Il y a maintenant un an, j’ai rompu avec le garçon l’homme avec qui j’étais en couple depuis plusieurs années. Ça faisait longtemps que j’y réfléchissais, sans oser franchir le pas, et il a fallu que j’attende patiemment et mollement d’avoir le déclic pour oser à nouveau voler de mes propres ailes.
Si j’ai dit cette phrase ? J’ai dit cette phrase. Si c’est cliché ? C’est cliché.
J’avais peur de plein de trucs en le faisant.
Les premières semaines, les angoisses me montaient presque constamment au cerveau : est-ce que j’allais réussir à tenir sans nouvelles de lui, à ne pas le rappeler avant qu’il ne me contacte, lui, pour m’en donner quand il l’aurait décidé ? Est-ce que j’arriverai à gérer la solitude alors que mes derniers six mois en tant que célibataire étaient bien loin derrière moi et m’avaient semblé si longs ? Est-ce que j’allais devenir un cliché hollywoodien qui passe son temps à pleurer et se morfondre ?
Eh bah grande nouvelle : j’ai survécu, et plutôt deux fois qu’une ! À tel point que je ne ressens pas ne serait-ce qu’une pincée de tristesse sur la ratatouille de cet article en forme de bilan. Alors voici à peu près ce que j’ai retenu de l’année qui vient de s’écouler, et les raisons pour lesquelles les craintes que j’avais se sont révélées fausses.
« J’ai peur d’être seule »
La dernière fois que j’avais été célibataire, j’étais dans un état d’esprit un peu nul. En fait, quand, à l’époque, je m’étais fait larguer, je partais déjà totalement perdante et je me trouvais plein d’excuses pour ne pas bien le vivre. « J’suis en coloc avec des filles qui sont toutes en couple tu comprends ça va être dur ». « Non mais on est restés amis alors j’ai peur de le voir avec une autre fille oh lala ».
Alors le jour, il y a douze mois, où j’ai levé les yeux vers mon ex et pris une grande respiration pour lui dire que je ne nous voyais plus vivre en couple, j’ai pensé à ça. Ça m’avait retenue chaque fois que j’avais pensé à la rupture avant le moment où j’ai osé mettre cette « envie » à exécution. « Je serai pas capable d’être seule à nouveau », je me disais.
Et j’avais tort.
On n’est jamais vraiment seule. Ce n’est pas parce qu’on est célibataire qu’on est seule. Il reste les amis, la famille, éventuellement, les gens de passage. Les confessions et le partage ne s’arrêtent pas au couple, les moments de joie non plus. J’avais eu tendance à oublier que je n’étais pas qu’une fille en couple et j’ai, du coup, perdu pendant trois ans la notice de construction des relations non-amoureuses, qui peuvent pourtant être toute aussi profondes et enrichissantes.
« Comme un puits de pétrole. C’est profond et ça enrichit drôlement. »
« Mais j’vais m’ennuyer ! »
Effectivement, passer du temps avec son binôme amoureux, au téléphone et sur Skype, ça prend vachement de temps. Renoncer à l’autre, c’est avoir plein de temps dont on ne sait pas forcément quoi faire…
Bon. Je sais pas ce que tu fais dans ces cas-là mais personnellement les premières semaines, j’ai utilisé ces heures disponibles pour :
- pleurer
- me donner des petites gifles pour arrêter de pleurer
- écrire des SMS suppliant l’ex de me dire qu’il allait bien alors qu’il m’avait demandé de ne pas lui demander de nouvelles avant qu’il veuille m’en donner
- les supprimer
- hyperventiler
- me demander si j’avais pris la bonne décision
- m’insurger de l’augmentation du prix des préservatifs en trois ans.
On s’ennuie pas vraiment quand on est triste, dis.
Et puis au fur et à mesure, j’ai réussi à comprendre où se trouvait l’un des plus gros bénéfices d’être nouvellement célibataire : on a plein de temps pour s’occuper de son avenir. Là, tous les trucs que j’avais jamais pu faire, j’avais désormais aucune raison de les laisser de côté.
