Vous voyez l’Everest ? Cette montagne façonnée par l’érosion glaciaire que votre oncle randonneur envisage d’escalader depuis dix ans — officiellement pour se challenger, officieusement pour susciter l’admiration des membres de la famille (et probablement de sa secrétaire) ?
Eh bien maintenant imaginez cette masse dense, monstrueuse, pantagruélique — et autres épithètes pour qualifier son ampleur — vous tomber en plein sur la gueule.
C’est peu ou prou ce qui arrive aux habitants de la Terre tout entière dans Don’t Look Up, la nouvelle comédie noire d’Adam McKay dispo ce 24 décembre sur Netflix, qui en dépit des critiques que lui ont réservé certains médias (Les Inrocks, pour ne pas les nommer), demeure sans doute le film le plus méchamment drôle qu’on a vu en 2021.
Don’t Look Up, ça parle de quoi ?
Une doctorante en astronomie d’une université pourrie du Michigan consulte son professeur en urgence : d’après ses calculs, une comète se dirige vers la Terre.
C’est la fête au département d’astronomie, qui se réjouit d’une telle découverte. Mais lorsque le professeur Mindy calcule la dimension de la comète, c’est le drame : elle fait neuf kilomètres de diamètre et son impact, dans précisément 6 mois, exterminera tous les habitants de la planète ! Des calculs validés par la NASA. Zut alors.
Kate et le Docteur Mindy doivent prévenir le monde de la catastrophe qui fonce sur eux. Qui de mieux alors que la présidente des États-Unis pour prendre les choses en mains ?
Eh bien précisément… n’importe qui d’autre. Car la présidente, clope au bec, ne prend non seulement pas la menace au sérieux, mais se fout en plus de la gueule des pauvres astronomes, effarés par l’incompétence de leur leader politique.
Et que dire de son fils, Jason (extraordinaire Jonah Hill, jamais aussi bon que lorsqu’il doit être mauvais), un crétin odieux qui les humilie et préfère se défoncer que prendre les choses en main ?
Qu’à cela ne tienne, Kate et le docteur Mindy s’en vont conquérir les plateaux de télévision. Mais là encore, c’est un échec, entre un présentateur absolument inconséquent et une présentatrice en pleine drague du docteur Mindy…
Après que Kate est devenue la risée des réseaux avec son alarmant « On va tous mourir » face-caméra et que le professeur Mindy est devenu l’objet de convoitise télévisuel de tous les États-Unis, les deux astronomes nagent en pleine déconfiture.
Heureusement, la Maison Blanche les convoque de nouveau. Ils ont fait vérifier les calculs par LEUR équipe et ils sont formels : Kate et le Docteur Mindy avaient raison.
Une opération spatiale se met alors en place pour détruire la comète avant qu’elle ne touche la Terre. Mais là encore, c’est un échec…
On ne vous en dit pas plus pour ne rien vous gâcher du bonheur, de la terreur ou des deux à la fois que vous suscitera, le 24 décembre Don’t Look Up.
Don’t Look Up, ou la métaphore de la crise écologique
Mercredi, Matrix Resurrections est sorti en salles. Personnellement, on est allé le voir dans un grand Pathé parisien, le plus proche de chez nous, et sommes arrivé tôt — ce qui nous a malheureusement valu le visionnage forcé de plusieurs bandes-annonces, parmi lesquels Badman, le dernier Philippe Lacheau, et Qu’est-ce qu’on a tous fait au bon Dieu de Philippe de Chauveron.
Autant d’images qui nous ont filé la chair de poule, et pas comme on aurait aimé.
Il faut dire qu’aux périodes de fêtes, les comédies françaises populaires pleuvent en forme de supplices.
Alors on vous assure qu’en comparaison Don’t Look Up, tout imparfait soit-il, fait figure de sauveur cosmique, arrivé sur Netflix pour nous délivrer de l’ennui mortifère des Tuche 4 et autres Bodin’s en Thaïlande.
Car Don’t Look Up — sorti en salles aux États-Unis mais directement en SVoD en France — ne se satisfait pas d’une simple caricature de son peuple (bien qu’elle ne se prive pas de le faire), le tournant au ridicule à coups de vannes consensuelles.
Don’t Look Up raconte la crise écologique actuelle, niée par la plupart des politiques, instrumentalisée par d’autres, au milieu de laquelle les vrais écologistes, ceux qui sont prêts à y mettre de l’huile de coude, font figure d’imbéciles délirants, moqués par le tout-venant.
Lorsque la comète apparaît dans le ciel étoilé de Don’t Look Up, alors que le Professeur Mindy conduit sa bagnole et que Kate est au lit avec son amant (Timothée Chalamet portant des espèces de dreads) (oui), le monde réalise que les astronomes disaient vrai. La fin du monde est là.
Les détracteurs du film argueront que la morale de cette fiction, écrite de la main d’Adam McKay lui-même, est cousue et archi-cousue de fil blanc. Et on ne leur donnera pas tort : le réalisateur a enfilé ses gros sabots pour mener son intrigue à bien !
Mais cette morale a le mérite d’exister. Et quand elle est traversée de part en part par des lignes de dialogue enlevées et des personnages EXTRAORDINAIRES, on ne peut que signer et contredire les critiques français, qui n’hésitent jamais à en mettre plein la gueule aux comédies américaines.
De là à dire qu’on est un peu jaloux de ce savoir-faire, il n’y a qu’un pas…
Don’t Look Up sent le gratin
On ne va pas se mentir : le gros atout de Don’t Look up, outre sa gouaille, c’est son casting.
Leonardo DiCaprio en Docteur Mindy, Jennifer Lawrence (qui avait déserté le cinéma depuis Mother!) en Kate, Meryl Streep en présidente des États-Unis (sans doute le meilleur personnage), Cate Blanchett en speakerine surdiplômée, Himesh Patel en connard opportuniste : il n’y en a pas un qui fasse un faux pas.
Au contraire, ils forment une masse vorace de personnages infects, tous traversés, à un moment ou l’autre, par le vice et l’opportunisme, là ou seule Kate fait figure d’ange prophétique.
Don’t Look Up, ça ne vous retournera pas le cerveau : ses enjeux sont trop limpides, trop simples pour ça. Et ça n’est pas grave car là ne réside pas l’intérêt de la comète d’Adam McKay.
Mais ça vous fera rire, rire jaune, rire mauvais, rire à pleurer du relativisme dangereux face à la catastrophe climatique.
Don’t Look Up sort ce 24 décembre, joyeux Noël à vous !
Voir Don’t Look up sur Netflix
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