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Quelles sont les conséquences psy de l’acné à l’âge adulte ?

L’acné à l’âge adulte, même si ce n’est pas une maladie mortelle, peut être difficile à vivre au quotidien. Des Rockies ont accepté de témoigner pour nous parler de l’influence de leurs problèmes de peau dans leur vie de tous les jours.

Article publié initialement en avril 2019

L’acné est une maladie inflammatoire de la peau qui touche principalement le visage, le cou, le dos et la poitrine. Selon son étendue et le type de lésions (comédon, microkyste, pustule, etc.) qu’elle entraîne, elle est plus ou moins visible et dissimulable.

Passé l’adolescence, période pendant laquelle il est plus commun pour une jeune femme ou un jeune homme d’avoir quelques boutons, une acné persistante peut devenir un véritable fardeau et avoir des répercussions négatives sur le quotidien des malades.

Il y a quelques semaines, j’ai passé un appel à témoignages dans la newsletter matinale de Rockie. J’y ai invité les lectrices qui souffrent d’acné à l’âge adulte à me raconter leur quotidien entre peur du regard des autres et estime de soi à zéro. Voici un petit condensé de ce qu’elles peuvent vivre au quotidien.

L’acné à l’âge adulte, des conséquences au quotidien

Souffrir d’acné à l’âge adulte est un véritable coup dur pour l’estime de soi et les conséquences sur la vie quotidienne des malades sont nombreuses.

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Les journées de Magali, qui se bat contre une acné nodulaire depuis de nombreuses années, sont rythmées par différents rituels qui lui permettent de mieux accepter sa maladie en public :

J’ai de l’acné depuis 15 ans et je crois que ça fait autant de temps que je ne suis pas sortie de chez moi sans maquillage. Je sais que mes boutons sont toujours visibles malgré mon fond de teint, mais ça me donne du courage pour accepter le regard des autres.

Tous les matins, je me lève une demi-heure avant mon compagnon pour pouvoir masquer mes imperfections. Au cours de la journée, je fais plusieurs retouches, et je vérifie toutes les demi-heures dans un petit miroir si mon maquillage est toujours bien en place. Au moment de me coucher, je me mets au lit une demi-heure après mon ami pour pouvoir me démaquiller et appliquer mes crèmes de soin.

Je ne me vois pas arrêter parce que c’est un vrai besoin pour moi, mais quel temps perdu !

Zora, qui souffre d’acné inflammatoire, décide chaque jour de sa tenue en fonction de l’emplacement de ses boutons, ce qui est très contraignant :

Depuis l’arrêt de Diane 35, je dois vivre avec des poussées d’acné bien rouge et douloureuse sur le visage mais aussi sur le dos, sur le décolleté, sur les épaules et dans le cou. Le matin, lorsque je choisis ma tenue, je fais très attention à l’emplacement de mes boutons. Ce n’est pas très embêtant en hiver, mais dès que le printemps et l’été reviennent, c’est un peu plus compliqué.

Je porte automatiquement un foulard ou une écharpe, même lorsqu’il fait chaud, pour couvrir l’acné que j’ai dans le cou. Je ne mets jamais de décolleté pour éviter une vue plongeante sur mes boutons et mes cicatrices. Comme j’ai des kystes dans le dos et sur les épaules, j’ai définitivement banni les bustiers et les débardeurs de ma garde-robe, alors que j’en mettais beaucoup avant.

Bref, je suis obligée de faire beaucoup de concessions pour ne pas me sentir mal en société et c’est vraiment fatigant. J’aimerais pouvoir me faire plaisir en choisissant mes vêtements et ne plus ressentir le besoin de me cacher constamment.

Les boutons, passé l’adolescence, une cause de repli sur soi

Parce que c’est une maladie qui touche très souvent le visage, l’acné peut être vécue comme un frein au développement d’une vie sociale riche et intéressante.

Laurie, qui a de l’acné depuis la puberté, a toujours peur d’être jugée sur l’état de sa peau :

Je ne peux pas m’empêcher de penser que les gens trouvent ça dégoûtant, voire sale, ou au mieux pas attirant. Les débuts de relation sont assez difficiles car le fait que je ne me sente pas sûre de moi crée une sorte de barrière invisible avec les gens.

Pareil pour Lila, qui se coupe parfois volontairement d’interactions sociales à cause de sa peau :

Mon degré de sociabilité dépend vraiment de l’état de ma peau : quand ça va à peu près, je sais me montrer sociable, mais lorsque ma peau va mal, je fuis les échanges. C’est surtout vrai avec les personnes que je connais peu : j’ai trop peur qu’elles se fassent une fausse idée de qui je suis, qu’elles pensent que je ne prends pas soin de moi etc.

