Elle est l’une des figures principales dans l’enquête sur la présumée corruption au sein du Parlement européen, révélée par le quotidien belge Le Soir. Eva Kaili, élue grecque de 44 ans, a été suspendue de ses fonctions de vice-présidente du Parlement européen samedi 10 décembre, et placée en détention le lendemain, dans le cadre d’une enquête ouverte par le parquet fédéral belge pour des faits de « corruption » et de « blanchiment d’argent » en bande organisée. Six autres personnes, dont son compagnon, l’Italien Francesco Giorgi, ex-assistant parlementaire spécialiste des droits humains et des affaires étrangères, ont également été incarcérées.
Prise en flagrant délit
Lors de son interpellation, Eva Kaili n’a pas pu bénéficier de l’immunité parlementaire que confère normalement son statut de vice-présidente, car elle aurait été prise « en flagrant délit » des faits qui lui étaient reprochés. Vendredi 9 décembre, c’est son père que les autorités ont interpellé sortant du domicile de sa fille, muni d’une valise remplie d’argent en liquide. Une autre somme, pour le moment inconnue, auraient également été trouvés au domicile de la parlementaire lors de la perquisition. Chez l’ancien eurodéputé italien Pier Antonio Panzeri, 600 000 € en liquide ont été retrouvés.
La fusée grecque
Diplômée d’architecture, présentatrice du journal télévisé en Grèce de 2004 à 2007, puis élue au Parlement grec à seulement 29 ans avant de devenir eurodéputée à 36 ans, la carrière politique d’Eva Kaili a eu la vitesse et la trajectoire d’une fusée. Mais son mandat à la vice-présidence du Parlement européen, auquel elle est élue en janvier 2022, aura été de courte durée. Celle qui siégeait au sein du groupe européen Socialiste et Démocrate (S&D), faisait également partie de la délégation chargée de développer les relations de l’Union européenne avec la péninsule arabe. C’est dans le cadre de ces fonctions qu’elle aurait entretenu des relations basées sur la corruption avec le Qatar.
« Le Qatar est un chef de file en matière de droits du travail »
À la lueur des récents événements, les dernières prises de paroles d’Eva Kaili devant les eurodéputés ont une autre tonalité : « Aujourd’hui, la Coupe du monde de football au Qatar est une preuve concrète de la façon dont la diplomatie sportive peut aboutir à une transformation historique d’un pays dont les réformes ont inspiré le monde arabe », avait-elle déclaré à la tribune du Parlement européen le 22 novembre. « Le Qatar est un chef de file en matière de droits du travail », avait-elle également affirmé. Des propos ahurissants, alors que le Qatar, pays d’accueil de la Coupe du monde de football 2022, est accusé d’être responsable de la mort de milliers de travailleurs sans papiers, exploités sur les chantiers de construction en vue du mondial. Sans compter la persécution de la communauté LGBTQI+, démontrée notamment par l’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch, et le mépris des droits des femmes.
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