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Société

Liz Truss, la très probable future Première ministre du Royaume-Uni, est-elle une alliée des femmes ?

L’actuelle ministre des Femmes est donnée gagnante face à son adversaire Rishi Sunak dans l’élection au sein du parti conservateur. Elle devrait ainsi succéder à Boris Johnson et devenir la prochaine Première ministre du Royaume-Uni. Qui est Liz Truss ? Et surtout, les femmes vont-elles y gagner à la voir à la tête du pays ?

Article publié le 10 août.

Les sondages la donnent largement gagnante à l’élection qui doit se dérouler au sein du parti conservateur : Liz Truss, 47 ans, qui cumule actuellement les postes de secrétaire d’État aux Affaires étrangères et de ministre des Femmes et des Égalités, est la favorite pour être élue non seulement à la tête du parti, mais aussi pour prendre le poste de Première ministre, après la démission de Boris Johnson début juillet.

Les quelques 160 000 personnes adhérentes du parti conservateur doivent donc voter par correspondance durant le mois d’août et ont jusqu’au 2 septembre pour le faire. Le résultat sera connu le 5 septembre. Liz Truss a réussi à passer devant Rishi Sunak, son principal adversaire et ancien ministre des Finances, qu’elle devance avec 58% de soutien en sa faveur contre 26%.

Si elle est élue, elle deviendrait alors la troisième femme à prendre la tête du pays et à prendre ses quartiers au 10 Downing Street, trois ans après Theresa May, et plus de trente ans après l’indéboulonnable Margaret Thatcher. Les comparaisons avec la Dame de fer vont d’ailleurs bon train, au point que Liz Truss a même été accusée de multiplier les clins d’œil vestimentaires à la femme politique, notamment lors d’un débat en juillet, elle a opté pour une chemise blanche à gros nœuds, d’une ressemblance troublante avec celle que Margaret Thatcher portait en 1979 lors d’une émission.

liz truss margaret thatcher tweet
Andrew Gunn (Twitter)

Une comparaison qu’elle-même dénonce comme « frustrante », notant à juste titre qu’aucun de ses prédécesseurs n’a eu à souffrir de ce petit jeu.

Alors qui est-elle ?

liz truss downing street
Office of U.S. Ambassador to U.K., Public domain, via Wikimedia Commons

Liz Truss, une féministe « Destiny’s Child »

Liz Truss est une candidate qui « joue la carte de la personne ordinaire qui comprend bien les préoccupations des gens », selon Sir John Curtice, professeur de politique à l’Université de Strathclyde, interrogé par France 24. Attendue pour relever le niveau du pouvoir d’achat, Liz Truss a mis au cœur de son programme la promesse de baisser les impôts.

Refinery29 a voulu voir si l’arrivée de Liz Truss à la tête du Royaume-Uni était une bonne chose pour les femmes. D’ores et déjà, son programme économique peine à convaincre Mary-Ann Stephenson, directrice du Women’s Budget Group, une ONG qui promeut une approche basée sur l’égalité entre les genres de l’économie : « La plupart des gens les plus défavorisés, qui n’ont pas les moyens de nourrir leurs enfants, ne vont pas vraiment profiter des baisses d’impôts. Ceux qui en bénéficieront le plus sont ceux qui ont une bonne situation et qui paient déjà plus d’impôts. »

Liz Truss se décrit comme une « féministe à la Destiny’s Child », comme elle l’a déclaré lors d’un événement de BBC Politics en 2019, pour qui « les femmes devraient être indépendantes. ».

« Je crois qu’elles devraient être indépendantes, qu’elles devraient être encouragées à lever les barrières, qu’on les aide à atteindre des objectifs, alors que le Parti travailliste préfère dépeindre les femmes comme des victimes, qui ont d’une aide particulière et d’un traitement particulier. »

liz truss destiny’s child feminisme
BBC Politics (Twitter)

Une référence au girls band de Beyoncé pour tenter de se mettre les féministes dans la poche ? Ce n’était même pas la première fois que Liz Truss citait la chanson Independent Women, un gimmick qui montre surtout que l’aspirante Première ministre ne semble pas vraiment vouloir s’adresser à toutes les femmes, mais surtout à celles qui ont des velléités d’entrepreneuses.

liz truss beyonce independent women

Liz Truss, le meilleur choix pour garantir le droit à l’IVG ?

