Raison et sentiments, d’Ang Lee, sorti en 1995. Scénario d’Emma Thompson, avec Emma Thompson, Kate Winslet, Hugh Grant, Alan Rickman…
La première fois que j’ai vu Raison et Sentiments, les conjonctures affectives étaient défavorables. Je me suis identifiée à toutes les situations, même les plus risibles, même les plus caricaturales. A la fin du film, le canapé flottait doucement sur l’océan de mes larmes. Une discussion à base de Hugh Grant m’a mené à en débattre avec une amie, laquelle, après s’être passablement foutue de ma gueule, m’a assuré que le film était, comme le roman, « second degré à mort ». Ah. Etonnée, j’ai revisionné.
Dix-huitième siècle. Les trois sœurs Dashwood viennent de perdre leur père et, en vertu de règles d’héritage sexistes, se voient contraintes de déménager dans un cottage miteux avec leur mère. L’aînée, Elinore (Emma Thompson), est engoncée dans ses bonnes manières, à l’opposé de Marianne (Kate Winslet), une exaltée authentique avec de beaux talents de pleureuse. La plus jeune des sœurs, Margaret, n’est encore qu’une môme fantasque qui commet, à peu de choses près, bourde sur bourde. La mère gère l’ensemble. A cette famille s’ajoute le demi-frère, personnage falot efflanquée d’une épouse arrogante et radine, Fanny Dashwood, ex-Ferrars. Les deux belle-familles se croisent avant le déménagement et là, coup de foudre : la pondérée Elinore s’éprend d’Edward Ferrars (Hugh Grant), à la timidité maladive.
Oui mais. Les sœurs Dashwood n’ont pas un sou de dot (et sont donc plus ou moins inépousables) et doivent s’exiler dans le Devonshire, où Sir John Middleton, un hystérique bavard, se fait une joie (le mot est faible) de les accueillir. Elinore camoufle son désespoir sous un savoir-vivre de bon ton. Marianne rencontre par hasard le séducteur John Willoughby dont elle tombe immédiatement folle amoureuse, tournant le dos à un vieux beau qui se prend veste sur veste. Evidemment rien n’ira bien.
Les passions et désillusions des deux sœurs, vécues très différemment bien que souvent de façon lacrymale, sont l’occasion de faire défiler tout un catalogue de personnages. De la bonne femme hystérique et sans-gêne à la jeune idiote, en passant par l’homme marié sans son consentement (mal-aimable comme pas permis), tous nous causent du couple, donc du mariage (souvent raté). Maigre place pour l’amour sincère à une époque où les mariages d’argent étaient monnaie courante (haha).
Adapté du roman de Jane Austen, Raison et sentiments, aux éditions du Seuil (Points).
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Les Commentaires
C'est mon film culte . Je m'en lasse pas et je pleure toujours à la fin.
Les acteurs sont géniaux ( Alan Rickman est juste trop canon ) , les décors somptueux ... j'aime l'époque les vetements , la facon de parler ...
En gros comme dans la série " Lost in Austen" , je rêve de vivre dans un bouquin de Jane Austen mais plus" Raisons et Sentiments ", qu' "Orgueil et Préjuges ".