mort. J’ai pleuré pendant des jours, sans même comprendre pourquoi.

Il ne faisait plus partie de ma vie, et pourtant c’était plus fort que moi : j’avais l’impression qu’une partie de mon être venait de se briser. Mais cela m’a permis de réaliser quelque chose : la famille, c’est rarement simple. »

Elle a retrouvé toute cette partie de sa famille biologique à l’enterrement, et tous ont été là pour elle.

« Les semaines qui ont suivi ont été épouvantables. Qui était de ma famille et qui ne l’était pas ?

Ma mère adoptive ne m’a pas facilité la tâche. Elle m’a reproché d’avoir honte d’eux, et j’avais l’impression que mes sentiments n’étaient pas légitimes.

Il m’a fallu la présence de mes amis, mais également de ma famille nouvellement retrouvée pour comprendre, et pour guérir : je n’aurai jamais de réponse aux questions que je me pose concernant mon père biologique, mais j’ai la chance d’avoir deux familles rien que pour moi.

D’un côté, ma famille adoptive, celle qui m’a accueillie, qui m’a élevée, qui m’a aimée.

De l’autre, ma famille biologique, celle qui me ressemble, celle dont on ne peut pas nier que j’en fais partie, mais surtout celle qui ne m’a jamais oubliée et qui, après tant d’années, a été là pour moi.

Et aujourd’hui, je suis heureuse de pouvoir dire que mes deux familles n’en font plus qu’une, ce qui constitue le plus beau des cadeaux que l’on pouvait me faire. »

Ces familles que les madmoiZelles chérissent sont ainsi souvent celles qui leur ont dispensé amour et confiance, avec lesquelles elles ont pu communiquer et qui continuent de les accompagner dans la vie qu’elles ont choisie.

À lire aussi : Parents et scolarité — Les madmoiZelles témoignent

Confiance et amour

Camille est une des madmoiZelles qui ont témoigné de l’amour régnant au sein de leur famille, qu’elles perçoivent comme un cercle d’épanouissement, mais aussi de refuge et de soutien :

« Je suis la dernière d’une famille de quatre enfants, deux garçons et deux filles.

Malgré l’important écart d’âge dû au fait que j’étais un accident, nous nous sommes toujours tous très bien entendus, certainement grâce à mes parents qui ne m’ont jamais donné l’impression d’être un poids, mais plutôt un cadeau.

Mes parents nous ont toujours accordé beaucoup d’attention tout au long de notre enfance, et plus particulièrement ma maman qui a arrêté son travail pour s’occuper de nous.

Pour autant, nous étions relativement libres de nos actions, tant que celles-ci respectaient le cadre autorisé : mes parents partaient du principe qu’ils nous faisaient confiance, et que seule une « trahison » de nos promesses pourrait les amener à nous sanctionner et à nous brider.

C’est cette confiance mutuelle qui, je pense, a été la base de nos excellentes relations d’aujourd’hui, tout comme l’importance qu’ils accordaient au dialogue et à l’écoute.

Mes parents m’ont toujours soutenue dans mes choix, même lorsque ceux-ci étaient variables, en me poussant à tout faire pour atteindre mes rêves.

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Cet amour de la famille est une véritable force lorsque l’un d’entre nous rencontre une difficulté : nous nous entraidons, avec des conseils, nous soutenons dans les moments les plus durs, nous encourageons lors des projets de chacun…

La gestion des conflits familiaux est très simple chez moi : on PARLE !

Pour que les différends ne s’enveniment pas et ne prennent pas des proportions irrattrapables, nous favorisons toujours le dialogue et le fait de se dire clairement et directement les choses. »

Cela a permis à la relation de Camille et sa famille de toujours plus se renforcer au cours du temps :

« La famille occupe une place primordiale dans ma vie.

Je n’envisage pas d’aller vivre et m’installer à l’autre bout du monde, car j’ai besoin de la voir régulièrement, de la sentir présente à mes côtés, et je sais qu’elle sera toujours là pour moi, quoi qu’il arrive (et réciproquement).

Les décisions importantes dans ma vie sont toujours prises après avoir concerté mes proches.

Au final, je prends ma décision seule, mais j’ai un besoin impératif de recueillir leurs avis dans un premier temps, car je sais qu’ils seront toujours de bons conseils ; ils n’essayeront pas de me brider mais de me pousser vers la meilleure direction possible pour que je sois heureuse.

Mes parents ont réussi à tisser des liens incroyablement forts au sein de la famille et pour cela, je leur serai toujours infiniment reconnaissante. Même dans les moments les plus durs, quelle chance de pouvoir compter sur un noyau familial aussi soudé… ! »

Pour d’autres madmoiZelles, cette relation s’étend jusqu’à leurs oncles et tantes, cousins et cousines, constituant un noyau familial grand et fort. Mais cette famille n’est pas toujours constituée des membres traditionnels.

Choisir sa famille

Léa s’est constituée une famille « saine » bien à elle :

« Aujourd’hui, j’ai 23 ans, et pour moi le mot « famille » n’est plus associé au sang. Ma famille est composée des gens que je choisis.

Mon père est mon papa, sa nouvelle femme est devenue une vraie mère pour moi, certains de mes amis sont comme frères et sœurs, mais la phrase « on est de la même famille », « c’est ta mère/ton frère quand même » ne vaut plus rien pour moi.

Le seul qui garde une vraie place dans ma vie, c’est mon père, notamment parce qu’on a surtout toujours été capables de discuter. »

Loin des idéaux de sa famille, Clémentine a elle aussi décidé de vivre avant tout sa vie pour elle-même, et comme elle l’entend, s’apercevant « que les liens de sang ne devaient pas définir mes attachements et ma promiscuité avec des personnes ».

Même pour Eléa, qui a une belle relation avec les membres « traditionnels » de sa famille, ce concept inclut des ami•es précieux•ses :

« Autour de moi, il n’y a pas que la famille avec laquelle je partage un bout de mon code génétique, il y a tous ces gens qui furent des amis et qui sont désormais indissociables de ce groupe que nous formons.

Et c’est dans ce sens que j’aimerais qu’elle évolue, elle a su le faire avant, pour ces amis ayant peu ou pas de famille, des amis qu’on aide en cas de besoin, à tel point que cette complicité fraternelle qui fait l’essence d’une famille, soit le mot d’ordre des personnes que nous aimons et que nous accueillons à bras ouvert. »

À lire aussi : Je préfère fêter Noël avec mes amis plutôt qu’avec ma famille

– Un grand merci à toutes les madmoiZelles qui ont témoigné !

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Les Commentaires

1
Avatar de Etp
23 février 2017 à 15h02
Etp
Contenu spoiler caché.
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