Son travail est essentiel dans un milieu où l’omerta règne autour des violences sexistes et sexuelles. Avocate au Barreau de la Seine-Saint-Denis, Anne Lassalle a défendu depuis quatre ans des dizaines de comédiennes ayant dénoncé ces violences. Elle est une figure majeure du #MeTooTheatre.
Anne Lassalle, l’avocate qui centralise les témoignages du #MeTooTheatre
En octobre dernier, le monde du théâtre était secoué par l’affaire Sofiane Bennacer. Le comédien à l’affiche du film Les Amandiers de Valeria Bruni-Tedeschi a été mis en examen en octobre pour viols et violences sur plusieurs anciennes compagnes. Les victimes présumées évoluent dans le monde du théâtre : c’est notamment pour ça qu’on parle de #MeTooThéâtre.
Plusieurs femmes employées sur le tournage ont dénoncé le silence imposé par la réalisatrice à propos des multiples accusations dont l’acteur principal du film faisait l’objet. Certaines ont même choisi de démissionner pour refuser l’omerta. Ayant recueilli le témoignage de plusieurs d’entre elles dénonçant les violences de l’acteur, Anne Lassalle a expliqué dans les colonnes du Monde :
« Certaines sont venues me voir après avoir consulté des avocats qui leur ont dit : “C’est peine perdue.” Je ne répondrai jamais cela. Si je dis : “Non, n’y allez pas”, c’est comme si je rendais un premier avis sur leur cas. Or, dans un dossier, on peut tout espérer… Mais sans garantie de résultat. »
Outre les actrices et comédiennes, qui écoutent les techniciennes du cinéma, des séries et du théâtre ?
Dans un milieu où l’argument de la présomption d’innocence est parfois brandi comme prétexte pour réduire les victimes au silence, Anne Lassalle rappelle « la nécessité d’entendre, et d’entendre fort », auprès du grand quotidien : « Quand on se cogne le pied contre un meuble, on hurle. Quand on est victime d’un vol, on crie. Pourquoi seules les victimes de violences sexuelles n’auraient pas le droit de le dire fort ? »
Si la plupart des employées sont restées anonymes, c’est sûrement parce qu’il se joue aussi dans cette affaire une lutte des classes. L’acteur et surtout la réalisatrice ont sans doute davantage réussi à faire entendre leur voix que certaines femmes moins connues du grand public, et dont le nom n’apparaît pas parmi les premiers au générique de fin des films. Ce n’est pas un hasard si l’explosion médiatique de #MeToo en 2017 a été portée par des actrices : elles étaient en position sociale d’être écoutées. Mais combien de techniciennes, coiffeuses, maquilleuses, costumières, et autres techniciennes du cinéma, des séries, ou du théâtre sont encore réduites au silence ?
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Crédit de l’image à la Une : © Creative commons
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