On s’attendait à une véritable vindicte exercée contre l’extrême-droite, à un propos politique courroucé, mais il n’en est finalement rien.
Point de colère dans Jour de gloire, de Jeanne Frenkel et Cosme Castro, mais de l’espoir, de l’amour, de la fraternité.
Parce que l’intime, pour ces deux réalisateurs de métacinéma, est politique.
Jour de gloire, prouesse technique, rêves humanistes
À l’origine de ce projet ambitieux de métacinéma, il y a l’ambition de faire s’entrecroiser la fiction et le réel. La fiction d’abord, avec l’histoire de Félix (joué par Félix Moati), fraichement débarqué d’Australie, qui rentre dans son village natal français où il n’a pas foutu les pieds depuis longtemps, pour régler des formalités liées au décès de sa mère, et pour voter.
C’est son frère qui vient le chercher en voiture. Julien (incarné par Julien Campani), lui, a 35 ans, et porte la désillusion sur le visage. Il faut dire qu’il rêvait d’être une rock star et qu’il mène finalement une vie tout ce qu’il y a de plus classique, rongée par le désespoir politique.
Ces deux frères, tout à fait différents mais tous les 2 mus par le désir ardent de traverser l’existence avec une certaine philosophie, progressent dans leur journée, en se remémorant leurs souvenirs, et leurs espoirs défaits.
C’est le réel qui intervient ensuite. Car Jour de gloire se déroule le 24 avril 2022, précisément une heure avant le résultat des élections présidentielles opposant Marine Le Pen à Emmanuel Macron.
Cosme Castro, le coréalisateur du film explique sur ArteTV, qui propose d’ores et déjà le film dans son entièreté :
Elle vient en effet ancrer la fiction dans un moment tout à fait réel, dans l’immédiateté finalement, sans trop non plus la charger d’électricité.
Film de métacinéma, filmé et diffusé en live sur Arte en temps réel, Jour de gloire est un film impressionnant de technicité, qui propose une jonction entre l’âpreté du réel et la bénignité de la fiction.
Jour de gloire, film intime et poétique
Tout commence dans le village médiéval de Laroque-Thimbaud, où Kamel Abdessadok, un villageois, vient donner son sentiment sur la grande actualité du jour, la laisse de son poney à la main.
C’est lui qui, finalement, présente le film, comme un journaliste d’un autre monde. Un journaliste de la sensorialité et de l’onirisme.
Sur une musique originale de Flavien Berger, qui ajoute à la fiction une dose supplémentaire de rêve ouaté, le film déroule son action sur une route, puis dans le village, avant de finir dans une maison, où les deux frères regardent le résultat des élections.
Finalement, Jour de gloire, qui aurait pu être un film plein de tempêtes sur les programmes des deux candidats finalistes à l’élection présidentielle de 2022, raconte simplement l’histoire de deux personnes comme les autres, qui vivent la politique avec intimité.
Un film dont on se souviendra longtemps, et que vous pouvez d’ores et déjà voir sur Arte.TV.
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Crédit photo à la Une : capture d’écran du film Jour de gloire.
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