— Article initialement publié le 3 août 2015
– La photo d’illustration est de Gérôme Richet.
Il y a quelques semaines, j’ai entendu parler d’un rassemblement de sirènes de trois jours en juillet à Sen-Yan, dans les Landes. Écrivant un roman sur les sirènes avec ma sœur jumelle, il fallait absolument que j’y aille.
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Ça ressemble à quoi, un rassemblement de sirènes ?
Romain et Aurore nous ont accueillies. Ce sont eux qui ont organisé l’événement ; ils travaillent dans une troupe de danse, mais en dehors du monde des paillettes et des chorégraphies, ils se sont trouvé une passion commune pour le mermaiding. Pour les décrire, c’est plutôt simple : ils sortent d’un Disney. Aurore (Aterga, de son nom de sirène) est la personnification de la frêle Ariel, cheveux rouges, longues jambes fines et sourire mutin. Je n’ai pas pu m’empêcher de visualiser la jeune nymphe dans son drap blanc, découvrant ses jambes, chaque fois que je la voyais. D’ailleurs on l’a appelée Ariel pendant tout le séjour !
(Photo tirée de la page Facebook d’Aden)
Et Romain, qui préfère qu’on l’appelle Aden quand il enfile sa queue de triton, ressemble au prince charmant qu’on imagine tout droit sorti d’un conte : torse musclé, les cheveux souples, le sourire franc. Ces deux-là faisaient la paire ! Et ils allaient être nos guides pour ce week-end « Pirates et Sirènes ».
La première étape, sans surprise, nous a menées tout droit dans la piscine. Les enfants jouaient, les jeunes filles se prélassaient au soleil, mais l’arrivée de toute l’équipe, queue de sirène sur l’épaule, a provoqué une affluence. Les questions des enfants ont fusé, dont celle d’un petit garçon, tout déçu de ne voir que des filles : « Les garçons peuvent pas être des sirènes ? ». Aden allait lui montrer que les tritons aussi ont la classe.
Une queue en latex ou en silicone pèse plus de dix kilos ; l’enfiler demande une certaine dextérité. L’enfilage avait l’air périlleux, car les queues, fabriquées sur mesure, étaient très étroites. Il fallait d’abord caler les pieds dans les mono-palmes, puis remonter le tout le long des jambes. Certains s’enduisaient même d’après-shampoing pour faciliter l’insertion ! Mais une fois enfilée, le résultat était bluffant : le latex gainait les jambes pour un effet très naturel.
Les sirènes ont comparé leurs attirails, les couleurs, les formes – il y en avait pour tous les goûts. Les parents se sont pressés pour prendre des photos, les enfants ont demandé à toucher les écailles. La fascination était totale, mais ma co-auteur m’a prévenue : leur niveau d’intérêt allait vite grimper d’un cran… Car s’ils avaient fière allure assis près de l’eau, il fallait les voir nager pour mesurer la féerie des sirènes.
D’un coup de nageoire, ils se sont glissés dans la piscine et le ballet a commencé. Le mermaiding n’est pas qu’une esthétique, c’est aussi très sportif ; les queues pèsent plus de dix kilos, et entre apnée et natation, l’exercice n’est pas facile. Les voir onduler sous l’eau était à couper le souffle. Ils plongeaient, remontaient. Tout semblait si naturel ! Les enfants qui venaient d’arriver et qui n’avaient pas vu la séance d’habillage étaient soufflés. Les petites filles étouffaient des petits cris de joie. « Des sirènes !! » rivalisaient avec les plus pragmatiques « Tu crois que c’est des vrai•e•s ? ».
Cette jeunesse blasée m’a amusée, mais l’émerveillement est resté intact. Du bord du bassin je voyais les enfants essayer de les imiter et de les suivre. Le mermaiding faisait des émules !
Les photographes s’activaient, les sirènes jouaient le jeu. Les photos sous-marines étaient l’occasion d’essayer des figures collectives : elles se croisaient, s’entrecroisaient, s’échangeaient des conseils. L’une a expliqué à une autre comment envoyer des baisers de bulles en forme de cœur.
Calicie, une des sirènes, pose en apnée (photo de Sabine Cubells Barreau).
