Le week-end dernier j’ai déménagé de chez moi. Enfin, de chez mes parents, comme j’essaie de m’habituer à dire. À tout juste 24 ans, j’ai quitté le domicile familial avec mon pillow pet Patrick, mes cartons de fringues, de LEGO, de trucs pour cuisiner et de souvenirs. Bon en vrai c’est juste pour l’image : j’ai pas mis tous mes souvenirs dans un carton parce que mon studio n’est pas très grand… mais je m’étais pas assez préparée à l’avalanche d’émotions qui m’envahirait en partant.
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Un cocon confortable
« Woody est mon meilleur ami depuis toujours. »
Dans ma famille (nombreuse), on a toujours été très fusionnels. L’année de la cinquième, j’ai déménagé dans la maison que j’ai quitté le week-end dernier et ce changement a coïncidé avec mon entrée au collège. Comme pour beaucoup, j’ai pas trop roulé sur le bonheur à ce moment-là… Durant ces années, j’ai pu compter sur ma famille aimante pour me soutenir et m’écouter.
Je pourrais pas vous décrire comme j’ai détesté cette ville et tous les gens qui me rappelaient à quel point j’étais malheureuse et mal dans ma peau. Le seul endroit de paix était ma maison, ma chambre d’ado remplie de vieux
Star Club dans laquelle je pouvais être moi-même sans me faire continuellement insulter pour ce que j’étais. Une vraie bouffée d’air frais quand j’avais juste envie de me cacher sous une couette et d’en ressortir 10 ans plus tard avec une vie parfaite ! Avec le temps évidemment, j’ai grandi, et pendant les années lycée et fac (pile quand j’ai découvert madmoiZelle, zéro coïncidence), j’ai pu m’affirmer et évoluer.
Bien sûr, en faisant mes cartons, je me suis pris tout ça en pleine face. C’est toujours pile quand on part qu’on se souvient de tout ce qui nous donne envie de rester. J’ai pensé à mes petits frères, à ma petite soeur dont j’aurais voulu davantage profiter… et j’ai eu la sensation qu’on m’enlevait une partie de moi. Comme une idiote j’ai regardé de vieilles photos, je me suis accrochée aux derniers moments que je pouvais passer avec ma famille en profitant au maximum et puis je suis partie. C’est que j’étais bien dans cette maison, j’avais assez à manger, pas trop de « soucis d’adulte » et une super connexion Internet !
Prendre son indépendance, c’est bien aussi (le confort c’est surfait)
Bon évidemment, je dépeins tous les aspects positifs de la vie chez mes parents parce que je viens de partir et que tous ces souvenirs twerkent encore sur mon coeur. Mais en grandissant, on change de façon de penser, de s’habiller et même d’aimer les choses.
Je ne me suis pas toujours entendue avec mes parents, au contraire, et ma personnalité ne s’est pas toujours accordée avec celle de mes frères, normal. J’ai souvent eu envie de partir, de faire ma valise et me barrer au plus vite. Je ne me suis pas gênée pour le dire clairement à ma famille et je l’ai regretté ces derniers jours parce que dans ces moments-là j’oubliais tout ce dont j’ai parlé dans la première partie de l’article. On est pas particulièrement futé•e quand on est en colère…
Ce que j’ai doucement réalisé, c’est que j’avais besoin d’indépendance et d’air ; je me suis pas gênée pour me servir comme sur un buffet à volonté rempli de sorties entre amis.
« Je me débrouille tellement bien toute seule que là, je viens de trouver une conserve de haricots »
En prenant cette indépendance j’ai appris qu’on pouvait aimer quelqu’un tout en étant en désaccord sur quelques choses essentielles. Mais j’ai aussi réalisé qu’on était pas obligé de voir ce quelqu’un tous les jours pour l’aimer. Alors oui, ça m’emmerde de louper les dernières blagues, de ne pas parler avec mon frère à travers les murs de nos chambres et de ne pas être là quand mes proches auront besoin de me parler mais parfois, il est nécessaire de s’éloigner pour mieux apprécier les gens qu’on aime. C’est plutôt cool de pouvoir pleinement kiffer un moment en famille parce qu’on ne pense plus aux disputes nulles de tous les jours qu’on peut avoir en vivant avec !
