Le 1e novembre, un compte Twitter intitulé ÉquipierQuick a été créé : Nicolas Canut, qui en est propriétaire et qui était jusqu’à aujourd’hui resté anonyme s’est évertué à y décrire son quotidien en tant qu’employé pour la chaîne de fast-food, afin de faire connaître ses conditions de travail plus ou moins agréables et l’hygiène plus ou moins bonne du restaurant qui l’emploie. Il évoquait par exemple l’arrivée d’une nouvelle manager dont il vivait mal la façon de faire :
… Ou évoquait le mal-être de certains de ses collègues :
…Mais n’hésitait pas à dire quand les choses se passent au mieux et que l’ambiance est à la rigolade entre deux fournées de chicken dips :
Avec le temps, EquipierQuick a gagné une certaine notoriété, si bien qu’il est depuis la mi-novembre régulièrement contacté pour des interviews. Toutefois, il n’avait toujours pas officiellement dévoilé son identité ni précisé le restaurant dans lequel il travaille. Tout ce qu’on savait, c’est qu’il était situé dans la région PACA et qu’il voulait en dénoncer le fonctionnement ainsi que les pressions qu’il subissait au quotidien.
Peu de temps après les premiers tweets d’ÉquipierQuick, une certaine Vavalrie rentrait en contact avec lui en se présentant comme une responsable de la communication du géant du fast-food (il s’agissait en réalité de Valérie Raynal, directrice de la communication institutionnelle et RP). Elle affirmait à Slate, dans un article du 22 novembre, que le restaurant en question (pas franchisé mais géré par Quick France) était un cas isolé, et assurait que la firme ne cherchait pas à l’identifier pour le licencier. Mais coup de théâtre : ÉquipierQuick affirmait hier encore avoir été suspendu de son poste il y a plus d’un mois.
Que s’est-il passé pour que Quick France change de stratégie à son égard ? Dans un des posts de son blog, ÉquipierQuick avance qu’un édito publié sur Mlactu a fait enrager la chaîne de fast-food, et pour cause : le site ironisait sur le fait que Quick France avait fait l’actualité il y a deux ans suite au décès d’un adolescent des suites d’une intoxication alimentaire survenue après un repas dans le Quick de Cap-Sud à Avignon. ÉquipierQuick écrit alors :
« C’est cet édito de MlActu.fr qui a mis le feu à la société France Quick SAS. Qui a décidé, en quelques heures, et en plein dimanche, de mobiliser les Ressources Humaines et ses avocats parisiens, afin d’arrêter ce « bad-trip » comme le soulignait à l’époque RTL.be (avec qui je n’ai jamais eu de contact). Les indices étaient maigres mais… puisque l’édito insistait sur le restaurant Cap-Sud d’Avignon (dans le Vaucluse, au fait !), les dirigeants, en colères, étaient sûr et certains qu’il s’agissait de ce restaurant. »
Hier, Quick France publiait un communiqué annonçant son intention de traîner l’affaire devant la justice pour « mettre ÉquipierQuick face à ses responsabilités et l’obliger à assumer les conséquences de ses agissements ».
Dans une interview accordée à Midi Libre publiée aujourd’hui même, ÉquipierQuick s’exprime sous sa véritable identité : il s’appelle Nicolas Canut, est bien employé du Quick Cap-Sud d’Avignon et répond aux rumeurs qui le prétendent journaliste.
« Non, c’est complètement faux ! », déclare-t-il au quotidien local. Pourtant, Nicolas Canut a un compte Twitter à son nom ; s’il est protégé, on peut tout de même lire sur sa bio qu’il se décrit comme un « journaleux piégé dans sa bulle de communication et publicitaire sur divinecomedie.tv »… Ce compte Twitter, relayé à un profil sur Le Plus du Nouvel Obs actif depuis au moins 2011, à son nom, où il est décrit comme un « étudiant-journaliste », lui appartient-il ou est-ce un fake ? Il n’a pour l’instant pas répondu à notre tentative de rentrer en contact avec lui, auquel cas nous aurions pu éclaircir ce point.
Dans son entretien pour Midi Libre, il se montre également confiant quant à la plainte de Quick France :
« Cette fois-ci, je suis prêt à repartir en justice face à Quick France. Tout cela aurait pu se régler en interne, mais ils ont mis le feu en balançant un communiqué affirmant qu’ils allaient m’attaquer. Cela tombe bien, j’ai aussi des choses à dire sur l’hygiène. »
Une certaine Stéphanie qui l’interpelle sur Facebook et Twitter invite à taper son nom sur Google pour constater qu’il n’en est pas à ses premiers démêlés avec la justice. Et en effet : en Picardie comme dans la région PACA, un certain Nicolas Canut a porté plainte à plusieurs reprises. Dans l’Aisne, il a porté plainte contre son lycée où il était victime d’homophobie, puis il a porté plainte contre son père pour obtenir une pension alimentaire, avant de porter plainte contre un procureur en septembre 2009 pour non-assistance à personne en danger car il n’avait pas répondu à ses trois requêtes officielles pour demander à ce que son père soit forcé de lui verser une pension alimentaire. En décembre de la même année, il s’attaquait à Facebook pour avoir laissé en ligne des groupes à caractère homophobe. Des utilisateurs des réseaux sociaux, comme Stéphanie, mettent alors en avant son côté procédurier. Dans l’entretien avec Midi Libre, il balaie ces accusations :
« J’ai effectivement eu des démêlés avec la justice lorsque je me suis retrouvé face à mon père. En Picardie, je suis également allé au tribunal suites à de sérieux problèmes avec mon lycée. Mais tout cela, je m’en serai bien passé. »
Reste à voir si on peut s’attaquer à une si grosse firme sans y laisser quelques plumes de poulet frit.
Et toi, penses-tu qu’il était de son devoir de rendre public les supposés manques d’hygiène du restaurant dans lequel il était employé et ses conditions de travail, ou qu’il aurait mieux fait de se taire ou de s’y prendre autrement ? Et que penses-tu plus généralement du fait de balancer les coulisses de l’entreprise dans laquelle on travaille sur Internet ?
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Dans le cadre d'un poste à création, la charte ciblera l'interdiction de révéler par exemple le titre d'un film, les acteurs, le budget, etc.