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Rachel, jeune femme vent debout contre les injustices en Irlande du Nord

Esther a rencontré Rachel à Belfast. En démarrant la discussion, elle ne s’attendait pas à être sur le point de découvrir une personne si entreprenante et inspirante, mais Rachel est ce qu’elle est : impressionnante.

Esther est partie recueillir les témoignages des jeunes femmes de plusieurs pays, à travers le monde, avec une attention particulière portée aux droits sexuels et reproductifs : liberté sexuelle, contraception, avortement.

Elle a déjà rendu compte de ses rencontres avec des Sénégalaises, puis avec des libanaises, et sa troisième étape l’a menée en Irlande du Nord (Royaume-Uni) et en Irlande ! Elle y a réalisé interviews, portraits, reportages, publiés sur madmoiZelle au fur et à mesure. Tu peux retrouver le sommaire ici !

Tu peux aussi suivre au jour le jour ses pérégrinations sur les comptes Instagram @madmoizelledotcom et @meunieresther, avant de les retrouver ici bientôt !

J’ai rencontré Rachel à l’université Queen, à Belfast. Elle fait partie du bureau des représentant·es des étudiants, et s’est notamment fait élire sur son argumentaire pro-choix, une position pas toujours facile à défendre en Irlande du Nord où l’avortement reste interdit sauf en cas de danger pour la santé ou la vie de la mère.

Mais avant d’en arriver là, son parcours mérite déjà le détour.

Rachel, une petite fille vent debout contre les injustices

Rachel vient d’un milieu très populaire, et ses deux parents sont handicapés, mais elle n’a jamais eu sa langue dans sa poche.

« Quand j’étais jeune, il m’arrivait souvent de me mettre très en colère lorsque d’autres personnes se moquaient des gens ayant un handicap.

À 11 ans j’ai été diagnostiquée avec la même maladie que ma mère mais déjà auparavant je devais porter des chaussures spéciales et je ne supportais pas qu’on se moque de moi. Je ne comprenais pas qu’on puisse rire de moi à cause de quelque chose que je ne pouvais pas contrôler. »

Dès l’enfance, elle avait « des opinions très arrêtées », mais elle n’avait également pas d’autre choix que celui d’aller à l’école catholique. Le système scolaire en Irlande du Nord est en effet encore ségrégué entre catholiques et protestants, suite aux conflits qui ont opposé ces deux communautés jusqu’à la fin du XXème siècle.

Cela lui a causé quelques déconvenues, bien que globalement ce fut « une très bonne école qui acceptait les élèves ayant des difficultés ou des handicaps ».

« Je me souviens être rentrée du lycée un jour où l’on avait eu une leçon sur le fait d’être « pro-vie » [ndlr : pro-vie est le terme revendiqué par les anti-choix en Irlande du Nord sur la question de l’avortement]. J’avais un badge avec des pieds de bébés dessus mais je n’avais pas bien compris de quoi il s’agissait et dès que ma mère qui était très féministe m’a expliqué, je l’ai retiré. »

Par la suite, elle n’a eu de cesse de s’opposer à son professeur de religion.

« Il m’a dit que je n’aurais mon examen que si j’écrivais ce qu’on m’avait appris, ce qui était exactement le contraire de ce en quoi je croyais. »

S’en sortir coûte que coûte, la motivation de Rachel

Elle m’explique que son histoire, le milieu populaire duquel elle vient, l’ont conduite à comprendre très rapidement un certain nombre de choses autour de la notion de privilège.

« Mais on ne nous parle pas de ça à l’école, ce qui est vraiment dommage en passant, donc je n’ai vraiment pu articuler les concepts qu’au moment où j’ai mis les pieds à l’université. J’étais la première de ma famille à faire des études supérieures. D’ailleurs le premier jour, je ne me suis pas vraiment sentie à ma place.