J’ai déménagé pour pouvoir me rapprocher de mon travail et de mes amis mais surtout pour pouvoir vivre avec mon copain et créer un nouveau cocon avec de nouveaux souvenirs.
Déculpabiliser pour pouvoir profiter (et grandir au passage)
Ce week-end, j’ai été partagée entre la hâte qu’on ressent avant de se lancer vers l’inconnu, la culpabilité de rendre ma famille triste et celle d’être triste moi-même, parce que je n’avais pas envie de donner l’impression à mon mec que je ne voulais pas emménager avec lui. Et puis à force d’en parler et de m’installer dans mon nouveau nid, j’ai réalisé que c’était tout à fait normal et humain d’être triste.
Partir de chez mes parents a juste été la preuve qu’ils m’avaient assez bien élevée pour qu’un jour j’ai le courage nécessaire pour m’envoler de mes propres ailes. C’est un peu niais et ça ressemble pas mal à une carte postale avec une colombe dessus, dit comme ça, mais c’est ainsi que je l’ai vécu. Maintenant, je suis heureuse d’avoir grandi et d’avoir trouvé le courage de me prendre en main comme une adulte indépendante ; pour ça, je ne pourrai jamais assez remercier ma famille.
Dans Toy Story 3, Andy dit à sa mère qu’elle sera toujours avec lui, sous-entendu dans son coeur. C’est un peu ça : mes parents sont un peu là à chaque fois que je fais quelque chose qui me fait peur ou qu’ils faisaient à ma place quand j’étais enfant. Comme si j’étais dans Le Roi Lion et qu’ils étaient Mufasa dans le ciel, mais version vivants quoi.
J’ai fait mes cartons en emportant mes moules à glace, mes chaussures et mes figurines Adventure Time, mais le truc qui n’a pas eu besoin de papier bulle c’est tout l’amour et la confiance en moi que ma famille a pu m’apporter ces dernières 24 années. Et ça c’est plutôt cool parce que j’aurais jamais eu assez de cartons Picard pour le contenir !
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Les Commentaires
Quand je suis entrée en terminale j'ai annoncé à ma mère que je souhaitais partir, pour vivre avec mon copain, et pour faire mes études à Caen, sa réaction n'a pas était super chaleureuse... Pendant toute mon année de terminale ça a vraiment chiant, vu qu'elle m'engueulait tous les jours, essayait de me décourager (j'ai du fouiller dans ses affaires pour avoir son avis d'imposition par exemple, vu qu'elle refusait de me le donner, et sans ça, pas de bourses pour la fac)
Elle voulait que je reste ici, et que je prenne tous les jours le train (Ce qui n'était vraiment pas possible). Quand après quelques mois, elle a vu que je ne céderais pas, elle m'a proposé de vivre dans le petit studio à côté de chez nous (qui était ma chambre) pour que j'y vive avec mon copain, contre un loyer bien sûr
Quand le bac est arrivé (et donc, bientôt mon départ), elle m'a dit qu'elle m'aimait moins qu'avant et que seuls les gens qui avaient les moyens pouvaient faire des études, elle a commencé à me voler aussi, et a m’insulté, du coup je suis partie chez mon copain. On a tous les deux eu notre bac avec mention, et nous nous sommes vite installés ensemble o/
J'ADORE VIVRE SANS MA FAMILLE ! Ma mère est vraiment empoisonnante ; j'ai une soeur plus jeune de deux ans qui était partie vivre chez mon père quand elle est rentrée au collège car elle n'en pouvait plus (elle est revenue il n'y a pas longtemps pour soigner son anorexie, mais elle est repartie juste après son bac, et là elle traîne chez des amies. Elle préfère vivre dehors plutôt que de retourner chez elle) et mon autre soeur de 14 ans, m'a confié qu'elle voulait fuguer.
Je rentre deux fois par mois pour voir mes frères et soeurs, et même si au tout début je culpabilisais un peu de les laisser, plus maintenant ! Je suis très heureuse d'avoir quitté ma famille et je préfère être à distance de tout ça.
ENFIN BREF, désolée pour le déballage de vie