Le 20 septembre dernier, je n’ai pas fait les Journées du Patrimoine comme tout le monde : j’ai eu l’occasion de participer à la cinquième édition du RAIDinLyon. Un ami qui fait le RAID tous les ans depuis le début, et chez qui j’avais prévu de passer le week-end, m’a proposé de faire partie de son équipe, et j’ai trouvé l’idée sympa donc j’ai sauté dessus !
Le RAID, c’est un parcours dans les rues de Lyon, toute une journée, avec des énigmes à résoudre. Tous les ans, le thème et donc l’imaginaire autour (en mode BAFA ici) sont différents. Cette année, c’était les contes et légendes lyonnais.
La préparation
Quelques jours avant, on a fait des recherches chacun de notre côté, sur Internet ou dans les livres, pour se familiariser avec le sujet. Surtout moi, qui ne savais pas du tout par où commencer : j’avais peur de ne pas être à la hauteur au sein de mon équipe de Lyonnais.
Après avoir trouvé tous les membres de notre groupe, choisi un chouette nom et s’être inscrits sur le site, il n’y avait plus qu’à attendre le grand jour.
Il faut noter que la participation était de 15€ avec petit-déjeuner avant le départ et buffet à l’arrivée, le matériel pour le jeu, sans parler de toute l’organisation avant, pendant et après le jour J. Moi, j’ai trouvé ça TRÈS raisonnable !
Quelques jours avant, on a reçu un mail qui nous redonnait toutes les indications pour le lieu de départ, ainsi que des conseils pour la tenue du jour (vêtements confortables et bonnes chaussures), nous prévenant aussi qu’il fallait amener un pique-nique pour le midi.
Rendez-vous le samedi matin à 9 heures (ça, ça pique un peu) pour confirmer l’inscription. On nous a remis un ticket de transport pour la journée, un petit sachet un peu énigmatique et on nous a indiqué où se trouvait le petit-déj’ (mini-viennoiseries, mini-viennoiseries !). Il y avait pas mal de gens déjà, dont beaucoup étaient déguisés (nous, on a eu la flemme). Il y en avait de super impressionnants !
Un peu avant 10 heures, on nous a souhaité la bienvenue, puis on nous a donné quelques conseils et règles à respecter :
- Interdiction de séparer les équipes pour aller à deux endroits différents.
- On pouvait regarder sur Internet mais normalement, les infos étaient difficiles à trouver (normalement, hinhinhin).
- On aurait des points de malus si on arrivait après 18 heures (fin officielle du jeu).
Et il y eu le top départ, dans la joie, l’excitation et ERA en fond sonore !
Le jeu de pistes
Pendant que d’autres partaient comme des dératés, nous nous sommes posés quelques minutes pour ouvrir notre sachet (façon bourse moyenâgeuse : j’ai surkiffé !).
Dedans, il y avait un plan de Lyon, un jeu de cartes très pro de quatre couleurs différentes avec les énigmes et les consignes, un stylo et un dé. Au verso, il y avait un plan avec les endroits (plus ou moins précis et pas nommés) où on devait se rendre pour les énigmes, et au recto il y avait des blancs pour les réponses. A la fin, on devait rendre le plan pour qu’on puisse compter nos points.
Les cartes étaient organisées par deux : une carte lieu et une carte indice. Il fallait les rassembler, retrouver le lieu correspondant sur la carte, puis y aller ou au moins répondre à l’énigme.
Le jaune, c’était pour les points bonus. Pour le rouge, le vert et le bleu, on devait découvrir un lieu caché où se trouveraient des preuves de notre trouvaille à ramener à la fin, ainsi que la réponse à l’énigme (des meurtres en série, une disparition de bijoux et… je ne me souviens plus de la dernière, mea culpa).
Il y avait aussi des endroits où on trouvait la marche à suivre pour faire des origamis (je hais les origamis) (points encore plus bonus). Et à un moment dans la journée, on devait se rendre à heure fixe sur un lieu précis pour une activité, elle aussi en bonus.
