Ne sachant pas quel pronom Claude Cahun préférait de son vivant, nous la genrons ici au féminin, comme la plupart de ses biographies et autres articles lui étant dédiés. Son expression de genre suggère néanmoins qu’elle ne se reconnaissait pas forcément dans une vision binaire du masculin-féminin, ce qui est aussi le cas de certaines personnes faisant partie de son entourage.
Pour son Doodle du jour, Google a décidé de mettre en avant Claude Cahun, une écrivaine et photographe française née le 25 octobre 1894 et dont l’œuvre ne fut reconnue à sa juste valeur qu’après sa mort.
De Lucy Schwob à Claude Cahun
Née le 25 octobre 1984 à Nantes, Claude Cahun, de son vrai nom Lucy Schwob, grandit dans une famille juive aisée — son père, Maurice Schwob, est le propriétaire du journal républicain Le Phare de la Loire.
Malgré une qualité de vie confortable, l’enfance de Lucy est compliquée : sa mère souffre de démence et la jeune fille est victime d’antisémitisme dans son lycée de Nantes, ce qui pousse son père à l’envoyer étudier en Angleterre, dans le Kent, pour un an, entre 1907 et 1908.
En 1914, elle publie ses premiers textes dans la revue le Mercure de France, sous le pseudonyme de Claude Courlis, puis de Claude Cahun en hommage à sa grand-mère paternelle. En choisissant un prénom mixte, elle brouille les pistes sur son identité de genre, sujet qui l’inspirera tout au long de son œuvre (de genre neutre, elle estimait que « les étiquettes sont méprisables » et aimait jouer avec son apparence physique).
En 1918, la jeune femme part faire des études de Lettres à Paris. Elle est accompagnée par Suzanne Malherbe (qui se fera ensuite appelée Marcel Moore), une amie de longue date dont elle est tombée amoureuse. Les deux artistes ne se quitteront plus et formeront un couple jusqu’à la mort de Claude, en 1954.
Claude Cahun, entre surréalisme et résistance
De 1922 à 1936, Claude enchaîne les projets : elle dessine les costumes du film La Dame masquée de Victor Tourjansky, se met au théâtre, publie des textes qu’elle illustre avec des photographies (Aveux non avenus, Le Cœur de Pic etc.) et se rapproche du mouvement surréaliste.
Très engagée pour les droits des femmes lesbiennes et des hommes homosexuels, elle prête aussi sa plume aux revues Inversions et Amitié, dont la projet est de « proclamer sans cesse que les invertis sont des gens normaux et sains ».
En 1938, Claude et Marcel s’installent sur l’île anglo-normande de Jersey, où elles ont acheté une ferme.
En 1940, Jersey passe sous occupation allemande. Pendant trois ans, les deux femmes vont rédiger et diffuser des tracts pacifistes à destination des soldats allemands. Elles sont découvertes en 1943, arrêtées en 1944 et condamnées à mort un an plus tard (l’île ne sera libérée que le 9 mai 1945).
Après leur libération, en 1945, les deux femmes rentrent chez-elles mais retrouvent leur maison dévastée. Fragilisée par la guerre, Claude Cahun s’éteint quelques années plus tard, le 8 décembre 1954, sans que son œuvre soit reconnue.
Il faudra attendre les années 1990 pour que son travail soit redécouvert, notamment grâce à l’exposition du Musée d’art moderne de la Ville de Paris, en 1995. Ses œuvres sont principalement conservées au Jersey Heritage Trust, au Musée des Beaux-Arts de Nantes, à la Bibliothèque municipale de Nantes, à la Bibliothèque Littéraire Jacques Doucet à Paris, et dans des collections privées.
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Crédits photos image de Une : Claude Cahun, Le Cœur de Pic
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