Après le coup d’envoi jeudi 20 juillet de la Coupe du Monde féminine de football 2023, la capitaine de l’équipe du Maroc était face aux journalistes dimanche, veille du premier match de son équipe contre l’Allemagne (qui a malheureusement abouti à une défaite cinglante).
Lors de la conférence de presse, un journaliste de la BBC lui a alors demandé de se prononcer sur la condition des femmes lesbiennes au Maroc, où l’homosexualité est punie par la loi.
Question politique ou appel à « outer » les joueuses ?
« Au Maroc, il est illégal d’avoir une relation homosexuelle. Avez-vous des joueuses lesbiennes dans votre équipe et à quoi ressemble leur vie au Maroc ? » a-t-il demandé à la capitaine Ghizlane Chebbak, visiblement mal à l’aise face à la question posée.
Le modérateur de la conférence de presse n’a pas tardé à intervenir : « Désolé, mais ce sujet est extrêmement politique, tenons-nous-en aux questions en rapport avec le football ». Et le journaliste d’insister : « Non, ce n’est pas politique. Ça concerne les gens, ça n’a rien à voir avec la politique. S’il vous plaît, laissez-la répondre ». La footballeuse n’a pas souhaité répondre et la conférence de presse a été écourtée quelques minutes plus tard.
Un cadre légal répressif
Comme le rappellent nos consœurs du ELLE, au Maroc, les relations homosexuelles sont soumises à de lourdes peines « allant de six mois à trois ans d’emprisonnement », assorties d’amendes « de 120 à 1 200 dirhams, selon l’article 489 du Code pénal marocain ».
Loin d’inviter seulement la capitaine à une prise de position personnelle, le journaliste l’a incitée à révéler si ses coéquipières étaient lesbiennes. Une information qui risquerait de les mettre en danger et qui n’appartient qu’à ces mêmes joueuses de divulguer ou non.
« Demander à une joueuse si ses coéquipières sont homosexuelles et comment cela les affecte, quand vous savez que ce n’est pas permis, est bizarre et hors de propos », a déploré Shireen Ahmed, journaliste de CBC Sport, citée par CNN et dont les propos ont été repris par nos consoeurs du ELLE. « La capitaine ne peut pas outer ses joueuses ni commenter la politique car cela pourrait être dangereux pour elles aussi », abonde Shireen Ahmed.
La BBC a reconnu que la question de son journaliste était « inappropriée » et a présenté ses excuses lundi 23 juillet. Ni la Fédération royale marocaine de football, ni la Fifa n’ont pour l’instant réagi.
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