En tant que secrétaire d’État aux Affaires étrangères et ministre des Femmes et des Égalités, Liz Truss aurait pu être attendue sur le sujet du droit à l’IVG, après la révocation de Roe vs. Wade aux États-Unis. Problème, elle est restée particulièrement discrète, malgré les appels du British Pregnancy and Advisory Service à condamner la décision de la Cour suprême.

Liz Truss renâcle-t-elle à aborder ce sujet, elle qui s’est d’ailleurs abstenue à plusieurs reprises en tant que députée sur des mesures visant à améliorer l’accès à l’IVG ? Elle s’est toutefois montrée favorable à la décriminalisation de l’avortement en Irlande du Nord en 2019.

En outre, elle est aussi très critiquée, y compris dans son propre camp politique pour un retour en arrière significatif concernant un engagement du Royaume-Uni sur la question de la protection des droits sexuels et reproductifs. Dans un texte signé par plusieurs pays, la mention d’engagement « à abroger toutes pratiques dangereuses ou restreignant les droits des femmes et des filles à la santé sexuelle et reproductive et à l’autonomie et à l’intégrité corporelle » a été retirée.

« Les raisons qui ont conduit au retrait des sections sur la santé sexuelle et reproductrice sont floues, surtout à un stade aussi avancé et apparemment sans consultation ni discussion » s’est inquiétée une députée conservatrice Caroline Nokes, qui a écrit à Liz Truss pour obtenir des explications sur ce volte-face.

Cette parlementaire s’inquiète par ailleurs d’avoir vu Liz Truss confier à Fiona Bruce, une autre députée connue pour ses positions anti-avortement assumées, de la représenter lors du ForB Forum, un événement consacré à la protection des libertés religieuses, où étaient présentes plusieurs personnalités engagées contre les droits des femmes et des personnes LGBTI+.

Enfin Liz Truss s’est illustrée par son opposition aux réformes du Gender Recognition Act, mis en œuvre en 2004, et qui visaient à faciliter le changement d’état civil des personnes trans. Un enjeu qui n’est pas « prioritaire » à ses yeux.

En 2021, elle déclarait qu’il ne serait pas juste que les personnes trans puissent s’identifier comme elles le souhaitent « sans vérifications ni contrepoids dans le système ».

Une femme au pouvoir est-elle forcément une garantie d’une politique féministe ? On ne le sait que trop bien, la réponse est évidemment non. Et la possible arrivée de Liz Truss au pouvoir risque bien de le prouver une nouvelle fois.

À lire aussi : Contrairement à ce que croit 1 Française sur 2, non, Marine Le Pen n’est pas féministe

Crédit photo : Foreign, Commonwealth & Development Office and The Rt Hon Elizabeth Truss MP, OGL 3 , via Wikimedia Commons


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

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Avatar de Cleos
5 septembre 2022 à 14h09
Cleos
J'ai roulé des yeux SI FORT en lisant l'article!
Bon déjà
Attendue pour relever le niveau du pouvoir d’achat, Liz Truss a mis au cœur de son programme la promesse de baisser les impôts.
LOL! Les ménages en galère qui en payaient de toute façon déjà pas vont vachement en profiter tiens... La théorie du ruissellement, toujours un grand succès comme on le sait.
Et alors celle-là :
« Je crois qu’elles devraient être indépendantes, qu’elles devraient être encouragées à lever les barrières, qu’on les aide à atteindre des objectifs, alors que le Parti travailliste préfère dépeindre les femmes comme des victimes, qui ont d’une aide particulière et d’un traitement particulier. »
Ou comment dire qu'un comprend rien au concept de discrimination systémique et que si les femmes galèrent bah hé, elles ont qu'à se sortir les doigts aussi!
Margaret on t'as reconnue hein.
Je rajouterai qu'elle est bien chaude pour maintenir l'expulsion des demandeurs d'asile vers le Rwanda.
Ca promet.
2
Voir les 2 commentaires

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