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Portraits de rêveuses et rêveurs
Aurore (encore une sirène qui a un prénom de princesse) était métamorphosée. Je l’avais remarquée en arrivant : elle avait de longs cheveux noirs parsemés de mèches bleues. La frêle et discrète jeune femme est devenue une nymphe dès que ses nageoires ont touché l’eau.
Aurore vit sa passion et en a fait son métier. En effet, elle fabrique des queues de sirène pour le monde entier. Et en plus de son travail d’artisan, j’ai découvert sa grâce quand elle s’est mise à nager. Elle était lumineuse dans l’eau. Une fois sortie du bassin, elle nous a raconté en riant ses premières tentatives maladroites pour sourire sous l’eau en toute circonstance, jouer de ce coté spectaculaire et glamour.
Nous avons ensuite changé de bassin et d’ambiance. Les compagnons des filles ont été mis à contribution pour transporter les créatures marines. Certains avaient joué le jeu à fond et s’étaient déguisés en pirates. Le tableau de la sirène dans les bras de son pirate était cocasse ! Ces hommes encouragent leur moitié dans ce hobby atypique ; ce sont eux qui font les meilleures photos, habitués à capter sous l’eau et hors de l’eau les mouvements gracieux de leur amoureuse. Du bord du bassin, ils répondaient aux questions des badauds. On sentait une pointe de fierté dans leur voix. Ils sont les mieux placés pour reconnaître les heures de travail derrière le spectacle agréable !
Impossible de se déplacer en costume ; ceux qui ne sont pas en costume aidaient donc au transport !
C’était le cas d’Éric, compagnon de Lou, qui a participé à sculpter le moule à écaille de la première queue de sirène de sa copine. Il est habitué à la voir fabriquer ses propres cosplays. Mais cette fois, le niveau de difficulté était bien supérieur. Ils ont coulé eux-même le latex, couche par couche. Elle s’est inspirée du requin à pointe blanche pour les teintes et a même rajouté un aileron. Lou jouait avec les enfants, mais les tatouages d’ailes de dragon ajoutaient à l’inquiétante réputation des requins pour ne pas faire oublier que derrière son sourire juvénile, les sirènes peuvent aussi être badass.
Éric et Lou en sirène et pirate.
Pool party et shooting dans une mare
On s’est retrouvés le soir pour la pool party, dans une ambiance surréaliste. Les gens dansaient, nageaient, les sirènes évoluaient dans le bassin dans un ballet aquatique gracieux. La piscine s’était transformée en boîte de nuit et Aden le Triton balançait du gros son depuis les platines. J’ai rejoint Sabine, une ancienne des beaux-arts. Sa nageoire ne l’empêchait pas de danser, debout, au bord du bassin. L’expérience était psychédélique, j’avais l’impression d’être dans un clip de Lady Gaga. Ici, Sabine s’appelait Calicie, et c’était la plus téméraire des sirènes. Son expérience de photographe l’avait un temps éloignée de son activité de modèle. Voulant la photographier, j’ai négocié un shooting pour le lendemain.
Nous nous sommes donné rendez-vous près d’une mare pleine de nénuphars. La plupart n’aurait pas osé descendre dans l’eau trouble, mais Calicie avait une idée très précise et je l’ai mitraillée pendant qu’elle prenait la pause, complètement immergée. On aura croisé un énorme crapaud et beaucoup de poissons pour ce shooting !
Suite et fin
Les activités ont alterné entre projections privées dans le studio, spectacles de la troupe, cours particuliers de danse, sorties à la plage ou à la piscine et prises de photos dans des décors de rêve. Les touristes nous reconnaissaient partout où nous allions.
On avait même fait péter les leggings sirènes pour se fondre dans la masse.
Puis la dernière soirée est arrivée. Le camping nous a offert des places VIP pour la comédie musicale La Malédiction des pirates. J’ai partagé un dernier verre avec ma soeur en discutant avec les danseurs de la troupe. Nous n’avions pas avancé d’un iota dans notre roman, mais c’était décidé : je reviendrais l’année prochaine, cette fois en sirène.
https://youtu.be/bqDEdV3LAdY
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