J’ai installé Tinder il y a dix jours, au sortir d’une rupture douloureuse, après avoir regardé toutes les nouveautés du catalogue Amazon Prime.
Je n’avais jamais été sur une appli de rencontres auparavant, ayant toujours préféré flirter en soirées ou draguer des amis d’amis.
Ça m’avait toujours réussi, d’ailleurs ! J’ai donc passé ma vie à sauter de couple sérieux en couple sérieux, avec quand même quelques beaux et bons plans cul dans l’intervalle.
Tinder, l’appel de la facilité
Mais cette année, quelque chose dans la facilité de Tinder m’a d’un coup paru absolument indispensable à tester.
J’ai donc téléchargé l’application, excitée comme une gamine qui ouvre son cadeau de Noël.
J’ai créé mon profil en mettant des photos avantageuses mais pas trop, pour être certaine que mes prétendants ne soient pas déçus quand arriverait l’heure du verre.
En quelques secondes, j’ai un premier match avec un beau blond, surfeur évidemment, comme 60% des mecs sur Tinder d’après leur photos.
Je lui parle 2 minutes avant de me rendre compte qu’il est ultra malpoli en plus de faire 3 fautes d’orthographe par ligne.
Je sais, c’est une raison un peu nulle de nexter quelqu’un, mais j’estime avoir le droit d’être quand même un peu exigeante, même si c’est pour ken.
Finalement, je swipe plein de mecs à droite, avant d’aller me pieuter, en décidant d’attendre le lendemain pour déballer le reste de mes cadeaux.
Le mercredi, à 7h30, avant même d’avaler un café trop sucré, j’ouvre le paquet de bonbons.
J’ai plein de matchs, mon ego est reboosté à fond.
L’envie de multiplier les rencontres
Parmi tous les mecs, je dois faire un léger tri. Ce qui compte pour moi, c’est la répartie. Alors, je discute avec les mecs qui ont démarré la conversation par une super punchline.
C’est comme ça que je choisis Nathan, un très beau mec, ultra-stylé, plutôt cynique, sportif, avec un humour bien acéré, que je rencontre le soir même.
Autour d’une bouteille de vin et de petits plats délicieux, on rit beaucoup, et on se plaît tout de suite.
L’expérience me gargarise au point de me donner envie de multiplier les rencontres. Parce que si j’avais eu le nez creux pour choisir Nathan, un bel avenir de drague s’offrait sans doute à moi. !
Je fais le tri dans mes envies, et décide de tester une expérience inédite pour moi : un homme plus âgé.
Je ne sors qu’avec des mecs de mon âge (23 ans) depuis que j’ai débuté ma vie amoureuse, il y a 6 ans.
Mais j’ai toujours eu envie de coucher avec un beau mec d’une quarantaine d’années, en mode James Bond, le gros gun bien rangé dans son pantalon à pinces…
À la recherche de mon James Bond sur Tinder
Alors je modifie ma recherche Tinder pour cibler ma recherche sur des hommes « mûrs ». Je suis prête à aller jusqu’à 50 piges.
Je me sens frétiller de partout à l’idée de pouvoir réaliser mon fantasme.
Je fais du baby-sitting depuis quelques années, à Bordeaux, et j’espère secrètement tomber sur un des hommes que j’ai croisés au sortir de l’école primaire.
Bref, je finis par craquer sur le profil de Yann, 44 ans, grand et costaud, grisonnant, charmant, bref, mon fantasme.
Je swipe à droite. Quelques secondes plus tard, c’est le match. Je suis SUREXCITÉE.
On discute 10 minutes, et finalement je déchante un peu. Il n’est pas très marrant ni très joueur, alors que je suis clairement en train de l’allumer par messages.
Je lui propose un verre chez moi le soir même, sans trop de détours, et lui file mon adresse.
Celle-ci l’arrange bof car je suis en banlieue de Bordeaux et qu’il n’est pas véhiculé. À la place, il propose un verre en plein centre-ville.
Il n’a pas l’air de comprendre que je suis plus intéressée par une séance de sexe intense que par des blablas autour d’une bière.
