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Société

Quête du « féminin sacré » et stages de masculinité inquiètent la Miviludes

La Miviludes vient de publier son rapport d’activité de l’année 2021 et le business du bien-être, de l’épanouissement et de la quête de spiritualité se taille une place de choix parmi la diversité des dérives sectaires.

Vous vous souvenez probablement de ces images sidérantes l’été dernier : celles d’une femme âgée assénant à un homme atteint d’un cancer d’arrêter son traitement. Il s’agissait d’Irène Grosjan et loin d’être cancérologue, cette naturopathe exerce des méthodes plus que controversées.

Ces méthodes sont justement identifiées par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), qui vient de rendre public son rapport d’activités : derrière les classiques témoins de Jéhovah, on trouve désormais pléthore de défenseurs d’une pseudo-médecine et coachs en tout genre.

« Marchandisation de l’épanouissement personnel »

On assiste à une augmentation alarmante des signalements, plus de 86% depuis 2015, selon la Secrètaire d’État chargée de la Citoyenneté Sonia Backès.

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Sonié Backès (Twitter)

Elle met notamment en garde contre la « marchandisation de l’épanouissement
personnel »
. Au bout de presque deux ans de pandémie qui ont bouleversé nos rythmes de vie, nos repères, nous ont fragilisés dans nos rapports sociaux, ont parfois aussi durement et durablement impacté notre santé, il n’est pas étonnant de constater un véritable essor de toutes les techniques visant à combattre un mal-être ou retrouver une forme d’épanouissement personnel.

Prudence, appelle la Miviludes qui alerte sur le risque d’emprise, de manipulation et d’isolement : « Les groupes sectaires ont su alimenter les peurs et exploiter les promesses d’un monde meilleur, d’une vie éternelle, ou à tout le moins heureuse, et d’une transformation de soi. »

Le rapport décrypte enfin un fonctionnement faussement vertueux à l’œuvre dans de nombreux groupes : « Sous couvert des principes d’économie solidaire et alternative, de soutien moral, d’entraide, de bienveillance, de non-jugement, de dons, d’acceptation et d’harmonie, les femmes sont invitées à entrer dans un système de Ponzi. Les sommes d’argent reçues au centre du cercle par la personne qui se trouve à la tête du réseau serviraient à “réaliser les rêves, à les rendre réels”. En réalité, c’est une manière déguisée de rémunérer la tête du réseau grâce aux dons des nouveaux entrants. »

Une essentialisation des femmes inquiétante

Parmi les observations de la Miviludes, on note une forte tendance à détourner le féminisme pour appâter des femmes en quête de spiritualité en jouant sur la corde du féminin sacré. Sous couvert de quête mystique, d’empowerment aux allures féministes et d’invitation à guérir en reconnectant son corps et son esprit, ces formations et stages échappent à toute réglementation et ne sont là que dans un but lucratif pour ceux qui les organisent :

« La Miviludes recommande une vigilance particulière à l’égard de ce type de mouvement qui essentialise les femmes en les réduisant à des organes génitaux ou des facultés reproductives, alors même qu’il est présenté comme un mouvement féministe destiné à leur épanouissement et incitant à davantage de liberté. »

Des stages pour apprendre à être un homme

Le mouvement masculiniste et son idéologie intrinsèquement misogyne a, lui aussi, trouvé un juteux filon et exploite la crise identitaire des hommes. Ceux-ci s’imaginent mis en danger par les progrès de la société et menacés par le féminisme.

La Miviludes montre un nombre croissant de saisies entre 2020 et 2021 concernant par exemple le Mankind Project, censé initier à la masculinité par des stages : « Il a été fait mention à 5 reprises de changements de comportement radicaux et de violences commises par un mari, un conjoint ou un beau-fils suite à leur participation à ces stages. » Un témoignage rapporte notamment des « méthodes d’intimidation, d’épuisement et de soumission » exercées auprès des participants.

À lire aussi : Non, la tendance incitant à se « reconnecter à son féminin sacré » n’a rien de féministe

Crédit photo : Masha Raymers via Pexels


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