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Les règles du participe passé vont-elles être simplifiées ?

La langue française, c’est compliqué. Surtout en termes d’accord de participes passés. Faut-il pour autant supprimer la règle ? Mathilde se questionne.

Il est des débats qui divisent les masses. Eau plate ou eau gazeuse ? Sorbet ou crème glacée ? La terre est-elle plate ou s’agit-il d’un mensonge franc-maçonnique ?

Bien sûr, ces interrogations n’ont pas lieu d’être : eau plate, crème glacée, et bien sûr que la terre est plate (non).

Un autre clivage ne devrait pas exister : celui qui nous fait douter de manière existentielle et métaphysique de comment nous sommes censé·es accorder les participes passés avec l’auxiliaire « avoir ».

Accorder le participe passé ou ne pas l’accorder, telle est la question

Le doute concernant cette règle grammaticale, d’apparence simple, touche ou a touché chacun·e d’entre nous.

J’ai beau avoir eu des cours de grammaire depuis la primaire, ce n’est qu’après 3 ans et demi d’études supérieures que je suis parvenue à comprendre comment elle fonctionnait. Et encore : pour les tournures les plus complexes, je continue à douter.

Depuis que je suis chez madmoiZelle, je suis souvent sollicitée pour des relectures ou des corrections, car mes collègues connaissent bien mon amour pour la langue française et la grammaire.

Et je vois bien combien, bordel de merde, c’est galère d’accorder correctement ces satanés participes.

Pour rappel, la règle est la suivante :

Employé avec l’auxiliaire « être », le participe passé s’accorde en genre et en nombre.

Avec l’auxiliaire « avoir », il s’accorde avec le C.O.D lorsque celui-ci le précède. Autrement, il ne s’accorde pas.

Il y a toutefois un bon gros nombre de nuances et exceptions, avec les verbes pronominaux, lorsque les participes sont suivis d’un attribut du complément d’objet direct qui précède aussi l’auxiliaire, suivi d’un infinitif, de « laissé », d’un infinitif sous-entendu, etc.

Tu peux retrouver l’intégralité de la règle sur le site Internet de l’Académie Française, qui contrairement à moi ne risque pas de faire d’erreur. Tes notes de français te remercieront.

Bon, soyons honnêtes, même si c’est un vrai casse-tête, j’aime ces exercices mentaux, et ma satisfaction lorsque j’accorde correctement, ou que l’une de mes collègues a compris comment s’y prendre pour le faire est comparable à un mini-orgasme (j’exagère à peine).

Mais je conçois que cette difficulté détériore le bien-être d’un bon nombre d’entre nous.

La Belgique souhaite supprimer la règle des accords du participe passé

Deux enseignants belges qui trouvent visiblement cette règle alambiquée (pourquoi ? ?), ont lancé un appel pour sa suppression.

Arnaud Hoedt et Jérôme Piron, sont soutenus par la fédération Wallonie-Bruxelles qui elle-même s’appuie sur « les avis du Conseil de la langue française et de la politique linguistique de la Fédération Wallonie-Bruxelles (CLFPL) et du Conseil international de la langue française (Cilf) », comme le raconte Libération dans son article.

L’idée est de simplifier cette règle qui de toutes manières embête TOUT LE MONDE.

Puis, au lieu de passer je ne sais combien d’heures à l’enseigner, l’expliquer, la ré-expliquer, la déterrer, la rabâcher, la clamer (bref, tu as compris), de dédier ces temps à une étude de la littérature, des figures de styles, ou d’autres questions de grammaire épineuses (tu connais la différence entre la locution verbale et la périphrase verbale ?).

Concrètement ? Une phrase comme : « Les fritofromage que j’ai mangées après le dernier Cinémadz m’ont donné envie d’y retourner. » s’écrirait à présent :

« Les fritofromage que j’ai mangé après le dernier Cinémadz m’ont donné envie d’y retourner. »

Faut-il simplifier les règles d’accord du participe passé ?

Mon avis quant à cette initiative est mitigé, et mon entourage à la rédac’ partage cette hésitation.

D’un côté, la tentation de la résistance est forte : « Ah non ! Après des années à galérer, et maintenant que j’ai enfin réussi à maîtriser cette règle, ils ne vont pas la changer ! » est une première réaction d’instinct. C’était avant même d’avoir réfléchi aux implications de cette modification.

Je sais que beaucoup de gens sont réfractaires à voir la langue évoluer, et cette idée risque de susciter selon moi les mêmes résistances que la « réforme de l’orthographe ».

Mais bon, si cela était appliqué, peut-être que des générations entières d’adultes en devenir cesseraient de souffrir de galères grammaticales !

À noter, que, toujours selon Libération, « une tolérance orthographique est prévue dans les textes depuis… 1975 », et les élèves ne sauraient être sanctionné·es pour une faute d’accord de participe passé après l’auxiliaire « avoir ».

En attendant, je vais continuer à accorder selon la règle, et à poursuivre mes collègues jusque dans leurs cauchemars pour leur rappeler la différence entre C.O.D et C.O.I. Car telle est ma passion !

Et toi, t’en dis quoi ?

À lire aussi : Pourquoi la réforme de l’orthographe est une bonne chose pour la langue française ?


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Les Commentaires

43
Avatar de Morpheme
11 septembre 2018 à 07h09
Morpheme
Alors pourquoi ? Pourquoi être aussi offusqué ? parce qu'on ne pourra plus taper sur les autres en se rappelant à quel point on est intelligent, à quel point nous on a appris tout ça, à quel point notre cerveau il est énoooorme.
On va devoir tabler notre confiance en nous sur autre chose. c'est très très bête.

C'est exactement ca, et c'est pour ca que ca sert à rien de s'époumoner à répéter que l'orthographe EST UNE INVENTION, qu'une langue est UN FAIT SOCIAL et que c'est logiquement IMPOSSIBLE DE NE PAS MAITRISER SA PROPRE LANGUE, parce que tant que les gens sont animés par ce désir de garder cette idée d'eux-mêmes (et le privilège de rabaisser les autres) ils ne seront jamais en mesure de vraiment l'entendre
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