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Cinéma

Pourquoi l’annonce du futur agent 007 fait-elle bondir les cons ?

Les temps changent. L’heure du progrès a sonné. Dans le prochain volet de la saga James Bond, l’agent 007 sera Lashana Lynch, une actrice noire. Une excellente nouvelle que s’empressent bien sûr d’abîmer des individus d’un autre temps.

Tandis qu’Outre-Atlantique Trump crie à la fraude, voyant ses chances d’être reconduit pour un second mandat s’amincir, d’autres crient, pour un choix de casting, à l’infamie.

En cause ? Ce bon vieil agent 007 ne sera bientôt plus un tas de testostérone moulé dans un costume trois-pièces mais bien… une femme. 

L’outrage ne s’arrête pas là. Cette femme sera noire !

Imaginez un peu l’affront.

Qui campera désormais l’agent 007 ?

Le bruit courait depuis une bonne année.

Cette rumeur n’en est aujourd’hui plus une puisque l’actrice Lashana Lynch, introduite dans la saga par le volet No Time To Die, a confirmé au magazine Harper’s Bazaar qu’elle incarnerait bien l’agent 007 dans le futur opus de la saga James Bond, pendant l’exil de celui-ci.

Elle ne remplacera donc pas le personnage de James Bond, contrairement à ce qu’on peut lire partout sur la Toile, mais seulement sa fonction au sein du MI-6 sous le blase 007.

Exit les biscottos de Daniel Craig, le regard à demi-clos de Pierce Brosnan, le rictus moqueur de Sean Connery, mais plus important encore : exit la misogynie inhérente au personnage de l’agent 007.

Quelles sont les caractéristiques empiriques de l’agent 007 ?

Personnage fictif pensé par le romancier Ian Fleming, 007 est un agent secret hyper balèze auquel pas même la pire des machinations ne résiste.

Il bosse pour le MI-6, le service de renseignements extérieurs du Royaume-Uni, dont il est l’une des figures de proues malgré ses nombreux déboires.

Ce personnage, auquel l’Angleterre est attachée au point de mal supporter les difficultés actuelles du film à sortir au cinéma en raison de le Covid — et on la comprend — a été interprété par six acteurs :  Sean Connery, George Lazenby, Roger Moore, Timothy Dalton, Pierce Brosnan et Daniel Craig.

Chacun a son petit préféré, celui qui pour lui incarne le mieux la vibe 007. Ce bon vieux charmeur à l’Anglaise qui laisse des effluves de Martini dans le lit de chaque femme qui croise sa route.

Si de ces six acteurs, on aime établir des classements, dont Sean Connery ressort souvent gagnant, tous ces performeurs ont toutefois des points communs : ils sont des hommes. Des hommes blancs. 

Jamais un homme noir n’a eu accès au rôle tant convoité d’agent 007.

Et si tous ces acteurs ont des caractéristiques distinctes non-négligeables, le personnage qu’ils interprètent est demeuré le même, à quelques évolutions près, de bout en bout de la saga.

Il est resté un agent très doué pour l’exercice de ses fonctions, ainsi qu’un charmeur devant l’éternel.

Comprenez par là que d’un seul regard il conquiert les femmes, avant de s’en servir, si ne n’est pour son enquête, au moins pour s’éclater au plumard quelques heures, avant de les jeter à tout jamais.

Des changements qui ont du mal à passer

Bien sûr, il y a quelques exceptions à la règle. On se rappelle tous de l’idylle entre l’agent et Vesper Lynd dans Casino Royale, qui a laissé une vraie empreinte dans le cœur de notre célibataire endurci.

Mais de manière générale, l’agent 007 a toute la panoplie du fuckboy à l’ancienne, incapable de traiter les femmes autrement que comme de simples paires de loches.

Et comme le monde actuel est encore bien attaché à ses valeurs misogynes et patriarcales, il est pour beaucoup difficile de concevoir qu’on touche à un seul des cheveux de la version empirique de l’agent 007.

 Alors imaginez qu’on ne change pas seulement son genre mais aussi sa couleur. 

Voilà. Imaginez désormais comment réagit une partie d’Internet et de nos fascistes

penseurs actuels.

L’annonce d’une femme noire dans le rôle de 007 fait frémir les médias français de droite

Bien sûr, il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que l’annonce de ce choix de casting et, derrière, d’idéologie, fasse trembler les fans du fuckboy à gros gun.

