Article rédigé par Charline Vergne
Vous êtes peut-être de celles qui, ces derniers temps, ont attendu fébrilement l’arrivée de leurs règles, de peur d’avoir mal et de ne pas pouvoir vous soulager avec des anti-inflammatoires.
D’ordinaire, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont recommandés pour venir à bout des dysménorrhées (les douleurs pelviennes, médianes ou bilatérales, qui accompagnent les règles, NDLR), mais à l’arrivée de la crise sanitaire ils ont été associés à une aggravation des symptômes du Covid-19.
Début septembre, une étude danoise est venue contredire cette mesure de précaution.
Pour en avoir le cœur net, on a interrogé Danielle Hassoun et Félicia Joinau-Zoulovits (gynécologues-obstétriciennes) et Martin Winckler, médecin féministe et auteur du livre C’est mon corps publié aux éditions Broché.
Spoiler alert : si les AINS vous soulagent, continuez sans crainte.
Les anti-inflammatoires ne seraient pas un facteur aggravant
« La prise d’un anti-inflammatoire ne modifie pas l’évolution de la maladie, qui est liée à la situation immunitaire du patient », relate Martin Winckler.
« La France a fait partie des rares pays à interdire de façon arbitraire leur utilisation, après une simple étude observationnelle »,
renchérit Félicia Joinau-Zoulovits. « On était dans le flou, des mesures de précaution excessives ont été prises. »
Dès cet été, les services gynécologiques en ont administré de nouveau, mais elle déplore une absence de rectification officielle. « On sait qu’ils sont importants dans la prise en charge des dysménorrhées. »
La douleur s’explique par la production en grande quantité de l’adorable – pas du tout – hormone qui répond au doux nom de prostaglandine, et provoque les contractions utérines. Grâce à la molécule des AINS, la production de cette b*tch – pardon – est inhibée.
Science ou placebo ?
Quid des antispasmodiques ? « Aucune étude n’a prouvé leur efficacité face aux dysménorrhées », éclaire Danielle Hassoun. Mais effet placebo ne veut pas dire inutilité.
« C’est la capacité de l’individu à aller mieux : tous les symptômes sont amplifiés ou diminués par notre cerveau », résume Martin Winckler.
Comme lorsque, blotties devant une série, on oublie que nos organes proposent un remake de Shining, avec la bien-aimée – toujours pas – Prostaglandine qui vole la vedette à Nicholson. (Vous savez de quoi je parle…)
Bref, si vous êtes réceptive, prenez-en. « Mais seuls l’ibuprofène, la pilule en continu, le stérilet hormonal, et l’aspirine, si la patiente ne souffre pas de troubles de la coagulation, ont démontré leur efficacité », conclut-il.
Stimuler la peau
Qui n’a jamais diminué l’intensité d’une douleur en frottant dessus ? Face aux dysménorrhées, il y a l’électrothérapie. « Le TENS stimule la peau et parasite le signal douloureux. Les contractions continuent mais ne sont plus perçues par le cerveau », analyse le Dr Winckler.
Et – Ô joie – il existe des appareils amovibles et légers, à emporter partout ! Moins onéreux : les bouillottes sur le bas-ventre.
Les douleurs qui alertent
Souffrir de dysménorrhées ne signifie pas forcément être atteinte d’endométriose.
C’est la durée des douleurs après la fin des saignements qui est caractéristique. « Les crampes sont finies mais les foyers inflammatoires sont toujours là », observe Martin Winckler.
Si la souffrance vous handicape, n’hésitez pas à consulter et à choisir l’option qui vous convient le mieux.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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