Y a un souvent une expression qui revient, quand quelqu’un change de boulot, quand quelqu’un connaît la fin d’une relation amoureuse, quand quelqu’un abandonne ses études pour en faire d’autres ou pour faire autre chose : « reprendre à zéro ».
Je vais te dire, y’a pas grand chose que j’aime pas, dans la vie. Même les brocolis vapeur, manger un yaourt nature et enfiler des chaussettes, je peux pas dire que j’aime pas. Ça me rend pas folle de joie, comme activité, mais je peux pas dire que j’aime pas. Pourtant, cette expression, je l’avoue : elle m’emmerde. Je la trouve complexante et surtout, potentiellement paralysante.
Ça fait flipper, de reprendre à zéro, de tout recommencer du début. Enfin, pas tout le monde. Il y a des gens qui trouvent ça stimulant. Si tu es de ceux-là, bon, ptet que cette chronique va autant te parler que j’ai d’affinités avec Nadine Morano (et je n’aime pas le bricolage, je ne danse presque jamais en soirée et je vote à gauche alors c’est pour te dire).
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La précieuse expérience acquise
Pour les autres, celles qui, parmi vous, auraient bien envie finalement, de faire d’autres études, ou de tenter de faire un autre métier, ou de, peut-être, remettre un peu en question leur vie amoureuse actuelle mais que l’idée de faire table rase de tout et de recommencer à zéro effraie, j’ai une bonne nouvelle à leur annoncer : on ne recommence jamais à zéro.
Parce que, quel que soit le domaine, on a chopé un truc précieux en chemin (précieux ≠ une IST, hein. Qu’on soit bien d’accord. Je suis du genre optimiste mais j’ai mes limites).
On ne recommence jamais de zéro, parce qu’on a FORCÉMENT acquis de l’expérience. Ça paraît con, dit comme ça, mais ça a son importance, parce que ça pète au nez des obstacles qu’on pourrait se mettre avant de prendre une décision de changement important.
À la fin de ma première année à la fac, je m’étais bien rendue compte que j’avais fait une connerie : je DÉTESTAIS ce que je faisais. Le jour des résultats, quand j’ai vu que j’avais eu mon année et que je passais en L2, y avait deux moi : la soulagée qui n’allait pas décevoir ses parents, et la dégoûtée de n’avoir soit-disant aucune excuse pour recommencer d’autres études dans un autre domaine.
C’était drôlement bête : je n’avais besoin d’aucune excuse, j’aurais tout à fait pu oser changer de filière, et reprendre une autre formation de zéro, avec en plus de ma motivation la connaissance de ce à quoi ressemble l’enseignement supérieur + le luxe de savoir que je ne voulais pas faire celle que j’avais testé un an. Il était encore temps. Il est toujours temps, si on le veut vraiment.
Changer de voie ≠ sauter dans le vide sans parachute
J’ai pensé à cette expression, reprendre à zéro, parce que je l’ai pas mal utilisée ces derniers temps, en changeant de voie et en ne voulant plus seulement être chroniqueuse, mais aussi et surtout auteure et comédienne.
Là où j’avais acquis une sorte de début de considération qui aurait rendu relativement facile mon après, je me lance dans une nouvelle aventure où j’ai tout à prouver, où je passe moult castings, même pour des trucs pas payés, et où je me prends quelques bons gros râteaux.
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D’une certaine façon, oui, je repars de zéro. Ça pourrait être déprimant, et dévastateur pour l’égo (et j’vais pas te mentir, je fais pas toutes les heures de tous les jours la maligne), mais tout ce que j’ai vécu avant, dans ma vie professionnelle, m’a armée à vivre ça du mieux possible.
Moi quand j’ai décidé d’assumer mes nouveaux objectifs professionnels.
Pour le coup, le milieu où j’ai évolué quatre ans et celui dans lequel je veux évoluer aujourd’hui ne sont pas totalement aux antipodes. Mais imaginons que tu sois ingénieure en agronomie et que tu décides de reprendre des études en psychologie… C’est pareil. Ce que je dis marche aussi. L’expérience pratique, s’acquit au fil des années, en exerçant, et on apprend tous les jours, quel que soit son métier, dès qu’on le commence.
L’apprentissage de tous les jours et l’apprentissage tout court
Mais l’expérience du milieu du travail/de la scolarité, du fait de travailler, de réviser de voir son job jugé, ça s’apprend dès le début de la vie active et étudiante et ça ne s’oublie pas. Et plus encore, l’expérience de soi dans le milieu du travail ou dans le monde de l’enseignement est ouffement précieuse.
Par exemple, ce n’est pas en bossant chez madmoiZelle, en y écrivant des chroniques, que j’aurais pu apprendre à, j’sais pas, rire sur commande ou passer des castings. Mais j’ai appris plein d’autres trucs qui me sont et me seront putain d’utile pour toujours.
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J’ai appris à travailler beaucoup, j’ai fait des gros bides qui m’ont permis de renforcer mon mental, j’ai eu des succès qui m’ont fait comprendre que je n’étais pas la moitié d’un con, j’ai appris à ne pas dramatiser les moments down et à ne pas me penser hors de portée de la lose pendant les moments super.
Mes expériences professionnelles du passé m’ont aussi appris à ne voir les échecs que pour ce qu’ils sont : le marqueur dans le temps qui fait qu’au moment M où je me suis présentée à des personnes T, je n’étais pas l’individu I qu’il leur fallait. Ce n’est en aucun cas une fatalité. Jamais.
On ne redémarre jamais à zéro, parce qu’on démarre quelque chose grandie d’avoir démarré quelque chose avant.
Je ne suis pas en train de dire qu’on devrait changer d’orientation ou de métier toutes les trois semaines sans trop y réfléchir tellement la vie c’est détendu du cul. Je dis juste que, si on le désire très fort, si on a en nous un projet super enthousiasmant, ou si on est vraiment pas bien du tout dans son cursus ou son métier actuel, c’est pas anecdotique.
C’est important d’apprendre à s’écouter, et de se rassurer en se disant qu’épreuve après épreuve, expérience après expérience, on prend de la bouteille.
Et que cette bouteille fait de nous chaque fois quelqu’un de mieux armé pour les expériences futures.
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