C’est peut-être idiot mais c’est comme ça que je fonctionne : je préfère rester toute seule chez moi plutôt que courir le risque de me sentir mal et de me mettre à pleurer à cause de mon acné devant tout le monde.

Une barrière mentale aux relations amoureuses

Les relations amoureuses et intimes ne sont pas non plus épargnées.

Hélène, qui a bataillé de nombreuses années contre une acné rosacée pugnace, se souvient du complexe que représentait sa peau lorsqu’elle n’était pas encore sous contrôle :

À cause de ma peau et d’autres insécurités physiques, je n’osais absolument pas approcher les gens qui me plaisaient. J’ai bien eu quelques aventures mais généralement elles commençaient en boîte, lors de soirées très arrosées (l’ambiance sombre et l’alcool aident beaucoup dans ces moments-là). Et bien évidemment, ces aventures étaient toujours sans lendemain car j’avais du mal à assumer mes complexes en plein jour.

Même problème pour Éloïse, qui a du mal à intégrer qu’elle puisse plaire malgré son acné.

Quand je croise mon reflet dans un miroir, je ne comprends pas comment un garçon pourrait avoir envie de m’aborder. Alors m’embrasser, j’imagine encore moins ! J’ai déjà rembarré des gens qui avaient l’air sympa parce que j’avais peur qu’ils ne me parlent que par jeu, pour se moquer de moi etc. Je pense que ça m’a fait louper pas mal d’opportunités de rencontres, mais c’est comme ça… Mon manque de confiance en moi fait que je ne m’en rends pas forcément compte sur le moment.

Un complexe qui pèse aussi sur la sexualité

Les relations intimes peuvent aussi être plus compliquées lorsque les lésions ne sont plus cachées sous une couche de vêtements, et que les embrassades viennent perturber le maquillage.

Sophie, dont l’acné est concentrée sur le dos, a souvent fait en sorte que ses partenaires sexuels ne soient pas confrontés à ses problèmes de peau :

Pendant très longtemps, j’ai fait en sorte que mon partenaire (d’un soir ou non) voit le moins possible mon dos, comme s’il était possible de cacher ce champ de bataille… La levrette, n’en parlons même pas !

Aujourd’hui, j’essaie de me rassurer avec l’aide de mon copain. Il s’en fout et il me l’a dit, mais c’est toujours un sujet sensible pour moi.

Quant à Joséphine, c’est l’acné présente sur son visage qui la gênait le plus lors de ses rapports intimes :

J’ai l’habitude de porter du fond de teint pour camoufler mes boutons et souvent, après quelques bisous, il n’en reste plus grand chose. J’ai toujours peur que le mec soit dégouté de voir mon visage sans maquillage, avec ses cicatrices et ses microkystes, alors je m’arrange pour que la lumière soit éteinte ou tamisée. J’initie aussi des positions où mon visage n’est pas à 10 cm du sien.

Bref, pour moi, la baise c’est toute une organisation. Et c’est encore pire après, quand je prétexte d’aller aux toilettes pour remettre du fond de teint.

L’acné à l’âge adulte, un fardeau au bureau

Si l’acné a des répercussions sur l’estime de soi dans la vie privée, il en est de même dans la sphère professionnelle.

Marjorie, qui a 28 ans, ne se sent pas prise au sérieux par ses collègues à cause de l’air juvénile que lui confère son acné :

Au boulot, je suis la plus jeune et on m’appelle souvent « la gamine ». Déjà que c’est difficile de me faire entendre ou d’affirmer une décision, j’ai l’impression que le fait d’avoir de l’acné me décrédibilise. Je n’ai pas une grande confiance en moi et avoir des boutons à mon âge ne facilite vraiment pas les choses.

Même situation pour Clara, qui a peur de ne pas être considérée comme légitime dans son travail à cause de ses problèmes de peau :

Je suis formatrice pour adultes et je travaille dans la communication avec pas mal de responsabilités. Je passe souvent pour plus jeune que mon âge et je pense que mon acné n’aide pas à me présenter comme une figure d’autorité lors des rendez-vous clients ou des formations, surtout lorsque mes interlocuteurs sont beaucoup plus âgés.

Une autre lectrice de Rockie, qui vient d’avoir 35 ans, se retient parfois de donner son avis en réunion pour ne pas attirer l’attention sur son visage, et elle a l’impression que ça l’empêche d’évoluer dans sa boîte :

Je travaille dans une grosse agence de pub et on a régulièrement des meetings entre-nous et avec nos clients. Selon l’état de ma peau, j’ai remarqué que je prenais plus ou moins la parole. J’ai tellement peur que mon acné devienne le nouveau sujet de prédilection de la pause café !