Le professeur nous a demandé à tous de quel milieu on venait, si j’étais plutôt classe populaire ou classe moyenne. Je ne savais pas ce que ça voulait dire et j’avais le sentiment d’être la seule. »

Mais elle ne se laisse pas décourager. « J’ai toujours pensé que je réussirai à faire des études », m’explique-t-elle.

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Effectivement, elle obtient sa licence en Sciences politiques et économie.

« Le but était de faire de la finance, gagner de l’argent, acheter une maison à mes parents et nous sortir de cette situation médiocre. »

La découverte de la politique, une révélation

A force d’efforts elle parvient à travailler dans l’investissement bancaire, mais elle déchante vite.

« J’ai été horrifiée par le sexisme de cette industrie. Je me souviens de cette réunion, où j’accueillais les clients, leur tendant la main à la porte. Et ils passaient en m’ignorant. Il y a un moment j’ai pensé « mais qu’est-ce que je fais là, ce job ne me permet d’aider personne, même pas moi-même ».

J’ai décidé que l’argent n’était pas la seule chose qui comptait dans la vie. »

C’est en revenant d’un programme aux États-Unis, mis en place au moment des Troubles nord-irlandais (la fameuse période de conflit) et visant à « montrer à des étudiants d’Irlande du Nord à quoi ressemble un gouvernement qui fonctionne », qu’elle claque définitivement la porte de son ancien job.

« J’étais allée à Washington avec ce projet, j’y ai fait pendant deux mois un stage avec un élu démocrate au Congrès qui siégeait à la commission des finances et c’est comme ça que j’ai vraiment découvert la politique.

Ça m’a émerveillée de découvrir qu’on pouvait vraiment faire changer les choses parce qu’ici en Irlande du Nord, le milieu politique est assez sectaire, c’est difficile de faire évoluer la situation, c’est chaotique. Ça fait plus d’un an que nous n’avons plus de gouvernement, rien n’encourage les jeunes à se lancer dans les affaires publiques. »

Rachel, une étudiante sur-investie

Elle décide alors de poursuivre ses études et se lance dans un master « Transformation des conflits & justice sociale ».

« Je voulais m’investir pour ma communauté, dans des projets sociaux, pour les droits des femmes, des LGBT+, des minorités au sens large. J’ai dû me débrouiller pour financer ce nouveau diplôme, mais c’était tellement préférable au fait de se sentir coupable au travail. »

Elle se lance dans un mémoire au sujet de l’extrême droite américaine et de son impact sur les droits des minorités durant ces 100 dernières années.

« J’ai aussi étudié l’impact de Trump aujourd’hui, sur le féminisme intersectionnel, les droits des minorités, je suis retournée aux États-Unis pour rencontrer des personnes à tous les niveaux de responsabilité, du local jusqu’aux diplomates.

En parallèle, j’étais aussi très investie dans une première association qui venait en aide à des enfants pour faire de l’aide aux devoirs et dans une deuxième qui envoyait des bourses d’études pour des jeunes filles en Tanzanie. »

La charge de travail est immense, mais elle commence tout de même à imaginer faire campagne pour devenir représentante des étudiants. Ce qu’elle fait, malgré sa santé qui se détériore :

« En parallèle de tout ça, j’ai eu beaucoup de soucis. Je souffre d’arthrite psoriasique, de fibromyalgie, du syndrome d’hypermobilité des articulations. J’ai dû endurer de nombreuses chirurgies, accepter que parfois je ne pouvais pas travailler alors que je voulais être cette personne entreprenante que rien n’arrête. »

Comme je vous le disais au début de l’article, elle parvient en dépit de tout à se faire élire sur un programme pro-choix, à sa propre surprise.

Elle a depuis mis en place quantité de programmes, et notamment la campagne #HomeToVote, dont vous avez peut-être entendu parler au moment du référendum sur l’avortement en Irlande. Cette dernière partie de son parcours fera l’objet d’un second article !

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