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Le rapport inquiétant du Planning Familial sur les IVG pendant le confinement

Depuis le début du confinement, les femmes rencontrent de plus en plus de difficultés pour avoir accès à l’IVG. Le Planning Familial a publié un rapport aux chiffres inquiétants.

Le 29 avril 2020, le Planning Familial a sorti un nouveau rapport se focalisant sur les semaines 3, 4 et 5 du confinement.

Ce rapport repose notamment sur l’analyse des données du numéro vert national « Sexualités, contraception, IVG » (0800 08 11 11).

Le rapport est formel : les femmes continuent à vivre des grossesses non-désirées, mais l’avortement est parfois difficile d’accès à cause de multiples facteurs.

Les droits des femmes dans le monde et le coronavirus

Depuis le début de la pandémie, l’accès à la contraception et à l’IVG pour les femmes est plus difficile qu’à l’ordinaire.

ONU info a notamment publié un article fin avril attestant que, dans le monde, plus de 47 millions de femmes pourraient perdre l’accès à la contraception, ce qui entraînerait 7 millions de grossesses non-désirées pour le mois de mai qui vient de débuter.

Cet article de l’ONU fait également état d’autres chiffres sur les violences basées sur le genre, les excisions et les mariages d’enfants résumés dans ce post Instagram de Marie Bongars :

L’accès à l’IVG en France pendant la crise du coronavirus

En France, les femmes ne sont pas épargnées, même si elles ont accès à plus de soins que dans d’autres pays.

Depuis le début de la crise sanitaire et de la saturation des hôpitaux, et parce que certaines sont confinées dans un environnement familial non-propice et/ou sont mal informées, elles renoncent à engager une procédure d’IVG.

Le 15 avril dernier, le gouvernement a annoncé l’allongement du délai d’avortement par voie médicamenteuse de 5 à 7 semaines de grossesse.

La procédure a aussi été adaptée, puisque les rendez-vous obligatoires pour une IVG médicamenteuse sont désormais réalisables en téléconsultation.

Mais c’est une avancée qui ne suffit pas à endiguer le problème d’accès aux soins pour une partie des femmes concernées, selon le Planning Familial.

Sur la période du 30 mars au 19 avril, le Planning Familial a noté une augmentation de 31% des appels sur le numéro vert (0800 08 11 11) par rapport à la même période de l’année 2019 (les écoutants et écoutantes ont enregistré 2045 fiches contre 1565 en 2019).

Concernant le sujet des appels téléphoniques, le rapport mentionne :

« Une augmentation significative des appels concernant l’IVG (58% contre 48% en 2019 sur la même période) et concernant les tests de grossesse (13% contre 8% en 2019).

Nous notons par contre une diminution des appels concernant la contraception, la vie affective et sexuelle et les IST/VIH.

Nous sommes donc dans une période où l’urgence prime sur la réduction des risques (prévention des IST et des grossesses non-désirées) et la prise en compte globale de la vie sexuelle (questionnement sur les sexualités, sur le couple, le désir, le consentement, etc.). »

Des difficultés pour avorter en France pendant le confinement

Quand elles prennent la décision d’engager une procédure d’avortement

ou de prise de contraception, les femmes se confrontent à plus de difficultés, de dysfonctionnements, et de décisions contraires à la loi pendant leur prise en charge.

Le rapport indique une augmentation de 330% concernant les difficultés exprimées par les appelantes du numéro vert. Ces difficultés comprennent :

« Un accueil IVG culpabilisant et/ou jugeant, une désinformation par un ou une professionnelle ou une personne anti-IVG, une situation de violences conjugales ou familiales, une situation de dépassement des délais légaux français pour la réalisation d’une IVG entraînant un avortement à l’étranger et bien sûr les difficultés liées au confinement. »

À lire aussi : Tu vois des pubs anti-IVG sur Facebook ? Ce n’est pas un hasard

Le constat fait par le ministre de la santé Olivier Véran devant le Sénat le 1er avril dernier, indiquant une réduction inquiétante du nombre d’IVG depuis le début du confinement, est confirmé par les centres d’IVG :

« Si la loi n’a pas changé, si les procédures d’IVG médicamenteuses en ville ont été assouplies et si la plupart des hôpitaux se sont organisés pour maintenir les IVG pendant l’épidémie de coronavirus, les femmes viennent globalement moins avorter alors qu’elles en ont toujours le même besoin.

