Guns, drogues, chaînes en or qui brillent et gros culs qui twerkent : c’est un peu l’image d’Épinal qui colle au rap comme du shit sous les ongles.
Maxime Brodi, passionné de rap et créateur de la chaîne Le Règlement, a décidé d’avancer des arguments concrets pour tenter de nuancer le propos.
4 clichés sur le rap en question
Ouvrir le débat autour de cette musique et sa culture est un objectif que Maxime poursuit depuis la création de sa chaîne, il y a un an et demi.
Il me l’explique par téléphone :
« J’ai créé ma chaîne pour établir des ponts entre des univers qui ne communiquent pas forcément.
Je voudrais amener les gens qui se disent que le rap n’est pas pour eux à s’y intéresser et, inversement, ouvrir les amateurs de rap à d’autres horizons, à la culture, au cinéma… »
Sa nouvelle vidéo s’attaque à 4 clichés souvent véhiculés sur le rap :
- Stupidité
- Violence
- Vulgarité
- Sexisme
Ce dernier point suscite la controverse au sein même de la rédac de madmoiZelle. Peut-on porter les valeurs du féminisme et écouter Booba ?
La tête de mes convictions quand j’écoute Kaaris
Le rap est-il sexiste ?
Le débat oppose les personnes qui écoutent du rap et celles qui préfèrent se tenir loin du genre.
Du côté de l’accusation, les points de vue sont souvent fondés sur des idées reçues, des amalgames et/ou des références datées.
Maxime Brodi déplore ces généralités :
« Sur Internet, encore plus qu’ailleurs, ceux qui parlent le plus fort ne sont pas forcément ceux qui ont le plus réfléchi.
« Le rap est sexiste », c’est un truc que j’entends régulièrement dans mon entourage. Mes amies sont nombreuses à le penser, mais elles pensent à une certaine branche du rap US et ses clips, et pas forcément à ce que j’écoute moi.
Les personnes et les médias qui véhiculent les clichés sur le rap se fondent sur des ressentis, pas sur du concret.
Ils n’ont souvent comme référence que Booba pour ce qui est des paroles et les clips des années 90 en ce qui concerne l’univers visuel. »
Il a donc décidé de trouver des arguments tangibles pour poser les bases d’un débat moins biaisé.
Quand quelqu’un dit écouter « tout sauf du rap »
Le rap sert-il de bouc émissaire ?
Pour s’appuyer sur des données et confronter l’imaginaire collectif à la réalité, il a par exemple passé en revue les clips des 100 titres rap les plus écoutés en France en 2017.
Résultat : seuls trois clips montrent des femmes « clairement là pour leurs culs », deux autres mettent en scène des femmes comme des faire-valoir du rappeur.
80% de ces vidéos ne présentent donc pas d’images dégradantes ou sexualisées des femmes. Il faut dire que la plupart du temps, les meufs sont tout simplement… absentes !
Mais d’autres clips, comme ceux de Nekfeu par exemple, confirment sa thèse.
Maxime Brodi rappelle aussi que le rap n’est pas le seul genre qui instrumentalise le corps des femmes dans ses clips.
Parfois taxé de « sous-culture », le rap serait-il le bouc émissaire idéal pour se décharger des problèmes globaux ?
Dans la vidéo ci-dessous, Françoise Vergès, politologue et féministe, dénonce cette hypocrisie et va encore plus loin en posant la question du racisme.
Le rap sauvera-t-il le féminisme ?
Pour Maxime Brodi, le caractère historiquement contestataire de la musique hip-hop pourrait même porter le combat anti-sexiste dans les prochaines années.
Il poursuit son argumentaire en établissant un parallèle avec l’homophobie des rappeurs 90s/2000s, beaucoup moins présente voire clairement dénoncée dans le rap actuel.
Enfin, il termine en citant les grands noms de la scène rap féminine du moment, espoirs d’un rééquilibrage des forces.
Pas de conclusion tranchée. Lui-même n’a pas d’avis catégorique sur le caractère sexiste du rap :
« Sur les autres points abordés dans la vidéo, comme la présomption de stupidité, je suis catégorique.
Mais pour le sexisme, je crois qu’il faut vraiment nuancer. OK, le sexisme est parfois présent dans le rap… mais il l’est dans l’ensemble de la société. »
Tu va fer koi
Rien n’est tout blanc ou tout noir, ma bonne dame. Cette vidéo montre surtout comment les généralités peuvent écraser
une réalité plurielle et nuancée.
Dire « le rap », c’est déjà nier cette diversité. Un peu comme quand certains essaient de définir « la femme ». Vous voyez ce que je veux dire ou je vous le fais en 16 mesures ?
Et vous, vous kiffez bouger vos boules sur du gros peura ou ça heurte vos convictions ?
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Les Commentaires
Ps : chilla est une bonne rappeuse et feministe un peu