— Mise à jour du mercredi 20 juin 2018
Les Nations Unies organisent la journée mondiale des réfugiés pour rappeler que la situation des personnes déracinées est toujours aussi critique.
Dans le monde, 60 millions de personnes ont quitté leur propre pays pour échapper à la violence, selon le Haut Commissariat aux réfugiés.
Il est possible de les aider, à notre échelle.
— Publié le 4 septembre 2015.
L’émoi suscité par les photos des corps de réfugié·es syrien·nes échoué·es sur les plages méditerranéennes est en train de générer un élan de mobilisation en France et en Europe.
Après avoir fait la Une de la presse internationale, la photo du corps du petit Aylan Kurdi, Syrien de 3 ans mort noyé, semble avoir réveillé les consciences citoyennes.
Aide aux réfugiés : comment agir concrètement ?
Il n’y a pas que des Syrien·nes aux portes de l’Europe, dans nos gares, dans nos villes et dans nos rues : des personnes ayant demandé ou déjà obtenu l’asile politique, il en arrive de toutes les régions politiquement instables, ou carrément dangereuses.
Si ça ne tenait qu’à moi, d’ailleurs, on garantirait de base l’asile politique à toutes les femmes qui en feraient la demande, dès lors qu’elles ne jouissent pas de leurs droits fondamentaux dans leur pays d’origine. Mais c’est un autre débat…
Slate, le Huffington Post et Rue89 ont publié deux articles listant les moyens d’agir, à disposition des citoyen·nes lambdas que nous sommes, qu’on peut regrouper en trois catégories principales.
- L’aide matérielle : les dons, l’argent de préférence, mais aussi les biens de première nécessité, les vêtements, etc.
- Le bénévolat : auprès des associations qui viennent en aide aux réfugiés déjà présent sur notre territoire.
- La mobilisation politique : l’interpellation des représentants politiques.
Ainsi, pas besoin d’être Crésus pour pouvoir faire un geste, ni d’habiter au centre de Paris pour filer un coup de main, ou pour secouer les puces de nos gouvernants. Je vous renvoie vers les articles déjà publiés (très bien faits), et qui contiennent des liens vers les associations dont les actions sont tournées vers l’aide concrète aux réfugiés :
- Petit guide de tout ce que vous pouvez faire pour venir en aide aux réfugiés, sur Slate
- Drame des réfugiés : qu’est-ce que je peux faire pour aider ?, sur le Nouvel Obs
- Petit guide pratique pour venir en aide aux réfugiés, sur Rue89
L’une des associations les plus citées est SINGA,
Si vous avez dans votre entourage des gens prêts à héberger des personnes seules ou des familles demandeuses d’asile, l’association peut vous aider à organiser cette aide concrète, grâce à un programme développé spécifiquement : J’accueille.
Aide aux réfugiés : le forum se mobilise !
Si tu n’es pas inscrite sur le forum, tu peux le faire par-ici ! Un topic dédié à la mobilisation pour aider les réfugié·es, comme on peut, à notre échelle. Rejoins les discussions !
#RefugeesWelcome – comment aider les réfugiés ?
Le premier post relaie notamment les liens vers les mobilisations ailleurs qu’à Paris !
Signer des pétitions, pourquoi ?
Plusieurs pétitions en ligne circulent et engrangent des signatures au fur et à mesure des partages. On a parfois l’impression que ces initiatives pèsent bien peu, mais détrompez-vous : plus la mobilisation est importante, et plus il est difficile pour les responsables politiques de faire la sourde oreille.
Personne n’aime être assailli de tweets et de mentions négatives quand on essaie de partager son agenda politique…
C’est aussi notre responsabilité de citoyen·nes de suivre l’action de nos dirigeant·es
Quant à l’efficacité, elle est prouvée à court terme, c’est-à-dire que les personnes interpellées sont obligées de réagir. Reste à savoir si les déclarations seront suivies d’action sur le long terme…
Mais c’est un autre problème, et c’est aussi notre responsabilité de citoyen·nes de vérifier constamment que nos dirigeants ne fassent pas disparaître la poussière sous le tapis, si vous me permettez la métaphore.
Hier, The Independant faisait sa Une avec la photo d’Aylan, et interpellait son lectorat : « Cette photo vous choque ? Faites-en part à notre premier ministre » ; l’article invitait à signer une pétition adressée à David Cameron. Le chef du gouvernement britannique était en effet plutôt réticent à accueillir un quota de réfugiés sur son territoire…
Et voici la Une du quotidien ce matin :
Sur le journal, on peut lire :
« Vous avez eu le message, monsieur le Premier ministre ?
Hier, nous avons lancé une pétition pour que le Royaume Uni accepte et accueille sa part de réfugié•es venu•es chercher la sécurité en Europe. Plus de 150 000 personnes ont déjà signé. D’autres sont allées plus loin en donnant de l’argent, des vêtements, en partageant des photos d’eux et en apportant une aide concrète aux demandeurs d’asile.
