Le truc à la fois bien et naze avec Internet, c’est que tout le monde peut donner son avis. Parfois ça donne des trucs cool mais c’est un peu comme quand y a un pain surprise à table : c’est tellement jouissif que t’as du mal à t’arrêter.
Alors les trucs que tu gardes pour toi dans la vie, tu les sors à voix haute. Enfin plus ou moins vu que c’est écrit. Certain•es en profitent pour se battre pour des trucs qui leur tiennent à cœur.
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Parfois c’est cool, parce que ça permet de défendre des causes classes. Mais souvent, c’est surtout l’occasion de se battre pour des trucs moins classes, genre les goûts musicaux (vraiment, on est pas une meilleure personne parce qu’on n’écoute rien de trop connu) ou… la cuisine.
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Internet est blin-dé de recettes, de blogs, de gens passionnés (dont moi). Et forcément quand t’es passionné•e, tu tiens à ton truc, ça te tient à cœur.
Récemment, c’est le #CarbonaraGate qui a remué Internet, comme à peu près tous les six mois on dirait. Le site Démotivateur a récemment posté une recette rapide de one pot pasta façon carbonara (bon après, qu’on aime ou pas ce format de recettes est un autre débat), et le Web s’est enflammé plus vite qu’un torchon imbibé d’huile (d’olive mdr). Enfin, le Web… je devrais dire : les chevalier•es de la table ronde.
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Le truc est parti en pugilat, Barilla en est venue à se désolidariser du truc et Démotivateur a retiré la recette. DEMI-MESURE PARTOUT.
Les articles à base de « Voici la vraie recette, merci » ont poussé plus vite que des champignons après la pluie, offrant au passage une bonne occasion aux gens de se sentir mieux que les autres.
Ben ouais, en cuisinant les carbo « comme il faut », bravo les gars, vous êtes dans le club des gens cool, vous méprisiez sûrement les personnes portant de fausses Converse au lycée, well done !
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D’abord oui, je sais que si on met autre chose que les ingrédients officiels dans la carbonara c’est plus de la carbonara mais un plat différent qui devrait avoir un autre nom.
On a compris, vraiment pour ça faut pas s’inquiéter, il a suffi d’aller faire un tour sur les différentes réponses pour en être bien conscient•es, vraiment si les gens avaient pu le graver au fer rouge sur le visage de tout le monde ils se seraient pas emmerdés.
Mais au niveau des proportions, on fait quoi ? Enfin, qu’on soit pas d’accord je comprends bien, qu’on utilise une millionième fois l’excuse du droit à l’expression pour justifier sa condescendance je comprends moins.
Je vais pas aller jusqu’à dire « Wow dehors y a des enfants qui meurent de faim », parce que moi aussi j’ai des débats pourris parfois, mais au niveau des proportions on est sur du n’importe quoi !
Ce #CarbonaraGate, c’est seulement la partie visible de l’iceberg du traditionalisme en bouffe.
Manger, cuisiner, c’est censé réunir, faire kiffer, rendre heureux. Pas rabaisser le premier venu parce qu’il a pas cuit ses pâtes comme toi. Et au pire, si t’aimes pas trop comment le voisin coupe sa salade, personne ne t’oblige à goûter.
En faire une affaire personnelle et attacher du mépris à la cuisine, pour moi, c’est complètement absurde.
Comment j’imagine les gens en colère et méprisants pour des pâtes
C’est le même problème que les gens qui méprisent les autres parce qu’ils écoutent de la musique industrielle : c’est normal d’avoir des goûts différents, mais faire tout un caca parce que Jean-Michel Internet n’a pas cuisiné ses pâtes comme maman, ça me dépasse.
Si on laissait les gens kiffer au lieu de faire tout son possible pour que la personne soit bien consciente qu’à vos yeux, c’est une énorme merde ?
Si tout le monde décidait d’en rester aux traditions, je peux vous dire qu’on serait pas bien loin aujourd’hui. Prenez Massimo Bottura, grand chef italien qu’on peut voir dans la série Chef’s Table !
Au début de sa carrière, il a chié sur les traditions en servant les tortellinis par six. On lui a : démonté la gueule. Ça a fait un scandale de bâtard, il est devenu le gros maniaque de la cuisine, le traître à son pays.
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Mais ça, c’était avant de percer et de devenir l’un des plus grands chefs italiens, merci bonjour au revoir. Et des réussites qui sont parties d’un rejet des traditions y en a des tas et des tas. La tarte tatin, vous croyez qu’elle s’est faite comment ? EN TOMBANT PAR TERRE. C’était un raté les gars !
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Est-ce qu’on pourrait en manger aujourd’hui si à l’époque une cargaison de casse-couilles étaient venus dire « Alors déso mais c’est pas comme ça qu’on mange la tarte aux pommes les gars, c’est la pâte AVANT les pommes » ? NON.
Bref, si on foutait la paix aux gens ? Le principe de la bouffe c’est pas d’explorer ? De trouver de nouvelles manières de se nourrir ? Comme beaucoup de domaines, la gastronomie est un domaine qui évolue tout le temps. Et ce avec ou sans les aigri•es.
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Laisse mon assiette tranquille, je te forcerai jamais à manger mes « sacrilèges », aucun couteau sous la gorge dans l’histoire parce qu’on part vraiment sur une thématique de « chacun sa vie ». Jamais tu seras une meilleure personne parce que tu connais la vraie recette des carbonara, désolée hein, dans aucun monde !
En fait ça marche pour tout, ça a l’air évident comme ça pour moi mais c’est toujours cool de s’en souvenir. Bon ap’ !
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