La Financière immobilière bordelaise (FIB), principale société de l’homme d’affaires Michel Ohayon, a été placée en redressement judiciaire, vient de révéler Libération le 16 février 2023, avant que ne le confirme le tribunal de commerce de Bordeaux. Elle a été déclarée en cessation de paiement le 7 février à la demande de son propriétaire, si bien qu’un administrateur et un mandataire judiciaires ont été nommés pour une période d’observation de 6 mois.
Si son nom ne vous dit rien, il est complètement lié à ceux de Go Sport et Camaïeu. Michel Ohayon, né en 1961 à Casablanca, s’affirme en France comme un homme d’affaires, propriétaire de la holding Financière Immobilière Bordelaise (FIB pour les intimes) et de parts dans la division Retail du groupe FIB, Hermione People & Brands (HPB).
Michel Ohayon avait racheté pour 1 € Camaïeu, Go Sport et Gap France
C’est à travers HPB que Michel Ohayon a racheté successivement Camaïeu, Go Sport, et Gap France, pour 1 € symbolique, au début de la crise du Covid en France. Or, la première marque a été placée en liquidation judiciaire en septembre 2022, avant d’être rachetée par Célio 1,8 million d’euros en décembre 2022. Quant aux deux autres, elles se trouvent actuellement en redressement judiciaire et cherchent repreneurs et investisseurs, avant la date limite de dépôt des dossiers de reprise fixée au 10 mars 2023, précise le média spécialisé Fashion Network.
L’homme d’affaires Michel Ohayon, lié à un scandale immobilier à Marseille
S’il officie surtout depuis Bordeaux, le nom de Michel Ohayon résonne aussi beaucoup du côté de la cité phocéenne. Sa holding financière immobilière y opère sous le nom de société foncière FCT Marseille SNC. Cette dernière a vendu sur plan une centaine de logements dès 2016, qui n’ont jamais été livrés depuis. Les promoteurs ont fait pression sur plusieurs familles acheteuses pour qu’elles paient parfois jusqu’à 90 % de la somme de l’appartement, bien avant la construction desdits logements, de quoi les endetter avant même d’accéder à la propriété. Accès qui n’est pas près d’advenir puisque les entreprises du BTP censées travailler sur ce projet nommé « Bao » n’ont pas été payées non plus et refusent donc de continuer, comme le relève Mediapart :
« Sur le site Infogreffe.fr, on peut ainsi constater qu’entre la fin 2021 et le début 2022, quatre décisions de justice ont condamné la société foncière FCT Marseille SNC, et solidairement la FIB, à payer au total 6,3 millions d’euros aux entreprises du bâtiment lésées sur ce chantier, selon nos calculs. Affaire réglée ? Non, car, selon nos informations, même après les décisions de justice, la FIB rechigne toujours à payer la totalité de ce qu’elle doit à ces entreprises, arguant aux huissiers mandatés qu’elle n’a plus d’argent sur ses comptes bancaires ! »
3 hôtels de luxe de Michel Ohayon maintenant placés en redressement judiciaire
C’est ce qui permet au média d’investigation de surnommer Michel Ohayon « le fossoyeur », alors même que sa société FIB prétend disposer d’un patrimoine de 1,5 milliard d’euros. Un nouveau scandale vient encore éclabousser l’homme d’affaires : trois autres de ses holdings viennent d’être placées en redressement judiciaire pour non-remboursement de plus de 200 millions d’euros d’emprunts, d’après le tribunal de commerce de Bordeaux, le 6 février 2023.
Comme l’avait déjà révélé Le Monde le 3 février 2023, les trois holdings en question avaient permis le financement de l’exploitation ou du rachat de trois hôtels de luxe : le Grand Hôtel de Bordeaux, le Waldorf Astoria Trianon Palace de Versailles et le Sheraton de Roissy (à l’aéroport Charles de Gaulle).
Après Go Sport et Camaïeu, les Galeries Lafayette de Michel Ohayon angoissent
Suite à cet énième scandale autour de l’homme d’affaires, les salariés de Gap France et de Go Sport s’inquiètent, et à juste titre. À noter que sa holding HPB détient également 26 Galeries Lafayette en région, ainsi que certains La Grande Récré et Café Legal.
Effectivement, ça n’a pas manqué : les 750 salariés de 26 magasins des Galeries Lafayette dénoncent depuis le 9 février 2023 un manque de transparence de leur direction et appellent à des débrayages (c’est-à-dire une cessation du travail, un mouvement de grève) massifs mardi 14 février dans le but d’obtenir des informations de la part de leur maison mère, HPB, donc de Michel Ohayon. Ces salariés avaient déjà exercé leur droit d’alerte en décembre 2022 afin d’obtenir des informations sur la situation d’HPB. En vain, rapporte Challenges. Dans un communiqué, les syndicats CFDT, CGT, CFE-CGC et CFTC des Galeries Lafayette précisent leur angoisse : « Les projets qui avaient été annoncés sont au point mort, l’effectif est réduit au minimum […], le blocage des livraisons de marchandises depuis quelques jours renforce encore les craintes des représentants du personnel sur la pérennité de l’entreprise et de ses 750 emplois. »
Le 17 février 2023, l’homme d’affaires bordelais a enfin annoncé auprès de Sud Ouest sa volonté de placer en redressement judiciaire les 26 magasins Galeries Lafayette qu’il contrôle en France. Combien d’enseignes françaises Michel Ohayon va-t-il donc entraîner dans sa chute, qui semble bien inexorable ?
Crédit photo de Une : Capture d’écran du site groupehpb.com
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Les Commentaires
Michel Ohayon va placer ses magasins Galeries Lafayette en redressement judiciaire
N'empêche ça doit être très rentable pour lui de mettre tout ça en redressement judiciaire. Mais quel dommage que ça un impact très néfaste sur les salarié.e.s surtout avec l'évolution récente de Pôle Emploi.