Vladimir Poutine continue de placer ses pions sur le grand échiquier de la désinformation. Le dirigeant russe, qui n’a de cesse de partager de fausses informations au sujet de l’Ukraine, menant une véritable guerre informationnelle, passe à l’offensive. Le Kremlin a annoncé lundi le lancement d’Oculus, un outil capable de sonder le web russe pour y « trouver des contenus illégaux » (comprendre « qui ne vont pas avec les discours officiels »).
« Une réponse aux provocations de l’Occident »
Comment cela fonctionne-t-il ? Oculus peut lire du texte et reconnaître des scènes jugées interdites dans des photos et des vidéos. Il analyse plus de 200 000 images par jour en passant environ trois secondes sur chacune.
L’agence gouvernementale Roskomnadzor, en charge de la supervision des communications, des technologies de l’information et des médias de masse, a présenté Oculus comme une solution face aux efforts, notamment occidentaux, de discréditer l’armée russe : « Il détecte automatiquement les offenses, comme les discours extrémistes, les appels à se réunir en groupe illégalement, les contenus pro-drogues, la propagande LGBT etc. Depuis le début des opérations spéciales en Ukraine, des fake news ont proliféré à une vitesse sans précédent, dans le but de remplacer la vérité par une réalité construite de toutes pièces. La création de ce système est notre réponse aux provocations et aux actions anti-russes menées par les puissances étrangères ».
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Un symbole de la croisade anti-LGBT russe
Depuis l’invasion russe en Ukraine, Moscou a supprimé toute opposition politique et redoublé d’effort pour faire taire les médias indépendants du pays, imposant à la place des discours nationalistes qui condamnent tout mode de vie ou orientation qui ne serait pas en accord avec les valeurs conservatrices du pouvoir en place.
Vladimir Poutine n’en est pas à son coup d’essai. En novembre dernier, la Douma d’État (équivalent de notre Assemblée Nationale) adoptait déjà une loi interdisant de « faire la promotion des relations sexuelles non traditionnelles », auprès de tous les publics à travers les médias, les livres et les films. Suite à cela, les librairies ont été contraintes de retirer de leurs étagères bon nombre d’ouvrages, au risque de devoir payer une amende de 10 millions de roubles (soit 150 000 €). Cette mesure s’inscrivait alors dans la continuité d’un autre texte adopté en 2013 par les députés russes, destiné aux mineurs, pour « protéger les enfants contre les informations qui favorisent le déni des valeurs traditionnelles de la famille », selon le Kremlin.
Avec Oculus, la Russie s’obstine donc à légaliser l’homophobie, cautionnant encore et toujours les discriminations exercées contre les personnes LGBTQI+.
Crédit Image de Une : Unsplash / Ian Betley
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