Ralph Lauren fait partie de ces marques devenues synonymes du style selon les États-Unis. Alors quand elle se trouve accusée d’avoir plagié des créations indigènes du Mexique, cela peut vite virer à l’incident diplomatique. Surtout quand l’accusation émane de Beatriz Gutiérrez Müller, présidente de la Coordination nationale de la mémoire historique et culturelle du Mexique et accessoirement épouse du président mexicain Andrés Manuel López Obrador.
Ralph Lauren a-t-il plagié un design communautaire du Mexique ?
Le 20 octobre 2022, la première dame du Mexique a en effet partagé sur Instagram une photo d’un vêtement proposé dans un point de vente Ralph Lauren :
« Hey Ralph : nous avons réalisé que vous aimiez vraiment les créations mexicaines, en particulier celles qui élaborent des cultures ancestrales qui préservent la tradition textile.
Cependant, lorsque vous copiez ces dessins, vous tombez dans le plagiat, et comme vous le savez, le plagiat est illégal et immoral. Reconnaissez-le au moins.
J’espère que vous réparerez les dommages causés aux communautés d’origine qui font ce travail avec amour et sans but lucratif. »
D’après la présidente de la Coordination nationale de la mémoire historique et culturelle du Mexique Beatriz Gutiérrez Müller, Ralph Lauren se serait approprié les modèles de vêtements imaginés et portés par les Contla et Saltillo.
Ralph Lauren s’excuse auprès du Mexique et retire de la vente les produits concernés
Face à cette accusation publique, Ralph Lauren a exprimé sa surprise et présenté ses excuses auprès de Reuters :
« Nous sommes profondément désolés que cela se soit produit et, comme toujours, nous sommes ouverts au dialogue sur la façon dont nous pouvons faire mieux. »
Ce n’est pas la première fois que le Mexique défend ses commuanutés indigènes les plus minorisées. Le gouvernement a déposé plainte contre Shein en juillet 2022, et précédemment contre Carolina Herrera, Zara, ou encore Anthropologie, pour des affaires semblables de ce qu’on pourrait résumer grossièrement comme tenant d’appropriation culturelle (ce qui n’est pas une notion juridique, ni pénalement répréhensible, mais bien un outil de compréhension de ce genre de dynamiques).
En janvier 2022, Sézane avait également été menacé par le Mexique d’un éventuel recours en justice pour « atteinte à la dignité des communautés autochtones et renforcement de stéréotypes racistes », suite à une campagne fétichisante. Le gouvernement mexicain avait alors émis ce rappel à l’ordre contre la marque française :
« Cessez d’exploiter les peuples indigènes comme capital culturel […] Ce ne sont pas des objets de déguisement, mais des citoyens de droit qui possèdent un vaste patrimoine culturel. »
Ce genre d’affaires qui éclaboussent l’industrie de la mode, anodines en apparence, fait complètement partie de la politique du président Andrés Manuel Lopez Obrador, depuis son entrée en fonction en 2018. Comme le rappelle Reuters, il a en ce sens lancé toute une campagne pour récupérer les reliques du patrimoine précolombien du Mexique. Il a notamment déposé plusieurs plaintes contre des maisons de vente aux enchères aux États-Unis et en Europe, afin de récupérer des antiquités mexicaines spoliées. Pendant ce temps en France, la question de la restitution d’objets d’art africains chemine difficilement.
À lire aussi : Frida Kahlo, sa vie, son oeuvre, à travers ses vêtements, c’est l’expo événement du Palais Galliera
Crédit photo de Une : Capture d’écran Instagram.
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos newsletters ! Abonnez-vous gratuitement sur cette page.
Les Commentaires
Il n'y a pas encore de commentaire sur cet article.