Jeudi 21 septembre, Mediapart a publié une enquête visant l’animateur de M6 Stéphane Plaza. Trois anciennes compagnes y témoignent, rapportant des maltraitances physiques et psychologiques de la part du présentateur. Aux violences dénoncées, s’ajoutent une pratique manipulatoire dont l’animateur serait coutumier : le love bombing. De quoi s’agit-il exactement ? Décryptage d’experte.
Trois questions à Safiatou Mendy, Coordinatrice et formatrice chez Consentis, association qui lutte contre les violences sexistes et sexuelles en milieu festif.
Madmoizelle. Qu’est-ce que le love bombing ?
Safiatou Mendy. Le terme à été rendu populaire par la psychiatre américaine Margaret Singer. Il est souvent employé pour décrire un comportement utilisé par les sectes, qui consiste à « bombarder d’amour » l’autre très tôt dans une relation, peu importe sa nature, pour ensuite lui imposer un comportement beaucoup plus froid et distant. L’autre pourra avoir tendance à faire beaucoup de compromis, qui le feront parfois même souffrir, dans l’espoir de retrouver les moments d’extase du début.
Dans les relations de violences conjugales, c’est ce qui est communément appelé « la lune de miel ». C’est une forme de manipulation, consciente ou inconsciente, qui participe à installer l’emprise.
Est-ce un phénomène nouveau ?
Safiatou Mendy. Le problème de la popularisation de ces nouveaux termes, c’est qu’ils servent souvent à décrire des situations qui ne sont pas nouvelles, et qu’ils ont tendance à pathologiser les personnes autrices. On associe souvent la figure du pervers narcissique au love bombing, ce qui est trop réducteur. Toutes les personnes autrices de violences dans leurs relations, quelle qu’en soit la nature, ne sont pas toujours des pervers narcissiques. Il est urgent de mettre de la nuance dans ce discours, car ce ne sont pas uniquement les pervers narcissiques qui recourent au love bombing.
Comment le love bombing interroge-t-il la notion de consentement ?
Safiatou Mendy. La discussion autour de la notion de love bombing amène celle de la normalisation des signes de tendresses et de douceurs dans les relations où, traditionnellement, on ne met pas d’affect.
Car, dans une approche par le prisme du consentement, dénoncer les marques d’amour peut être problématique. Prenons un cadre festif de dating, par exemple : il est courant de considérer normal des relations sans douceur, sans tendresse et sans attention, parce que ces signes prouveraient qu’il y a de l’affect et induirait donc une envie d’engagement.
On retrouve un imaginaire très marqué sur le coup d’un soir, qui doit être consommé rapidement. Là, où l’on réserve au couple les relations sexuelles plus longues où il y aurait douceur et tendresse. Cette façon de réduire le dating et les relations amoureuses installées soulève deux problématiques :
- La normalisation de comportements sans affect dans des relations court terme pour bien marquer qu’il n’y a pas d’engagement. Alors qu’on peut être tendre avec l’autre même pour une nuit.
- En performant cette distance, on risque de ne pas être attentif au consentement de l’autre et donc potentiellement, de perpétuer de la violence. Dans cette quête à la froideur et aux relations sexuelles rapides, le risque est de ne pas laisser la place au « réversible » qui est l’un des 5 piliers du consentement (Enthousiaste, libre et éclairés, spécifique, réversible, informé). Comment peut-on changer d’avis, quand le rapport sexuel dure 5 minutes ?
Si vous ou quelqu’un que vous connaissez est victime de violences conjugales, ou si vous voulez tout simplement vous informer davantage sur le sujet :
- Le 3919 et le site gouvernemental Arrêtons les violences
- Notre article pratique Mon copain m’a frappée : comment réagir, que faire quand on est victime de violences dans son couple ?
- L’association En avant toute(s) et son tchat d’aide disponible sur Comment on s’aime ?
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Les Commentaires
On ne parle pas assez des ruptures amicales, c'est dommage, même si je vois de + en + d'articles dessus, c'est cool
Enfin voilà, désolée si je suis hors sujet, ton message m'a fait penser aux splits d'un épisode bpd, et je suis désolée pour toi je sais que de mon point de vue de borderline un split est très dur à gérer, mais je me doute que pour la personne en face c'est pas simple non plus.