On connaît la Corée du Sud pour sa cuisine à tomber, ses groupes de K-Pop et son amour du karaoké. Ce que l’on connaît moins, en revanche, c’est l’étendue de la misogynie qui y prévaut. Pourtant, certains signes auraient pu nous mettre la puce à l’oreille, comme, par exemple, l’élection en mai 2022 de Yoon Suk-yeol, président conservateur au programme ouvertement sexiste (selon lui, le faible taux de natalité du pays serait dû aux mouvements féministes). Ou cette enquête, réalisée par le ministère de l’Égalité des genres et de la Famille, qui révélait, en 2016, que le taux de violence conjugale par partenaire intime y était de 41,5 %, soit une moyenne nettement supérieure à celle mondiale, plafonnant à 30 %.
Face à ce phénomène, un mouvement féministe de large ampleur a vu le jour. Son nom ? 4B. Une abréviation de quatre mots, faisant office de piliers et commençant tous par « bi », « non » en coréen.
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Un rejet des modèles hétéronormés
« Bihon » signifie le refus du mariage hétérosexuel, « bisekseu » le rejet des relations sexuelles hétérosexuelles, « biyeonae » le refus de la recherche d’un partenaire romantique quel qu’il soit et des fréquentations masculines, « bichulsan » le refus du devoir reproductif et de l’accouchement. Ce mouvement va donc à l’encontre des codes de la société coréenne traditionnelle et constitue un levier de lutte contre le patriarcat adopté par 50 000 femmes dans le pays. Certaines choisissent même de s’éloigner totalement des hommes.
Le mouvement 4B se trouve à la jonction de plusieurs courants féministes, comme le mouvement « escape the corset » sur le rejet des standards physiques imposés par la société, comme le fait de porter les cheveux longs ou de se maquiller.
Se revendiquer membre implique un changement courageux de mode de vie dans une société gouvernée par des idéaux paternalistes. Outre le cyberharcèlement dont elles sont victimes, les 4B paient le prix fort pour cette émancipation dans un pays dont le contexte économique leur met plutôt des bâtons dans les roues. « Elles travaillent dur, car elles savent qu’elles n’auront pas d’homme ou de mari pour soutenir leur famille », rapporte une chercheuse coréenne à The Cut. Et ce, comme le rappellent nos confrères de Neon, au sein d’une société où le salaire des femmes est 31 % inférieur à celui de leurs homologues masculins.
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