Je sais que je passe pour quelqu’un d’effacé, voire de pas concerné, auprès de mes boss et c’est difficile à vivre, surtout quand je vois mes collègues prendre de nouvelles responsabilités et que je reste sur le carreau. J’aimerais vraiment pouvoir passer outre mes boutons et ouvrir ma bouche, mais c’est plus fort que moi.

Une cause de discrimination professionnelle

Certains milieux professionnels, comme celui de l’esthétique, où le physique peut avoir une place importante, semblent mettre à rude épreuve l’estime de soi des malades qui y travaillent.

Stéphanie, qui est vendeuse en parapharmacie, souffre d’un problème de légitimité dû à la réaction pas toujours bienveillante des clients face à son acné :

Lorsque je propose aux clientes de les aider à choisir des produits de soin pour le visage, je sens qu’elles sont gênées et que je parle dans le vent. Oui, j’ai de l’acné, mais je ne vois pas en quoi ça m’empêcherait de leur donner de bons conseils. Leur comportement me fait penser que je n’ai pas ma place dans ce domaine à cause de ma peau. C’est très dûr de se sentir jugée sur son physique et non sur ses connaissances.

Quant à Zora, qui est maquilleuse professionnelle, elle s’est déjà retrouvée dans une situation similaire lors d’un entretien d’embauche pour une enseigne de parfumerie. Elle pense avoir été discriminée à cause de sa peau, ce qui, on ne le rappellera jamais assez, est contraire au code du travail :

Pendant que je détaillais mes différentes expériences professionnelles, j’ai bien vu que la responsable du magasin scrutait mon visage. Elle m’a d’ailleurs posé pas mal de questions sur le soin du visage, comme pour vérifier que je prenais soin du mien. J’ai trouvé ça assez déplacé de sa part et j’ai pleuré en rentrant chez moi. Je n’ai pas été prise pour ce job et je pense vraiment que mon acné est la cause principale de ce refus.

Une maladie qui mérite d’être considérée comme telle

Comme Laurie me l’a très justement écrit, « l’acné n’est pas une maladie mortelle mais elle peut être très dure pour le moral ». Il est donc important de la considérer comme telle et de ne pas minimiser le mal-être de celles et ceux qui sont touché·es.

Si certains de tes proches ou même de stricts inconnus souffrent d’acné à l’âge adulte, il y a de grandes chances pour qu’ils soient au courant et qu’ils fassent déjà le maximum pour leur peau. Ça ne sert donc à rien de mettre le sujet sur la table, à moins qu’elles ou ils t’en parlent directement. Je sais, dit comme ça, ça paraît évident, mais la bienveillance n’empêche pas la maladresse.

Hélène, qui travaillait il y a quelques années comme hôtesse de caisse, a été marquée par l’audace de certains clients du magasin :

Après mes collègues qui voulaient tous me donner des conseils pour soigner ma peau, ce sont les clients qui se sont mis à me parler de mon acné : “je peux vous demander ce que vous avez sur les joues ?”, “si je peux vous donner un conseil, vous devriez faire ci ou ça” etc. Autant avec mes collègues, quand je n’avais pas envie d’en parler, je pouvais changer de pièce, autant avec les clients, quand on est coincée derrière une caisse, c’est plus compliqué.

Le pire dans tout ça, c’est que même si toutes ces réflexions partaient souvent d’une bonne intention et d’une certaine compassion, la plupart des gens pensaient que je ne faisais rien pour soigner mes boutons ou carrément que je ne prenais pas soin de moi… Alors que c’était faux, bien au contraire !

Un grand besoin de pédagogie

Même si elle touche un nombre impressionnant d’adultes (25% de la population française d’après la Société Française de Dermatologie), l’acné reste considérée comme un problème réservé à l’adolescence et les personnes qui ont « passé l’âge » se sentent souvent seules face à leur condition.

Il est d’ailleurs courant que les malades se retrouvent à devoir expliquer eux-mêmes leur maladie. C’est ce qui est arrivé à Agnès, qui est éducatrice spécialisée pour des adolescents :

Un jour, un jeune est venu me voir pour me parler de son mal-être et de ses boutons. Il m’a demandé quand cela allait enfin cesser. Je lui ai répondu que ce n’était qu’une question de temps, le jeu des hormones etc… Sa réponse fut cinglante : « comment tu peux me répondre ça alors que t’en as encore ? »

Plutôt que de me morfondre (car à ce moment-là, j’avais vraiment envie de me barrer), je lui ai expliqué la différence entre les hormones masculines et féminines, l’adolescence, les règles… Au final, ce fut un temps plutôt sympa, en plus d’être éducatif.

Ces témoignages te parlent ? Si toi aussi tu t’es senti·e freiné·e par ton acné dans ta vie pro ou/et perso, n’hésite pas à venir partager ton expérience dans les commentaires !


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