M’enfin, s’il faut passer par là pour mettre le beau Yann dans mon lit, qu’il en soit ainsi.
Un début de rendez-vous Tinder… surprenant
À 20h, un peu stressée, je prends le tram en essayant de calmer le brouhaha qui fait rage dans ma tête.
J’ai un mauvais pressentiment. Yann n’a l’air ni ultra-fun ni ultra-intéressé par le cul.
En plus, étant nouvelle dans le monde du dating, je ne connais pas les codes pour se tirer d’un rencard qui ne nous plaît pas.
Je me calme un peu en arrivant devant le restaurant qu’il a choisi, dans une cour mignonne, en le voyant assis à me sourire.
Il a l’air charmant.
Je m’installe, lui lance un regard chaud comme la braise et agite mes grands cheveux blonds dans tous les sens pour éveiller ses sens.
C’est un échec cuisant. Il lit la carte et commence à bavasser sur l’origine des spécialités de la région.
Je frôle sa main en prenant la carte, ce qui ne lui fait ni chaud ni froid.
Ok, on est donc peut-être sur une personne timide.
Je prends ça comme un défi. Dans 3h, il est dans mon lit, et il va me le montrer, son gun de super espion !
Très vite, je comprends pourtant que nous ne sommes pas sur la même longueur d’ondes.
Yann est TRÈS bavard. Il ne s’arrête jamais de parler, surtout pas quand il s’agit de lui. J’essaie de caser quelques infos sur moi, mes envies, mes études, etc., mais il n’en a que faire.
Yann, l’homme le plus bavard du monde
Après les premières bières, il recommande une bouteille de vin, sans me consulter. Merde, je suis donc coincée ici pendant au moins encore 1h, sans possibilité de couper court à la conversation ?
1h45 plus tard, Yann a toujours la langue bien pendue. Il ne s’arrête jamais et je n’arrive plus à masquer mon ennui.
Je finis par lui jeter un sec : « on finit ce verre et on va chez toi ?
».
Pour la première fois, il m’envoie un regard plein de sous-entendus et répond par la positive.
Il paye toute l’addition et on se casse. Dans le tram, je lui fais les yeux doux, pendant qu’il continue à me raconter sa life d’entrepreneur. Ça fait bien 50 minutes que j’ai arrêté d’écouter ses palabres et pense au sexe torride qui m’attend.
Une fois chez lui, j’ôte mon manteau, et fais de même avec mon gros pull, pour lui laisser voir mon chemisier noir et transparent. Je croise les jambes et les allonge pour qu’il puisse voir le haut de mes bas (j’ai sorti l’artillerie lourde).
Je le regarde droit dans les yeux. Il s’assoit à côté de moi, et me montre… sa présentation Power Point pour le lendemain.
Je suis DÉPITÉE.
« Je peux te demander ton avis sur ma prez ? Tu es si brillante, tu ne peux être que de bons conseils. »
Je ne sais même pas quoi répondre, alors j’assiste pendant 30 minutes à sa répétition de réunion.
Prendre le date Tinder en mains
Ensuite, il décide de me montrer sur son téléphone la nouvelle vidéo promo de sa boîte.
Je me demande si c’est l’alcool qui l’a rendu à ce point en demande de validation de ses capacités professionnelles ou s’il est aussi chiant même quand il est sobre.
Je finis par me lever, je lui remplis un verre d’eau et le lui tends en souriant.
Il le boit, le pose, reprend son téléphone… mais cette fois-ci j’ai bien l’intention de prendre les choses en mains.
Je lui fais face, approche mon visage de lui, et dépose un baiser dans son cou en soufflant bruyamment.
Je le regarde dans les yeux et je lui dis :
« Emmène-moi dans ta chambre ».
Hallellujah, il s’exécute. Il me prend la main et m’emmène dans sa grande chambre bien décorée. Au moins, il a ça pour lui : le bon goût.
Je m’allonge sur le lit et dézippe ma jupe, il monte sur le lit et m’embrasse pour la première fois.
Horreur et damnation : il pue sévèrement de la gueule. Je pense même que pour fouetter autant il doit avoir un problème d’estomac.
Et merde putain, c’est vraiment une soirée pourrie.
