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Santé

Qu’est-ce que le syndrome méditerranéen, ce bais raciste qui mène à des négligences médicales ?

Dans le Mot de Mad, Madmoizelle décrypte un mot ou une expression qui fait l’actualité. Aujourd’hui, zoom sur le « Syndrome méditerranéen ».

En décembre dernier, une enquête du site Mediapart a mis en lumière les défaillances dans la (non) prise en charge par les pompiers d’Aïcha, jeune fille de 13 ans, décédée des suites d’une hémorragie cérébrale. Une histoire qui n’est pas sans rappeler celle de Naomi Musenga, 22 ans, décédée en 2018, quelques heures après un appel au SAMU où les opératrices s’étaient moquées d’elle.

Suite à cette première affaire, une enquête en ligne, intitulée « Samu, pompiers, 112, hôpital… Vous avez été mal reçu·e ? Témoignez » avait été lancée, mettant en lumière des biais racistes dans la prise en charge des personnes d’origine maghrébine. Les résultats, relayés à l’époque par Le Parisien, étaient édifiants : parmi les 1 000 participant·es, 49 % avaient affirmé avoir vu leurs propos remis en question par le personnel d’accueil des urgences, un chiffre grimpant à 55 % pour les personnes ayant des noms à consonance arabe ou berbère. Une étude qui ravivait des débats autour de la notion de syndrome méditerranéen. De quoi s’agit-il ? Explications.

Qu’est-ce que le syndrome méditerranéen ?

Le syndrome méditerranéen fait référence à un biais raciste qui consiste pour les professionnels de santé à supposer qu’une personne exagère ses souffrances ou simule ses symptômes, dès lors que cette dernière est d’origine nord-africaine, noire ou hispanique. Cette croyance sans fondement scientifique s’appuie sur le « fantasme selon lequel les personnes originaires du pourtour méditerranéen seraient moins résistantes à la douleur », abonde le sociologue et anthropologue David Le Breton, spécialiste des expressions de la douleur, interrogé à ce sujet par le journal La Croix.

D’où vient ce syndrome ?

Myriam Dergham, interne en médecine générale qui étudie ce phénomène depuis plusieurs années, revient sur les racines de ce biais dans une vidéo explicative qui rappelle, par ailleurs, que Frantz Fanon dénonçait déjà ce phénomène dans les années 50 sous le nom de « syndrome nord-africain ». Comme le rapporte également Mediapart, « cette croyance remonte à la colonisation et aux premières vagues d’immigration en France pour les patient·es originaires d’Afrique du Nord, et à l’esclavage pour les personnes noires ».

Dans un article, nos confrères de Nice-Matin, ajoutent par ailleurs que le syndrome méditerranéen se décline sous d’autres noms : « Appelé « syndrome transalpin’ en Suisse et ‘syndrome italien’ en Belgique ou en Allemagne, il aurait pour origine une différence des ‘expressions culturelles de la souffrance’, ce qui tromperait les professionnels de santé. Une étude réalisée dans une université de Los Angeles a par exemple démontré que lors de la prise en charge d’une fracture, les personnes hispaniques avaient ‘deux fois moins de chance de bénéficier d’un traitement antalgique’ ».

Est-il enseigné en cours de médecine ?

De nombreux internes ont témoigné dans les médias avoir entendu parler officieusement du « syndrome méditerranéen » au fil de leur cursus, où lors de leurs stages en hôpital, sans pour autant avoir de cours dédié sur le sujet. Depuis quelques récentes années, des initiatives indépendantes pour déconstruire cette croyance raciste se multiplient dans les facs de médecine, et les appels à la prise de conscience se font d’autant plus pressants. Mais un tabou demeure, certains jugeant que ces erreurs de jugement relèvent surtout des mauvaises conditions d’exercice, entre surmenage, manque d’effectifs et invective à aller toujours plus vite.


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Les Commentaires

13
Avatar de Lady_M
11 décembre 2023 à 16h12
Lady_M
Effectivement, en matière d'évaluation de la douleur l échelle va de 0 (=pas de douleur) à 10 (= la douleur la plus insupportable que vous puissiez imaginer) donc quand on est à 10, c est, par définition, une douleur insupportable.
Tout le principe de cette échelle est justement de prendre en compte la sensibilité individuelle car, pour la même douleur, certaines personnes vont la trouver insupportable (8-9) et d'autres souffriront atrocement mais "tiendront le coup" (6-7).
Pour info, on donne des antalgiques à partir de 4-5 donc pas besoin de se dire à 10 pour recevoir de l aide.
Et pour les hommes c est encore une autre affaire : c est l'échelle à intensité variable en fonction du public.
Ex :
A la maison "Oh ce que j'ai mal t as pas idée ! Je crois que je vais crever ! Mais non, range ton aspirine j' ai beaucoup trop mal pour ça, j' vais crever j'te dis ! Là ma douleur est à 10/10 !"
(Cf mon père qui voulait aller aux urgences pour une migraine...)
10 min plus tard à l hôpital.
"Ne vous inquiétez pas docteur, je gère ma douleur, je suis un homme moi, un vrai ! Là je dois être à 3/10 max !"
Du coup, le syndrome méditerranéen chez les hommes, en fait il existe mais juste à la maison, et il ne se limite malheureusement pas aux hommes "méditerranéens"...
C est pour ça qu on ne parle pas sous ce terme mais plutôt sous la formule "les hommes sont des petites natures".
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