À l’occasion du 8ème Congrès mondial contre la peine de mort, organisé du 15 au 18 novembre à Berlin, l’avocate iranienne Nasrin Sotoudeh a été nommée Lauréate du prix Robert-Badinter. Cette récompense, du nom de la figure de l’abolitionnisme en France, lui a été décernée en reconnaissance de son combat pour les droits humains en Iran. Retenue dans son pays sous les menaces du régime iranien, c’est Mahmmod Amiry-Moghaddam, directeur d’Iran Human Rights (IHR) qui a reçu son prix, des mains de l’ancienne garde des Sceaux française, Christiane Taubira.
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Le symbole de la lutte contre la peine de mort
Nasrin Sotoudeh, 59 ans, a consacré sa carrière d’avocate à la lutte contre la peine capitale en Iran. Il serait même plus juste de dire qu’elle y a consacré sa vie, allant jusqu’à frôler la mort. En mars 2019, la militante avait été condamnée à 33 ans de prison (seule la peine la plus lourde, 10 ans, doit être effectuée), et 148 coups de fouet, notamment pour avoir défendu le droit des Iraniennes à ne pas porter le voile dans les espaces publics, mais aussi pour avoir participé à un rassemblement contre la peine de mort. Après avoir entamé une grève de la faim, qui a duré 45 jours, l’avocate avait été hospitalisée d’urgence en novembre 2020. Elle demeure, pour le moment, loin de sa cellule.
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La voix des manifestants en Iran
Quelques jours avant l’attribution de son prix, la militante avait adressé une lettre aux 1500 congressistes, venus de 128 pays différents. « Moi, Nasrin Sotoudeh, avocate et prisonnière politique en Iran, je demande au monde entier et à ce congrès d’être les yeux et les oreilles des Iraniens en ces jours difficiles, écrivait-elle alors. Des jours où des jeunes gens qui ont utilisé leur droit légal de participer aux manifestations « Femme, Vie, Liberté » sont injustement condamnés à mort ». L’avocate fait ici référence aux cinq manifestants condamnés à la peine capitale au mois de novembre. Depuis la mort de Mahsa Amini, le 16 septembre, les manifestations contre le régime de Téhéran se multiplient. L’étudiante de 22 ans, arrêtée par la police des mœurs sous prétexte que son voile ne couvrait pas suffisamment ses cheveux, était décédée suite à des violences perpétrées lors de son arrestation. En 2 mois, déjà 342 personnes sont mortes lors des manifestations.
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