On en parle peu et pourtant, c’est une réalité. Mercredi 15 mars 2023, une étude soutenue par le Défenseur des Droits et menée par le Réseau de recherche pluridisciplinaire « Migrations de l’Asie de l’Est et du Sud-Est en France » (MAF) a dressé un tableau alarmant de l’état du racisme anti-asiatique en France. Les résultats pointent vers une banalisation accrue des discriminations à l’égard des personnes originaires d’Asie de l’Est et du Sud-Est.
La pandémie a accentué la prise de conscience
L’étude, pilotée par des sociologues du projet REACTAsie, montre que le racisme anti-asiatique reste bien souvent un angle-mort des rapports officiels sur les discriminations. « En France, malgré l’existence de travaux sur les préjugés et les stéréotypes envers les personnes d’origine asiatique, la recherche s’est peu penchée sur les expériences de racisme et de discriminations qui les touchent. Dans ce contexte, le projet REACTAsie, mené en collaboration avec l’Association des Jeunes Chinois de France (AJCF), s’appuie sur une enquête basée sur des entretiens biographiques approfondis », explique Le Défenseur des Droits publics sur son site.
Pour pallier cela, un groupe de sociologues a donc mené des entretiens biographiques approfondis auprès de 32 jeunes diplômés de l’enseignement supérieur d’origine asiatique (primo-arrivants ou descendants de migrants), âgés de 20 à 40 ans, résidant en France entre 2020 et 2022. Le but ? Les interroger très concrètement sur leur expérience des discriminations qu’ils subissent au quotidien. Pour certains des jeunes enquêtés, la pandémie a joué un rôle déterminant dans la prise de conscience du racisme ordinaire subi. En effet, la pandémie a exacerbé le racisme anti-asiatique. Les témoignages de discriminations et d’amalgames s’étaient multipliés alors que se propageait le coronavirus en France.
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Des propos sous couvert d’humour
L’étude montre « des spécificités propres » aux expériences de racisme anti-asiatique, comme la « banalisation » et « le caractère ordinaire » de leurs manifestations. Simeng Wang, l’une des autrices du rapport, a expliqué lors d’une présentation à la presse que ces remarques racistes étaient souvent exprimées « sous la forme de l’humour ». Selon le rapport, l’espace public, l’école et le travail sont les lieux de discrimination les plus cités par les personnes interrogées.
L’école est souvent le lieu où les enfants vivent leurs premières expériences du racisme, et le monde du travail est associé à la fois au racisme et aux discriminations. Quelques expériences sont également rapportées dans le domaine du logement, de l’accès aux soins, ainsi que sur les réseaux sociaux.
Site du Défenseur Public. « ECLAIRAGES : UNE ÉTUDE POUR DOCUMENTER LES DISCRIMINATIONS ENVERS LES PERSONNES D’ORIGINE ASIATIQUE », 15 mars 2023.
Par ailleurs, si 80% des sondés ont un niveau Bac+5, les témoignages recueillis montrent que le diplôme, la qualification et la maîtrise du français ne protègent pas contre les discriminations et le racisme. Au contraire, ils ouvrent la porte à de nouvelles formes de stigmatisations, telles que « l’assignation ethnique des tâches, le déni de reconnaissance de statut, le plafond de verre, etc ». Une des témoignantes raconte ainsi comment, diplômée d’une école de commerce parisienne, elle a envoyé sa candidature à des postes de gestionnaire, mais n’a jamais été rappelée pour ces postes. En revanche, certaines entreprises lui ont proposé à la place des postes de vendeuse.
Un racisme genré
Dernier élément frappant du rapport : le racisme se manifeste différemment selon le genre de la personne visée. Les hommes interrogés racontent subir des stéréotypes liés à leur masculinité souvent déniée ou dévalorisée, tandis que les femmes font l’objet de fantasmes et de fétichismes. Cela s’exprime notamment dans le monde du travail où les femmes d’origine asiatique « doivent souvent faire face à l’imbrication du racisme et du sexisme, qui peut prendre la forme de harcèlement sexuel ».
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