Ça peut être se consacrer plus sérieusement à ses études, sortir davantage, écrire un bouquin, se remettre à la batterie, au dessin… J’ai fait quelques-uns de ces trucs et quand j’ai rencontré celui avec qui je me suis mise en couple pendant quelques mois, mon état d’esprit au début de la relation était, pour moi, beaucoup plus sain : je ne modelais plus ma vie selon la personne avec qui j’étais en couple, je modelais ma relation de couple naissante pour qu’elle soit compatible avec ma vie. C’est pas de l’égoïsme, à mes yeux, c’est simplement une façon différente d’entamer une relation amoureuse, en prenant un peu plus en compte ses propres envies.
Bon. Ça n’a pas marché avec lui et on s’est séparé, mais ce sont des choses qui arrivent.
« Tu verras tout ce qu’on peut faire si on est deux » chantait Patoche, ok, j’veux bien. Mais on peut aussi faire plein de trucs sinon aussi, hein.
« Je m’accorderai pas le droit d’être en couple avant un moment, par respect pour lui »
Oui alors bon, j’ai même pas eu trop à travailler sur cette idée : je suis simplement retombée amoureuse. Et tomber amoureux, ça n’enlève rien au respect qu’on a pour l’autre, c’est simplement beau et naturel. Comme un palmier. Ou un poussin. Ou un cheval galopant sur la plage.
Enfin comme un truc beau et naturel, quoi.
« J’suis vraiment faible de pas avoir sauvé mon couple »
Pour le coup, c’est pas vraiment une crainte que j’avais : j’étais simplement persuadée que rompre était un signe de faiblesse de ma part. J’ai grandi élevée par des parents qui sont mariés depuis trente ans. En les regardant, je me disais que j’aurais pu être plus forte, prendre sur moi, que les problèmes se seraient résorbés d’eux-mêmes.
Si un jour, tu te retrouves dans la même situation, et si ce jour, tu penses la même chose que moi, rappelle-toi d’un truc : tu es surtout plus forte de ta décision. Tu t’es fait confiance, tu as su quitter quelqu’un, renoncer à plein de trucs, affronter tes peurs. C’est pas un truc de mauviette. Meuf, t’es Terminator.
Terminator sans coupe en brosse, quoi. Enfin sauf si t’aimes ça.
J’ai pensé que la reconstruction serait longue, j’ai pensé que j’allais en chier, m’en vouloir, refuser d’être heureuse à nouveau… Et puis comme quand on voit un film d’horreur dans l’après-midi, qu’on se dit qu’on n’arrivera jamais à éteindre la lumière le soir venu et qu’on finit par oublier d’angoisser, j’ai… J’ai fini par ne plus penser à avoir peur.
Si j’ai eu aussi peur, si j’ai pris autant de temps, c’est parce que j’avais oublié un truc tout con : une rupture, quand on n’a pas d’attache de type enfants par exemple, c’est pas grave. Évidemment, ça brise le coeur, évidemment, c’est une véritable épreuve. Ça ne veut pas non plus dire qu’on devrait baisser les bras et quitter l’autre à la première difficulté. Mais on devrait en tout cas, enfin je crois, arrêter de dramatiser la séparation.
La dramatiser (dans mon cas en tout cas), c’est rendre un peu plus angoissantes toutes les autres étapes du couple en se parasitant l’esprit avec des « Et si un jour je l’aime plus ? », ou « Et si un jour il/elle me quitte ? ». J’ai laissé trop de fois ces questions m’envahir quand tout allait bien, avec lui, et avec d’autres. Ça m’a simplement empêchée de profiter à fond des moments cool, parce que je me mettais toute seule une épée de Damoclès au-dessus de la tête.
Alors que, finalement, quand l’une ou l’autre de ces interrogations se concrétise, eh bah… On aura vécu un joli truc et on finit toujours par s’en remettre, au fond. Et souvent, même, on en devient une personne un peu plus forte, un peu plus affirmée.
Ça c’est cool.
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