Peut-on vivre sereinement lorsqu’on est issu d’une minorité ? Pas vraiment, à en croire le concept du stress minoritaire, théorisé en 2003 par l’épidémiologiste et chercheur en droit de l’orientation sexuelle américain Ilan H. Meyer.
Celui-ci décrit un niveau de stress supplémentaire subi par les personnes issues des minorités de race, de genre, ou encore sexuelle. Il se traduit par un niveau plus élevé que la normale de stress chronique causé par des préjugés, des discriminations ou encore des violences. Un stress que les groupes dominants, eux, n’ont pas l’habitude d’expérimenter.
Aux origines de l’analyse : le stress vécu par les personnes LGBTQI+
Le stress minoritaire est alors bien différent du stress quotidien. Le chercheur a analysé ce concept en prenant pour objet d’étude les personnes LGBTQI+. Pour se faire, il a distingué deux types de stress.
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Il distingue d’abord ce qu’il a nommé le stress « distal ». Celui-ci est causé par des éléments extérieurs. À savoir le poids des préjugés, des discriminations ou encore des violences LGBTphobes dans l’espace public, dans le monde professionnel ou encore de la part des proches. Ainsi, les personnes LGBTQI+ s’attendent et se préparent à subir des discriminations très tôt dans leur vie, et de manière quasi quotidienne. Et pour cause, en France, les violences LGBTphobes sont en « inquiétante hausse », selon un rapport de SOS Homophobie publié en mai 2023.
Le second type de stress analysé est appelé « proximal » : celui-ci serait auto-infligé par les personnes issues de la communauté LGBTQI+, en raison du stress « distal ». Ainsi, ces individus s’isoleraient, et souhaiteraient à tout prix se distinguer de leur communauté, pour éviter de subir discriminations et préjugés.
Les conséquences du stress minoritaire
Deux types de stress qui ont alors un énorme coût sur la santé physique comme psychique des personnes LGBTQI+. Car selon Ilan H. Meyer, les personnes issues de minorités souffrent de plus de problèmes de santé que la normale en raison de ces deux facteurs de stress.
Les conséquences physiques s’illustrent par une hypertension artérielle, une hausse de l’anxiété, des insomnies, des prises ou pertes de poids habituelles ou encore des maux de tête.
Les conséquences psychiques, elles, s’illustrent par l’isolement, la dépression, ou encore les tentatives de suicide. Les personnes homosexuelles, lesbiennes, et bi ont deux fois plus de risque d’avoir des pensées suicidaires ou des comportements d’automutilation, selon une étude de l’University College de Londres (UCL) publiée en juin 2023.
De plus, l’ensemble de ces phénomènes, et la peur des discriminations et préjugés de la part du personnel médical, conduisent les individus à renoncer aux soins, notait Santé Publique France dans une étude publiée en 2021.
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