La modernité, c’est bien beau : nous pouvons désormais ouïr les oeuvres de troubadours sud-coréens, nous gausser en regardant des sketchs d’humoristes morts il y a un demi-siècle, admirer des chatons mignons sur YouTube ou baver sur la plastique parfaite d’acteurs de blockbusters qui ne poseront jamais leurs mirettes sur nos grands yeux humides. Cependant, il est bon de rêver au temps de Louis VI le Gros, temps où la tektonik n’existait point et où l’on jetait les manants dans les douves. Ainsi, voici quelques raisons, toutes de bon goût et de mauvaise foi, de regretter le temps des cathédrales, maintenant que le monde est entré dans un nouveau millénaire.
« Oh, tiens, un gif de chiot », se dit Jon Snow.
Parce que j’aurais pu porter des vêtements super classes
S’habiller correctement en 2013 revient à avoir fait la guerre du Vietnam. Entre ces infâmes jeans qui font de nos gracieuses silhouettes de lointains souvenirs, ces vils marcels et ces fourbes Crocs, le chemin de la mode est pavé d’embûches visuelles (à moins, bien sûr, de lire les conseils des rédactrices mode de madmoiZelle). Mais foin de tout cela au Moyen Âge : nous aurions porté de classieuses robes longues et des chapeaux pointus recouverts de voiles transparents (un peu comme Valérie Lemercier dans Les Visiteurs, m’voyez). Les hommes, quant à eux, portaient des aiguillettes (sorte de lacets qui fermaient une poche destinée à renfermer leurs précieux bijoux de famille). Ce n’est pas excessivement pratique pour aller à la pêche aux moules (métaphore pourrie inside), mais tout de même.
Parce que nos oreilles auraient été épargnées
Comprenez : l’électricité n’ayant pas été inventée, nous aurions pu nous balader paisiblement, sans subir les cantiques de Patrick Sébastien diffusés par les hauts-parleurs municipaux (vécu, à Palavas les Flots). Certes, nous ne pourrions pas nous dandiner sur des tubes en guimauve au Macumba Club, ni écouter du Cindy Sanders dans le métro aux heures de pointe. Mais les troubadours auraient comblé cette grave carence.
Parce que mon mec/ma copine n’aurait pas été un-e gamer/use
Tu as rencontré un jeune homme/une jeune fille charmant-e : il/elle est beau/belle, intelligent-e, cultivé-e, a un pénis long comme un avant-bras et sait qu’il faut de l’eau pour faire cuire des pâtes. Mais au bout d’un mois de relation, il/elle a joué 129 heures à Skyrim, 114 heures à Empire Total War et a passé toutes ses nuits sur World of Warcraft. Ainsi, si tu étais née en l’an de grâce 1304, ton mec/ta copine aurait de saines occupations (chasse à l’ours, culbutage de ribaude, tout ça). Par ailleurs, tu n’aurais pas passé la moitié de ton temps à ricaner sur des vidéos de chatons mignons (ne nie pas, je te vois), et la procrastination ne serait peut-être pas passée par toi.
Parce que l’amour courtois
(Ou « façon réglementée de se comporter en présence d’une femme de qualité », selon Wikipédia, notre maître à tous). Et qu’écrire des lais pour séduire sa douce, c’est mille fois mieux que cent « Hé-madmoizelle-t’es-charmante-tu-veux-pas-une-glace-à-la-menthe ». Sérieux, qui n’a pas rêvé de recevoir un jour un doux poème…
« Lorsque mon coeur vous prîtes, Et que mon âme en deux vous rompîtes J’eus aimé que vous vous préoccupassiez De raccommoder ce mal-aimé »
…plutôt qu’un banal SMS tel que « Salu, sava » ?
Parce que le gras, c’est la vie Johnny
Au temps béni de Jacouille la Fripouille, le gras était synonyme de bonne santé, et donc d’attraction intense. Ainsi, nous n’aurions pas subi les pages « minceur » des magazines féminins préconisant de manger 3 radis par jour pour rentrer dans un petit 34, et nous aurions pu ripailler et nous faire exploser la panse sans la moindre mauvaise conscience venant de l’extérieur. Petit inconvénient, nonobstant : le Nutella n’existant point, nous n’aurions pu profiter totalement de ce merveilleux état de fait. Cela dit, les tripes au sang de pigeon ont un certain charme aussi.
La joie de ripailler.
Parce que j’aime les grosses lances des chevaliers
(Et que ceci n’est pas une métaphore, bande de petites coquines)
Parce que le vieux françoué
Au doux temps du supplice de la roue et de la peste bubonique, on pouvait dire « mortecouille », « fichtrebredaine » et autres « orchidoclaste » ou « coprolithe », et le répertoire d’insultes était cent fois plus fleuri que de nos jours. Mieux encore : le mot « swag » , cette abomination langagière qui tue des licornes à chaque fois qu’on le prononce, n’existait pas encore. C’était le bon temps, Jacques-Henri.
Reste encore à voir si j’aurais pu survivre à cette délicate époque. Et toi, aurais-tu aimé vivre au Moyen Âge (ou dans n’importe quelle autre époque, ne soyons pas sectaire ?) Viens nous raconter tous tes fantasmes spatio-temporels dans les commentaires.
Ajoutez Madmoizelle à vos favoris sur Google News pour ne rater aucun de nos articles !
Les Commentaires