Plusieurs politicien•nes ont rendu public leur soutien à cette mesure, et hier soir, finalement, il y a eu des signes que David Cameron tendait l’oreille. Mais va-t-il agir concrètement, ou seulement faire des promesses ? »
Sans le succès immédiat et massif de la pétition, sans la viralité du hashtag #RefugeesWelcome et les photos par centaines, par milliers, The Independent n’aurait pas réussi à obtenir l’attention, et surtout la réaction du chef du gouvernement anglais, David Cameron.
À lire aussi : Et si Londres, c’était la Syrie ? Le court-métrage choc de Save the Children
Et en effet, Le Monde rapporte que le Premier ministre a annoncé que le Royaume Uni allait accueillir davantage de réfugiés qu’initialement prévu. C’est le minimum syndical, mais c’est déjà plus que ce que faisait le pays avant cette pétition…
Les pétitions à signer et à partager !
Interpeller nos responsables politiques
Président de la République, Premier ministre, membres du gouvernement, député•es, sénateurs et sénatrices, tou•tes nos dirigeant•es, tou•tes nos élu•es ont le pouvoir d’agir très concrètement, eux aussi.
À lire aussi : Pour la réhabilitation du militantisme !
Ils sont pour l’instant paralysés par cette opinion publique défavorable, car malgré le choc émotionnel qui a réveillé une partie de la population, l’autre reste encore remarquablement insensible à l’urgence. En témoigne cet excellent article des Décodeurs, qui reviennent sur les fausses images ayant circulé hier, dans une tentative de décrédibiliser les témoignages des survivant•es et des sauveteurs qui interviennent sur place, et de décourager la solidarité.
Pendant ce temps, à Budapest, les réfugiés ne sont pas les bienvenus…
56% des Français•ses sont opposé•es à l’accueil des migrants
Ils quittent Budapest car la Hongrie ne veut pas d’eux, le gouvernement est hostile. (J’arrive pas très bien à comprendre comment on peut prétendre défendre l’héritage et les valeurs chrétiennes, et refuser d’aider son prochain…
On n’a pas dû suivre les mêmes cours de catéchisme.) Je crois que ma pire honte serait de voir un cortège pareil refoulé aux frontières de la France, tout ça à cause d’une série de sondages insistant sur le fait que « 56% des Français•ses sont opposé•es à l’accueil des migrants ».
Si chaque citoyen·ne concerné·e, qui souhaite faire mentir ces sondages, prenait le temps d’envoyer un email à ses député·e et sénateur·rice, la représentation nationale ne pourrait ignorer cet énorme élan de solidarité.
S’il y a bien une leçon que j’aie retenue des deux années de Manif pour tous qu’on a dû endurer, c’est qu’à force de marteler ses convictions, on finit par être écouté par les responsables politiques. « On ne lâche rien », c’était un bon slogan. Il serait temps qu’il soit récupéré par celles et ceux qui se battent pour un monde plus juste et plus égalitaire.
Écrire à ses représentant·es politiques
Les député·es et les sénateurs·rices ont une adresse email de contact publique sur leur page personnelle, sur les sites de l’Assemblée Nationale et du Sénat.
- Trouver mon ou ma député•e
- Trouver mon ou ma sénateur•rice
- La liste des comptes Twitter des membres du Gouvernement
Si vous ne savez pas quoi écrire, voici quelques conseils :
- Restez poli·e et courtois·e : les élu·es ne sont pas nos ennemi·es, ce sont nos représentant·es ! Les colères légitimes doivent être exprimées (c’est le but) mais ne les dirigez pas contre nos interlocuteurs. On a besoin de leur mobilisation aussi.
- Utilisez vos mots, vos ressentis, vos expériences. Les député·es sont bien plus sensibles à des témoignages qu’à un mail type qu’ils ou elles recevront plusieurs centaines de fois. La pétition sert à montrer le nombre, les emails servent à montrer la diversité des gens qui composent ce nombre.
À lire aussi : Cette photo de réfugié syrien mort restera dans l’Histoire, et l’indignité de la France aussi
Si vous cherchez des éléments factuels pour étayer vos propos, ou convaincre votre entourage de rejoindre le mouvement, les ressources positives sur l’immigration commencent à affluer (enfin).
- À ceux qui me répètent qu’on ne peut pas accueillir « toute la misère du monde », sur Médiapart blogs
- Les migrants ? Une chance pour l’économie européenne, Le Monde
- L’immigration sera la chance de nos économies, Les Échos
- On a soumis les idées reçues sur l’immigration à celui qui a mouché le FN, Rue89
Mais aussi cet indispensable : Arrêtons de justifier l’immigration par des arguments économiques et démographiques, sur Slate. (Certes on peut la justifier grâce à ces arguments, mais ce n’est ni utile ni pertinent.)
Sur madmoiZelle aussi :
À lire aussi : « Sept idées reçues sur l’immigration et les immigrés », à lire sur Le Monde
La page Facebook Pas En Notre Nom qui organise le rassemblement du 5 septembre
« Pas en notre nom »
Un rassemblement aura lieu à Paris, place de la République à 17 heures, samedi 5 septembre. Plus de 18 000 personnes sont déjà inscrites à l’événement.
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