Les séries cultes ne le sont pas pour rien : elles nous font (ou nous ont fait) vibrer, elles nous ont rendu-e-s totalement accro, elles ont rythmé nos moments de loisirs pendant plusieurs années… Un bien bel art que celui du programme télévisuel, si je puis me permettre de jeter une caillou dans l’océan !
Si on les a autant aimées, c’est pour un tout : les acteurs et actrices, les scénaristes, l’équipe, et bien sûr le réalisateur ou la réalisatrice… Mais tiens, tant qu’on parle d’eux : imaginons un peu qu’ils aient été échangés avec d’autres. Imagine si un épisode entier de ta série préférée avait été réalisé par un-e cinéaste à l’univers totalement différent, juste pour une fois, pour la forme, pour faire un peu vriller ton cerveau.
Je sais pas si t’aimerais bien, mais moi si. J’aimerais beaucoup. Alors imaginons ensemble à quoi ressemblerait un épisode d’une série culte réalisé par un cinéaste venu d’ailleurs !
Malcolm, par David Lynch
Malcolm, c’est drôle. Y a pas beaucoup de séries dans le monde qui m’ont plus fait rire. J’en aime tous les personnages. Ils sont tellement absurdes et attachants à la fois que j’ai toujours envie d’être leur cousine quand je tombe sur la rediffusion d’un épisode.
À lire aussi : Malcolm, la meilleure sitcom, est de retour sur W9 !
Malheureusement, je ne peux pas être leur cousine, il faut bien se rendre à l’évidence. Je l’ai compris très vite et cette frustration m’a rendue triste. Du coup, il fallait que je me soigne. Il fallait absolument que je trouve un moyen d’arrêter d’attendre que l’impossible se produise.
J’ai trouvé.
L’univers de Malcolm est absurde, mais accueillant et compréhensible. Qu’est-ce qui est absurde, mais dans le sens où tu n’as PAS envie d’y aller (enfin toi je sais pas mais moi en fait, non, parce que j’aime bien comprendre deux ou trois trucs dans ma vie) ? Les films de David Lynch. Parce qu’ils m’intriguent tellement qu’ils en finissent par me faire trembler les genoux.
Imaginons un peu le synopsis d’un épisode qui mélangerait ces deux univers :
Hal décide d’emmener Malcolm et Dewey pêcher au lac, sur une petite barque. Tout se déroule pour le mieux et le trio passe un excellent moment, rythmé cependant par les gémissements du plus jeune des enfants qui a une forte envie d’uriner et s’en plaint constamment. Cependant, Hal et Malcolm décident de ne plus y prêter attention après lui avoir patiemment répété une bonne dizaine de fois de se soulager dans l’eau.
Alors qu’ils sont en pleine discussion, le père et le cadet réalisent qu’ils n’entendent plus les cris de l’enfant, et pour cause : il est introuvable. Aucun bruit de chute dans l’eau, aucune trace de lui, aucune bulle d’air à la surface. Qu’est-il arrivé à Dewey ? Pourquoi trouvent-ils un orteil en décomposition à sa place ? Et quelle est la force inerte qui leur empêche d’avancer la barque pour retrouver la rive ?
Depuis combien de temps sont-ils là ? Dewey a-t-il existé un jour ? Et eux : existent-ils vraiment ?
Violetta, par Wes Craven
Cette série, c’est LE phénomène du moment chez les enfants et pré-ados : l’histoire de Violetta, une jeune fille de Buenos Aires surprotégée par son père, dont le rêve et de devenir chanteuse (comme sa mère, décédée en pleine gloire). Elle étudie pour ce faire au Studio 21, fricotant de ci, créant du drama de là, pleurant en masse… ce genre de trucs que Disney Channel aime mettre à l’écran, quoi.