On a décidé de notre plan d’attaque. On savait que les premiers arrivés sur les lieux cachés auraient plus de points. On savait qu’en réussissant le mieux l’activité, on aurait aussi des points en plus. Et sinon, on pouvait avoir des points bonus en essayant de tout faire.
Donc le truc super cool, c’est qu’on peut vraiment faire le RAID comme on veut, suivant notre but pour la journée.
Nous, on a décidé d’y aller à la cool. Il faisait beau et chaud. Il y avait une patte folle et une handicapée cardiaque dans l’équipe. On avait surtout envie de s’amuser.
On a crapahuté un peu partout, on a mangé nos sandwichs en neuf minutes à un arrêt de bus. Beaucoup de gens nous regardaient bizarrement parce qu’on n’était pas le seul groupe à courir partout, rouge et en sueur, un air égaré, la bave aux lèvres, en brandissant des cartes à jouer de toutes les couleurs ! On a d’ailleurs croisé pas mal d’autres équipes, repérables à leur badge, et à leur allure…
On s’est promenés dans un cimetière, on a cherché des blasons, on a essayé de faire des jeux de logique, on a cherché des indices dans une librairie trop cool, on a vu une scène de crime, on a repéré un socle de statue de Rodin vide… J’ai même pas eu envie de faire pipi !
En fin d’après-midi, un peu avant l’heure, on a décidé d’arrêter là pour retourner au point de rassemblement : une salle des fêtes en banlieue. Là nous attendaient un buffet et des boissons fraîches. Avant, on s’est enregistrés : heure d’arrivée, notre plan avec nos réponses et nos preuves. On a notamment découvert que le dé ne servait à rien…
Quand tout le monde est arrivé, il y a eu la cérémonie de remise des prix, façon Césars, avec des animateurs chouettes et une magnifique présentation vidéo.
Dans les catégories, on trouvait : une équipe récompensée pour chaque lieu caché trouvé, une pour les bonus, une pour le meilleur parcours (le plus de réponses et le plus de bonnes réponses et le moins de temps), une pour le score le plus élevé (c’était la même équipe), une pour le meilleur score sur l’activité, et deux pour le meilleur déguisement.
Nous avons fini septièmes sur quarante-deux, avec 107 points sur 159. Donc en plus de s’être éclatés, on a assuré !
Ensuite, on est rentrés se doucher et s’allonger devant la télé, parce que mine de rien, on a quand même parcouru une bonne dizaine de kilomètres dans la journée.
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En conclusion
Plusieurs semaines après le RAID, je suis encore super heureuse à sauter aux rideaux et à vouloir le partager avec le monde entier (d’où cet article…) !
C’était intense, crevant, mais super jouissif ! Pour quelqu’un comme moi qui ne suis pas très athlétique, c’est tout à fait faisable. Et bien que n’étant pas lyonnaise, j’ai pu répondre aux questions. Cependant, pour se repérer dans la ville, des habitants de Lyon c’est quand même bien utile…
L’ambiance était super, BIG UP à mes coéquipiers ! J’avais l’impression d’avoir 10 ans, et d’être dans un mélange de Sherlock Holmes, Fort Boyard et Pékin Express à courir partout, trouver des indices et se cacher des autres équipes.
Les lieux donnés comme les lieux cachés étaient soit très connus, soit très originaux (chercher une tombe dans un cimetière, check), ce qui rendait la balade comme le jeu intéressant pour les Lyonnais aussi. Le temps magnifique ne gâchait rien.
J’ai pu découvrir Lyon sous un jour complètement inattendu pour moi, alors que j’y vais régulièrement depuis dix ans, et j’ai même carrément envie d’y habiter — un bar à jeux, il y a un bar à jeux ! Yeux écarquillés, sautillements agaçants, éructations incohérentes.
Tout le monde était ravi, même si la journée peut être un peu longue pour des enfants, et les énigmes un peu difficiles.