C’est le constat que font beaucoup de centres IVG : l’activité des IVG a diminué depuis le début du confinement même si elle a commencé à augmenter par rapport aux deux premières semaines.

On assiste également à une augmentation de demandes femmes dont le délai de grossesse est avancé, voire dépassé pour la France.

Sur la période observée, nous avons eu, sur trois semaines, 54 demandes sur le numéro vert pour une IVG à l’étranger ou une IMG en France, contre 19 demandes en 2019, c’est à dire une augmentation de 184% des demandes pour une interruption de grossesse au-delà de 12 semaines de grossesse. »

La désinformation des femmes et du personnel soignant sur l’IVG pendant le confinement

Si ce rapport fait état d’un personnel soignant démuni et mal informé sur les procédures d’IVG spécifiques à cette période de crise sanitaire, les femmes elles aussi sont en manque d’informations fiables.

Et cette désinformation globalisée entraîne :

  • la peur d’être contaminée et de contaminer qui provoque l’angoisse de sortir et le renoncement à la démarche,
  • la peur de ne pas trouver de rendez-vous pour IVG ou échographie,
  • des rendez-vous annulés au dernier moment par des praticiens,
  • la nécessité dans certains départements d’appeler plusieurs structures pour avoir un RDV,
  • la difficulté à joindre les structures par téléphone,
  • certains accueils des hôpitaux ne savent pas que le service IVG fonctionne et renvoient les patientes,
  • la peur de se déplacer dans les structures médicales ou à la pharmacie et de contracter le virus,
  • la peur d’être contrôlée au-delà d’1 km de son domicile pour des RDV médicaux,
  • la peur de ne pas pouvoir « gérer l’IVG » en plus de l’école et des enfants à la maison,
  • la manque de soutien des amies ou des proches dans le cas d’une difficulté de choix et d’une IVG…

Tout cela renforce l’isolement des femmes.

Depuis le début du confinement, le Planning Familial craint également que les femmes tombent plus souvent sur des pubs et des numéros anti-IVG et soient mal conseillées et mal orientées.

Il est donc plus que jamais nécessaire de partager le numéro vert : 0800 08 11 11.

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Accès à l’avortement après le confinement : les demandes du Planning Familial

Avec tous ces éléments et données, le Planning Familial craint une recrudescence d’IVG au-delà des délais français après le confinement, et demande, entre autres, au gouvernement :

  • l’organisation et l’articulation de tous les dispositifs pour permettre à toutes les femmes qui vont vouloir avorter de trouver une réponse en France, 
  • le maintien des mesures IVG COVID après le 11 mai et l’alignement du délai d’IVG médicamenteuse à 9SA quels que soient les lieux, en consultation sur place ou à distance,
  • la possibilité de se rendre à l’étranger pour un avortement avec un cadre facilitant (garantie de passage aux frontières aller-retour, remboursement par la sécurité sociale…),
  • une simplification de la prise en charge : réduction du nombre de consultations, réduction du délai de 48h pour les mineures…
  • une campagne nationale d’information grand public qui rappelle le cadre d’exercice du droit y compris le choix de la méthode, qui précise l’organisation post-confinement et promeut les lieux et sites fiables.

Dans ce rapport, le Planning Familial réaffirme sa position concernant la nécessité de réformer la loi, notamment avec :

  • une augmentation du délai légal d’IVG,
  • la suppression de l’obligation de première demande à un médecin,
  • la prise en charge de la femme en une seule consultation pour la méthode médicamenteuse comme pour l’aspiration.

Le Planning Familial est une association militante à l’action importante et louable, et si tu souhaites la soutenir concrètement, tu peux lui faire un don ponctuel ou mensuel directement sur son site Internet !

À lire aussi : J’ai avorté en plein confinement


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