Si l’attention médiatique et politique semble relativement retombée concernant le sort des Ouïghours, leur exploitation perdure, et le temps de la justice poursuit son lent ouvrage. En juin 2022, une coalition de 28 organisations canadiennes a déposé plainte, stipulant que Ralph Lauren Canada « entretient des relations d’approvisionnement avec des entreprises qui ont recours au travail forcé des Ouïghours ou qui en tirent profit », apprend-on dans un rapport publié le 15 août 2023 par le gouvernement canadien.
Des sous-traitants chinois fourniraient à Ralph Lauren du coton provenant du travail forcé des Ouïghours
Les plaignants invitaient Ralph Lauren Canada à rompre ses relations avec trois entreprises chinoises soupçonnées d’avoir eu recours au travail forcé des Ouïghours. L’avocate Sheri Meyerhoffer, médiatrice du Bureau du médiateur canadien de la responsabilité des entreprises, a décidé que cette plainte justifiait l’ouverture d’une enquête. Ce à quoi a répondu Ralph Lauren États-Unis stipulant qu’il supervisait les activités de sa filiale canadienne et estimant que ce bureau « n’avait pas compétence sur la question », peut-on ainsi lire dans le rapport.
Ce dernier précise la manière dont les marques et leurs sous-traitants se renvoient justement les responsabilités :
« Pour étayer leurs allégations, les plaignants se réfèrent au rapport Laundering Cotton (en anglais seulement), concernant le lien entre Ralph Lauren (sans préciser de quelle entité il s’agit) et des entreprises chinoises associées au travail forcé des Ouïghours, à savoir Jiangsu Lianfa Textile Co. Ltd (Jiangsu), Huafu Fashion Co. Ltée (Huafa), Luthai Textile Co. Ltée (Luthai) et Texhong Textile Group (Texhong) Ltd.
Selon la plainte, le rapport Laundering Cotton fournit des preuves que ces quatre entreprises ont recours au travail forcé des Ouïghours ou qu’elles en tirent profit en établissant des filiales dans la région ouïghoure, en achetant du coton du Xinjiang en passant par des intermédiaires ou en participant ou en collaborant à des programmes de transfert de main-d’œuvre assujettie au travail forcé.
En retraçant les différents maillons de la chaîne d’approvisionnement, le rapport Laundering Cotton indique que ces entreprises fournissent à Ralph Lauren du coton provenant du Xinjiang par le biais de fabricants intermédiaires dans la chaîne d’approvisionnement de Ralph Lauren. »
Environ 20% du coton mondial provient de Chine, dont 84% de la région Xinjiang en question, d’après le Guardian. C’est dans cette région que se concentre l’exploitation forcée de personnes ouïghoures. D’ailleurs, les États-Unis viennent de voter une loi interdisant formellement l’importation de coton provenant du Xinjiang.
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Alors que l’enquête canadienne débute, c’est encore une affaire révélatrice du manque de traçabilité des grandes marques tout au long de leur chaîne de production, que ce soit par négligence ou par volonté d’opacité.
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