J’ai en tout cas très envie de recommencer ! Et si on faisait une équipe de madZ l’année prochaine ?
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Maintenant, vous m’excuserez, mon bain de pieds quotidien m’attend… Mais je ne vous laisse pas seul-e-s car j’ai la chance d’avoir pu rencontrer l’un des créateurs du RAID, qui a accepté de répondre à mes questions.
L’interview de François-Xavier, le président de l’association
Je vous présente donc François-Xavier, président de l’association RAIDinLyon !
- Qui a eu l’idée du RAID, et comment lui est-elle venue ?
C’est moi, en discutant avec Karine (qui fait aussi partie de l’association). C’était un soir de 2010, j’étais sur le point de partir à l’autre bout du monde et je me suis fait la réflexion « Tiens, je ne connais pas bien Lyon en fait » [il n’est pas Lyonnais d’origine, NDLR], « et si je faisais un petit jeu de piste avec mes potes pour leur faire découvrir des coins sympa avant de m’envoler pour l’Australie ? ».
Résultat : le RAIDinLyon est né, avec 25 participants et 10 jours plongé dans les livres pour créer un jeu de piste qui tienne à peu près la route ! « Et le voyage ? », me direz-vous… Il n’a pas eu lieu. Snif.
La première édition, c’était un peu organisé vite fait. En dix jours, on a créé un parcours, la version Bêta du format actuel « jeu de piste plus buffet plus remise des prix ». Le carnet, c’était des bouts de papiers collés « proprement » dans un calepin. Les premières énigmes, charades, rébus ont arraché plus d’un cheveu sur la tête de nos premières victimes ! Et on a tous fini dans un bar, puis au resto.
- Est-ce que le week-end des journées du patrimoine a été choisi exprès ?
Dès la deuxième année, pour une raison de budget, on s’est calés sur les JEP pour pouvoir entrer gratuitement dans les musées pendant le parcours. Ensuite, on s’est rendus compte qu’on pouvait être intégrés au programme officiel des JEP, faire un peu de pub gratuitement, être un peu reconnus. Maintenant, plus de surprise : les gens savent que pour les JEP, le truc à faire, c’est le RAID !
- Comment s’organise un RAID aujourd’hui ?
Après la première édition « improvisée », on s’est dit (et on nous a soufflé…) qu’on tenait un concept sympa ! Alors on a monté une association, certains participants sont passés du côté de l’organisation et on a lancé le deuxième RAID avec un peu moins de 50 personnes.
On a alors décidé de choisir un thème : les Lyonnais (en 2011), puis le cinéma et l’arrivée du premier « Atelier » [ce que j’ai appelé « activité », NDLR] qui s’ajoute au format du RAID, avec 90 participants (en 2012), la gastronomie avec 150 participants (en 2013) et enfin, en 2014, les légendes !
Aujourd’hui, on compte dix mois de travail. Dès novembre, on commence avec l’ébauche du projet : quel thème ? Où on va ? Quelles idées nouvelles ? On en parle autour d’apéros jusqu’à ce que tout le monde soit d’accord avec le plus persuasif (ou le moins fatigué…).
En décembre, on recherche des partenaires et on remplit des dossiers de subventions. En février-mars, on travaille sur le thème pour avoir de la matière et rédiger les énigmes bien capillotractées du RAID (bouquins, sites Web, visites guidées, rencontres, repérages, prises de bec…).
Au printemps, c’est la création d’une identité visuelle à décliner sous toutes les coutures : affiches, carnet, réseaux sociaux, t-shirts, sans oublier nos superbes badges collector !
Pendant tout l’été, on fait de la logistique avec l’organisation du RAID proprement dit, le buffet, la cérémonie. Et enfin, le jour J, on se sépare en deux pour pouvoir tout faire dans les temps et correctement.
- Combien y avait-il de participants cette année ?