Un long date Tinder foireux
Je tourne ma tête pour embrasser son cou, je le pousse pour qu’il roule et se retrouve sur le dos. Je me mets sur lui, en amazone. C’est ma position préférée mais aussi un moyen de ne pas sentir son haleine.
Ça a l’air de lui plaire.
Je pense que c’est le genre de types qui ne sait pas prendre d’initiative : pendant les 20 (longues mais pas désagréables au final) minutes de sexe qui suivent, je dois tout entreprendre pour kiffer mon moment.
Après le coït, Yann me prend tendrement dans ses bras, et me susurre :
« Ça m’a détendu. Je pense que je vais être bon à ma présentation demain. D’ailleurs tu sais qu’il paraît que les meilleurs performers sont… »
Et voilà il recommence son laïus.
« Je vais y aller Yann, je dois aller en cours demain matin ».
Il me demande, supplicatif, de rester dormir avec lui.
En vrai, il est tard, je suis claquée, et j’habite très loin. Ça me coûterait une fortune en taxi.
À contre-cœur, je reste dans le lit et je lui tourne le dos, pour dormir à l’auberge des culs tournés. Mais il vient se coller contre moi, et continue à me raconter sa life dans l’oreille.
Je finis par lui demander de se taire pour que je puisse dormir, je sors l’argument ultime :
« Tu seras crevé à ta prez de demain. »
Le matin, alors que je pensais mon calvaire terminé, Yann se réveille d’humeur joyeuse.
À 6h du matin.
Un date Tinder bavard dès le matin
Il me prend dans ses bras, et me parle à deux centimètres du nez.
Si son haleine était déjà problématique la veille, la nuit n’a bien sûr rien arrangé et je retiens mon souffle pour ne pas me provoquer de hauts-le-cœur.
Il essaie de remettre le couvert sexuellement, et je me dégage de son étreinte en prétextant une fatigue passagère. Il n’insiste pas.
Je regarde l’heure : il en reste encore 2 bonnes avant que nous devions tous deux partir au travail et à l’école.
Je lui dis vouloir me rendormir, mais Yann veut ABSOLUMENT discuter.
Et voilà qu’il me fait le détail de son arbre généalogique, de son arrière-grand-mère qu’il a bien connue à ses deux nièces qu’il considère comme ses filles…
Comme d’hab je ne peux pas en placer une.
Deux heures plus tard, je me pense enfin libérer de mon calvaire quand Yann me propose de m’accompagner à l’école.
J’ai beau lui dire que ça n’est vraiment pas nécessaire, il m’oppose un beau :
« Ça me fait plaisir, ne t’inquiète pas, c’est un bonheur de passer du temps avec toi. »
Je finis par lui dire que je préfère y aller toute seule car j’ai besoin de ma dose de calme avant de me remplir le cerveau.
Ce date Tinder m’aura appris une bonne leçon
Penaud, il accepte et me prend tendrement dans ses bras, en me susurrant mille niaiseries dont je me serais bien passée.
Sur le chemin de l’école, je reçois déjà un texto, qui vante les « douceurs » de la nuit passée. J’ai envie de vomir, tant ce mec est cucul.
Le soir même, il me propose de partir en week-end dans sa maison de campagne.
Je décline poliment, puis lui écris un second message pour lui dire qu’on en restera là en raison d’un manque d’alchimie et d’envies opposées. En effet, je pense que Yann cherche une compagne, ou du moins quelqu’un à aimer.
Moi je ne veux plus aimer, je veux jouir et m’amuser sans qu’aucun sentiment n’entre en compte.
Ces quelques 12h avec ce mec que je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam m’auront appris une leçon : les gens ne sont pas toujours conformes à ce qu’on attend d’eux.
Je rêvais d’un homme mûr et décidé qui me prendrait avec vigueur et me ferait jouir toute la nuit, j’ai eu droit à un mec timide et stressé avec des problèmes de digestion qui souffrait d’une diarrhée verbale !
La prochaine fois, je prendrai davantage la température avant de rencontrer quelqu’un sur Tinder…
Et j’aurai toujours un paquet de Mentos dans mon mini sac à main.
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