Un seul extrait, et mon énergie est dépeuplée (indice : Violetta, c’est celle qui geint et qui pleure) :
À lire aussi : « Violetta » : voyage au pays du marketing pour jeunes
Wes Craven, lui, a réalisé Scream, les Freddy, La Colline a des yeux (la version de 1977) et bien d’autres films d’horreur mythiques. J’aimerais le voir prendre les commandes d’un épisode de Violetta. Pas que je souhaite franchement en voir ses personnages souffrir (tu penses bien), mais surtout parce qu’une école des arts de la scène est l’endroit rêvée pour une petite intrigue bien sanglante !
Ça marcherait parfaitement, avec tout le monde qui veut devenir célèbre et surpasser les autres. Imagine un peu…
Violetta est au téléphone dans sa chambre rose et violette, avec sa meilleure amie. Elle parle fort et glousse en racontant qu’elle a croisé l’homme de sa vie en attendant son taxi. Elle rit. Elle soupire. Elle regarde vers le ciel en se mordillant la lèvre. Violetta a 16 ans et ça se sent.
Elle raccroche, puis reçoit un nouveau coup de fil. C’est le directeur du Studio 21, pour lequel elle a passé des auditions, lui annonçant qu’elle a été sélectionnée. Elle est aux anges, et crie beaucoup… beaucoup trop pour entendre le ton inquiétant dans la voix du directeur, dont le spectateur ne voit que la bouche parlant dans le combiné.
Couvée par son père, elle choisit de ne pas annoncer à celui-ci qu’elle ne va pas retourner dans son lycée traditionnel le jour de la rentrée. Elle est totalement surexcitée en découvrant l’établissement tout en couleurs où raisonnent des chansons pop, en croisant ses nouveaux camarades tous plus charismatiques les uns que les autres… Et ne s’aperçoit donc pas que ceux-là même la regardent d’un oeil intéressé.
Car le Studio 21 est en réalité un établissement où les gens payent pour torturer et tuer à petit feu, au long d’une année scolaire, les personnes de leur choix, à qui ils font passer un casting.
Violetta regrettera vite d’avoir menti à son géniteur.
24h Chrono par Sofia Coppola
Dans 24, tout va super vite. Y a de l’action tout le temps, et pas beaucoup de temps morts. Les dialogues sont dignes de n’importe quel film comportant des explosions, avec des méchants qui parlent d’une grosse voix et de courageux héros qui plissent les yeux et sont prêts à tout pour faire régner le bien sur le monde et sauver leur famille. Tout le monde sue et n’est pas forcément mis à son avantage.
Tout le contraire, donc, de l’oeuvre de Sofia Coppola et de ce qui fait sa reconnaissance dans le monde du cinéma et le coeur de ses fans. Son style à elle est bien plus épuré, bien plus lent, beaucoup plus contemplatif.
À lire aussi : Virgin Suicides et sa moiteur lascive — Du livre à l’écran
J’imagine le pitch suivant :
Minuit. Jack Bauer, employé dans une section antiterroriste, est dans la cuisine. Il regarde par la fenêtre, et soupire. La contemplation dure trois minutes.
Soudain, il entend un bruit de porte qui se ferme. C’est sa femme, qui est montée dans sa voiture et quitte la maison pour un temps indéterminé (la nuit ? La semaine ? Toujours ?) après une énième dispute. Jack est au plus mal depuis que leur relation part à vau-l’eau, depuis son incartade sexuelle avec une collègue. Il se ressert un verre de vin, sans quitter la fenêtre des yeux. Les phares arrière disparaissent à l’angle de la rue.
Le téléphone sonne. À l’autre bout du fil, le patron de Jack, tentant de le joindre car l’heure est à la panique : une grave menace d’attentat plane sur le sénateur David Palmer. Jack ne décroche pas. Il fronce vaguement les sourcils, agacé par le bruit strident.
Il s’installe à un coin de table, où se trouvent déjà une feuille et un stylo, et commence à rédiger sa lettre de démission.
En fond, le téléphone continue de sonner.
À ton tour : imagine des épisodes de série dans un style totalement différent du leur. Celle qui aura le plus de big-ups gagnera le droit de se mettre un doigt dans le nombril !
Les Commentaires