Publié initialement le 19 juillet 2013
Pour se faire un peu d’argent pendant l’été, Nettle est ramasseuse de fruits et légumes spécialité concombres et tomates. Elle nous raconte son quotidien.
Ta mission si tu l’acceptes
Il n’y a pas une mais plusieurs missions ! Tu peux changer de poste tous les jours, et même en occuper jusqu’à 3 par jour.
La récolte
Qu’il s’agisse de concombres ou de tomates, on récolte quand c’est mûr (ou assez gros).
Mais attention, les deux récoltes ne se valent pas : les concombres sont généralement assez hauts, et les plants sont pourvues de feuilles piquantes et irritantes qui se feront un plaisir de te brûler joyeusement la peau du visage/du cou/des avants-bras, alors que les tomates sont à hauteur de main, et régulièrement effeuillées.
Moi je dis, il y a du favoritisme, mais ça doit être parce que je suis plus souvent en concombre.
Le palissage
Alors ça, je ne peux pas trop en parler, parce que pour l’instant, je n’ai jamais fait. D’après ce que j’ai compris, on est armé d’une ficelle, et on doit attacher les plants en hauteur.
La taille/l’effeuillage
Il faut enlever un certain nombre de feuilles sur chaque plant, c’est un peu fastidieux mais quand on a trouvé le bon geste, ça va assez vite.
Sauf quand c’est en hauteur, parce que du coup, c’est à la fois fatiguant et casse-gueule.
Quand les pieds sont petits, on utilise un chariot qui roule sur lequel on s’assied : c’est moins fatigant pour les jambes et le dos, mais on repart de là avec un mal de fesses tenace.
Le conditionnement (ou condi)
Ça, c’est mon poste d’amour à moi que j’aime, alors que je n’y suis allée qu’une journée. Les concombres arrivent sur des tapis tournant, on les prend par deux, on en met 12 par carton, on ferme le carton.
Tous les deux cartons, on dépose sur un autre tapis roulant. Ça va vite, on a vite mal aux jambes et au bas du dos, mais j’ai adoré.
En grande partie parce qu’on est au frais, au lieu de cuire dans la serre.
Par contre, les décomptes 4-8-12 reste bien dans la tête à la fin de la journée.
La pose PBI
Alors ça, c’est la balade.
Dommage, car on ne le fait pas souvent.
Armé d’un tablier avec une grande poche remplie de petits sachets contenant des insectes, on parcourt les rangs en attachant un sachet tous les trois plants. 1-2-3 j’accroche, 1-2-3 j’accroche.
Ça se fait d’une seule main, sans s’arrêter, et en plus, on peut même réussir à discuter si on a le même rythme que son voisin de rang. Le pied.
Ce qui est cool dans ce boulot
Les collègues !
Quand c’est l’heure de la pause.
Vraiment.
On est tous dans la même galère, du coup il y a beaucoup de solidarité et d’entraide, non seulement entre les saisonniers, mais aussi entre les permanents et les saisonniers.
Après une semaine de boulot, je me sentais déjà super intégrée, et ça, ça n’a pas de prix.
Ce qui est relou dans ce boulot
La fatigue…
On commence à 7h le matin, donc on finit assez tôt l’après-midi, mais en fait (au début surtout), on se retrouve à faire la sieste devant la télé pour récupérer, donc la journée est vite passée.
C’est très physique, on découvre des muscles non identifiés jusque-là et à la fin de la journée les chaussures de sécu pèsent aussi lourd que du plomb.
Si on a passé la journée en récolte concombres, on a la joie d’avoir une partie du corps qui brûle, bref ce n’est pas un boulot pépère-tranquilou.
Mais ça, on s’en doute avant de signer, et on ne peut pas dire qu’on n’était pas prévenu·es !
Allégorie d’une fin de journée.
Ce à quoi je ne m’attendais pas
La multitude de postes ! J’avais postulé pour de la « récolte concombres et tomates », et je ne pensais pas que ça englobait tout ce qu’il y avait autour !
À savoir : la plantation, l’effeuillage, le conditionnement… Ça surprend au début, mais c’est sympa de pouvoir changer de poste, ça permet de découvrir de nouvelles choses, et d’apprendre plein de trucs !
En termes d’horaires et de paye ça se passe comment ?
Alors moi, je suis payée au SMIC.
Au niveau des horaires, c’est de 7h à 15h15 ou 16h15 du lundi au vendredi avec une pause de 15 minutes le matin, et 1h de pause déjeuner.
On travaille un samedi sur deux jusqu’à 12h30 ou 13h en fonction des besoins, donc il faut être prêt à sacrifier un bout de son week-end.
Le concombre est une cucurbitacée très attachante
Engagez-vous !
Pour le recrutement, ça se passe en général entre mars et mai : il vaut mieux envoyer CV et lettre de motivation par courrier, c’est ce qui marche le mieux.
Avoir le permis et une voiture est presque indispensable : les exploitations maraîchères sont souvent en périphérie des villes, et non desservies par les transports en communs (et vu l’odeur qu’on se traîne en partant le soir, c’est mieux de ne pas pouvoir l’infliger à tout un bus !).
Un dernier conseil ?
Garder courage à tout prix.
Pendant ma deuxième journée de récolte, j’en ai tellement bavé que je retenais mes larmes, et que tous les deux pas je me disais « C’est fini, je démissionne », avant de me remotiver en me disant que je pouvais le faire, et que j’avais besoin du salaire.
Quelques astuces pour éviter de trop souffrir : investir dans une crème ou une huile à l’arnica, et se masser les jambes et/ou le dos avec, pour détendre les muscles.
Choisir des bonnes chaussettes, épaisses mais pas trop, en coton, et acheter une casquette, parce que ça cogne dur dans les serres.
Mettez des fringues pourries qui ne craignent rien : un vieux jean, un jogging usé, peu importe, tant que vous êtes à l’aise.
Convaincu·e ? On se voit dans les champs ?
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Les Commentaires
- mettre les plants de vignes entre les fils de téléphone : dur, physique ca tue les mains car il faut serrer les deux fils entre elle et les lier avec une digue et remettre les plants entre les fils, les journées sont longues et fatigantes
- ramasser les plants de petits fruits rouges: commencer a 5h du matin, travail au rendement, je suis rapide donc je passais mon temps à manger les fruits quand j'avais fini les barquette.
- la actuellement, je travaille dans les plants de maïs: la j'ai été dans le repiquage: debout toute la journée, d'abord en serre à mettre les grains dans des pots qui sont sur des grandes barquettes. Très répétitif, chiant, et les collègues se foutaient de moi car j'etais "intello à parler droit social alors qu'on s'en fout du droit social". Je reprends la tantôt pour faire la castration, a ce que j'ai vu c'est enlever les épis, je vais découvrir. Mon ami s'inquiète pour la chaleur, car je fais 8H-18H plus une heure de trajet aller et idem retour avec sa voiture. Mais j'ai besoin d'argent, donc la chaleur osef.
L'avantage c'est etre dehors, j'aime ca et que je bouge, je suis très sportive. L’inconvénient c'est que c'est long, répétitif, et que je n'arrive pas à me lier.
Après j'essaierai les vendanges, mais étant nouvelle dans le Bearn, je ne connais pas les liens et les gens pour me faire recruter pour le Jurançon (beaucoup de cooptation)