Valeurs Actuelles, un magazine français très à droite de l’échiquier politique, est comme à l’ordinaire bien ancré dans ses pompes très 1950 et écrit un long article retraçant les origines de l’agent 007, un homme anglais blanc et précise :

« À Hollywood, le politiquement correct ne serait pas si délétère s’il ne se propageait pas sans arrêt dans ses créations cinématographiques. »

Pour ces messieurs, le choix d’une actrice noire relève donc du politiquement correct, non d’une évolution volontariste et engagée de la production.

Pourtant, derrière une telle évolution se cachent plusieurs personnalités engagées du cinéma, dont la réalisatrice et actrice progressiste Phoebe Waller-Bridge, maintes fois encensées pour sa série crue et féministe Fleabag.

Celle-ci a expliqué :

« La franchise doit juste grandir. Elle doit évoluer et l’important est que le film traite correctement les femmes. […] Bond est toujours Bond mais il doit apprendre à gérer le monde de #MeToo. »

En tant que scénariste de ce volet en préparation, l’artiste de 35 ans aux multiples casquettes est donc l’une des plumes par qui le changement opèrera, pour le mieux.

Pour en finir avec l’archaïsme de certains médias français, nous nous contenterons d’envoyer un baiser moqueur à l’intention d’Eric Zemmour, qui dans une tribune parue sur Le Figaro écrit :

«  Sean Connery, disparu la semaine dernière à l’âge de 90 ans, a eu la chance d’incarner le héros dans une époque aujourd’hui disparue. Une époque où la virilité n’était pas dénigrée, ostracisée, diabolisée, pénalisée. Une époque où un séducteur, « un homme qui aimait les femmes », n’était pas considéré comme un violeur en puissance. Une époque où la beauté des femmes n’était pas la preuve de leur aliénation au patriarcat. »

Aïe, aïe, aïe, ça doit lui faire mal aux couilles, à notre Eric national, qu’une femme noire enfile le costume de son idole de masculinité toxique.

L’annonce d’une femme noire dans le rôle de James Bond déplaît aux cons de Twitter

Les commentaires suivants en disent long sur le pain qu’il nous reste sur la planche…

https://twitter.com/fredeco/status/1324424856511909888

https://twitter.com/talonaiguille19/status/1324342176827035657

https://twitter.com/jojocoelhinho/status/1324645125184774144

Rien de très nouveau sous le soleil, vous nous direz.

Il est vrai qu’à chaque fois qu’une saga décide de laisser une place aux femmes, et aux femmes racisées, elle est immédiatement fustigée, avant même visionnage, par une quantité astronomique de masculinistes en culottes courtes.

On se souvient tristement des commentaires insultants et d’un racisme affiché qui avaient suivi l’annonce du casting féminin et en partie racisée de Ghostbusters.

On se rappelle également du tollé qu’Idris Elba s’est pris dans la gueule lorsque la rumeur courait que Sony envisageait de lui confier le rôle de James Bond. 

Il confiait alors à Vanity Fair :

« Vous êtes découragé quand des gens disent que ça ne peut pas être vous et que c’est à cause de votre couleur de peau. »

Mais force est de constater que l’actualité donne tort aux cons, et raison au progrès puisque, n’en déplaise à une frange de notre monde, Joe Biden est pour l’instant en tête des sondages des élections américaines, et que l’agent 007 sera bien une femme noire.

Miskine Eric Zemmour…

À lire aussi : 6 films et séries qui se payent l’Amérique de Donald Trump


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Les Commentaires

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Avatar de Choco1
11 novembre 2020 à 14h11
Choco1
Moui... si tout le monde sur le forum est d'accord pour que les œuvres (film, romans etc.) incluent des personnages plus diversifiés, personne ne parvient à se mettre d'accord sur le sort qu'il faudrait réserver aux franchises qui véhiculent des idées d'un autre âge (comme James Bond).

À mon humble avis, il faudrait juste les laisser tomber et créer de nouvelles fictions avec de nouveaux personnages. (=Laisser le passé mourir plutôt que de s'accrocher à des vieilles histoires). Mais force est de constater que pour des raisons économiques, on préfère dénaturer les personnages nauséabonds de franchises connues (i.e. qui rapportent des sous) plutôt que de créer de nouvelles histoires en accord avec les valeurs de 2020
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