On a atteint notre objectif avec 202 participants. Et nous étions 16 bénévoles le jour J, entre l’organisation, les animations (avec la participation d’une compagnie théâtrale, « Tôt ou Tard ») et la cérémonie. Sans oublier les partenaires (imprimeur, etc.) qui font tout ça pour le plaisir, et les amis qui donnent un coup de main !
- Quel est ton meilleur souvenir ?
J’en ai plusieurs… Mais le RAID 2014 est un de mes préférés. Tout s’est bien déroulé, les gens étaient ravis et le staff heureux. Quand les animateurs ont chanté Bohemian Rhapsody devant les participants déchaînés, j’avoue, j’ai eu une petite larme. J’étais ému et fier du travail accompli avec l’équipe, la pression est retombée aussitôt !
Notons aussi que Lucas, aujourd’hui membre de l’association, a fait le RAID l’année dernière dans un caddie, à cause d’un problème de cheville. Si vous connaissez un peu Lyon, vous comprendrez qu’il mérite des applaudissements !
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- Et le pire moment depuis la création du RAID ?
La cérémonie… de l’an dernier. Elle rimait plutôt avec cacophonie. On était dans les choux, submergés par les corrections des réponses qui n’en finissaient pas, la logistique catastrophique de débutants. Et je passe sous silence les soucis techniques qui nous ont fait faire une nuit blanche la veille ! Alors on s’est dit « Plus jamais ça » et on a relevé le défi – haut la main ? — pour 2014 !
- Quels sont les futurs projets concernant le RAID et plus largement, l’association ?
Depuis mai 2014, on est l’association qui aide à organiser la Frappadingue [une course nationale d’obstacles dans la boue, NDLR]. On l’a « importée » du Parc de Miribel, ce qui nous permet de financer une partie du RAID. C’est aussi assez formateur pour une petite asso comme la nôtre.
Sinon, il y a bien des idées qui circulent, mais rien de formel pour l’instant. On veut avant tout un RAIDinLyon parfait, même si on va essayer de transformer notre jeu-évènement en quelque chose de plus pérenne.
- Des conseils pour les RAIDeurs potentiels ?
Si vous lisez ces lignes, il faut suivre nos actualités sur Facebook, en parler autour de vous et vous inscrire pour 2015 ! Et s’il y a des Lyonnais-es intéressé-e-s par le projet, on recherche du monde pour nous aider (il y a PLEIN de choses à faire !) ; tous les bons plans et les bonnes âmes sont les bienvenus pour porter le projet le plus loin possible !
Merci à François-Xavier et à toute l’équipe du RAID (qui sont TOUS bénévoles, je tiens à le rappeler) ! Comme dirait l’autre, la valeur n’attend pas le nombre des années, tout ça tout ça…
On se retrouve en 2015 ?
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le site du RAIDinLyon, et voir plus de photos de l’édition 2014 sur leur page Facebook.
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Les Commentaires
J'ai un peu de mal à leur faire confiance et ce pour plusieurs raisons :
- produits finis ne veut pas dire "ingrédients" donc ils peuvent tester les ingrédients un par un sans passer par le test sur produit fini. Après, c'est facile de dire "non, notre produit fini n'est pas testé". (cf. liste PETA aussi)
- un label pour être certifié "cruelty free", ça ne coûte rien et ça rassure les clients. Leur réponse à ce sujet "Non, nous pensons que ce n’est pas souhaitable. Le label « Cruelty-Free » ainsi que d’autres labels sont ambigus à nos yeux dans la mesure où ils acceptent que les produits et les ingrédients aient été testés sur l’animal avant une date déterminée." C'est assez hypocrite étant donné qu'ils ont TOUJOURS testé... et maintenant, ils se permettraient d'être regardants là-dessus ?
- Ils vendent en Chine et là-bas, les tests sont obligatoires, i.e. ils testent d'une manière ou d'une autre.
Voilà pourquoi l'Oréal et moi, ça ne sera jamais possible.