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Source : Pexels / Karolina Grabowska
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Que coûte réellement à une femme le fait d’être mère ?

Combien cela coûte d’être une mère ? C’est à cette question que répondent Lucile Peytavin et Lucile Quillet, pour la Fondation des femmes, dans une note au constat déprimant, mais essentiel.

La 3ᵉ note de l’Observatoire de l’émancipation économique des femmes nous a appris, cet été, que les mères paient un tribut financier et professionnel important, du seul fait de leur maternité. Qu’est-ce qui explique cela ?

Un coût qui commence avant même d’être mère

Le coût d’être mère débute dès la grossesse, voire avant cela, quand le « soupçon de maternité » pèse sur les femmes de 25 à 40 ans, lorsqu’elles cherchent un emploi. Le Défenseur des droits rapporte, en effet, que 27 % des femmes discriminées au travail l’ont été en rapport à une grossesse ou à leur maternité. Les mères sont ainsi deux fois plus cibles de discrimination au travail que les autres femmes.

Comme le précisent les autrices de la note de l’Observatoire de l’émancipation économique des femmes, Lucile Peytavin et Lucile Quillet, ce n’est pas la maternité qui est un frein aux carrières des mères, mais bien le sexisme. Elles calculent notamment la perte financière occasionnée par le congé maternité. Entre un SMIC, et un haut salaire, cette perte est de 5,2 à 46 % ! Les pères perdent le même taux de salaire pendant leur congé paternité.

Pour plus de transparence sur ce sujet, l’association Parents et féministes, qui a participé à l’élaboration de la note, demande à l’État un simulateur officiel, permettant de voir combien coûte réellement aux parents un congé maternité, paternité ou parental.

La perte de salaire peut également être liée aux adaptations des conditions de travail de la femme enceinte (arrêt du travail de nuit, par exemple), ou aux dépressions pré et postnatales, entraînant une incapacité à travailler. De plus, les grossesses peuvent engendrer des coûts supplémentaires, comme des vêtements de grossesse, des séances d’ostéopathie, des compléments alimentaires, etc.

La petite enfance coûte cher aux mères

Une fois l’enfant né et le congé maternité terminé, vient le moment de faire garder son enfant. Mais la pénurie de modes de garde est réelle : près d’un tiers des demandes de places en crèche sont refusées, et 1 parent sur 5 (en grande majorité des mères) garde son enfant lui-même faute d’autre solution de garde.

Des annonces gouvernementales ont été faites ces dernières années pour promettre de régler ce souci, mais il n’y a pas eu d’engagement concret. La dernière promesse en date du gouvernement : consacrer un budget de 5 milliards d’euros à la création de 200 000 places de garde d’ici à 2030.

À lire aussi : Elisabeth Borne promet la création de 200 000 places en crèche d’ici 2030

Tandis que les mères réduisent leur temps de travail, pour s’occuper de leurs enfants, les pères augmentent le leur. À long terme, plus il y a d’enfants, plus la mère est pénalisée professionnellement. Le congé parental fait toujours l’objet d’une trop faible rémunération, à hauteur de 428,71 euros pour un arrêt complet du temps de travail.

Lors de ces trois premières années de l’enfant, avant sa scolarisation, l’écart entre les mères et les pères se creuse. Avoir un enfant représente 5 heures de travail domestique en plus pour les femmes, et 2 heures en moins pour les hommes. Et ce fossé s’accroît à chaque enfant supplémentaire. Les pères évitent tout particulièrement les tâches dévalorisantes, et ont plus de temps de loisir en moyenne. Pour pouvoir mieux cerner le coût de ce travail invisible non rémunéré, qui échoue encore majoritairement aux femmes et aux mères, l’association Parents et féministes a créé un outil d’édition de facture. Il permet de calculer la valeur de son travail domestique et parental.

Enfin, si être mère est coûteux, être une mère seule ou séparée l’est encore plus. 84 % des familles monoparentales sont menées par une femme, et 90 % des pensions alimentaires doivent être versées par des pères. Elles restent impayées dans 30 à 40 % des cas.

Comment rééquilibrer la situation ?

Pour Marie-Nadine Prager, présidente du PA.F, Le Collectif pour une Parentalité Féministe, ce qui coûte le plus cher aux mères est probablement le frein à la carrière. « Nous militons pour la prise en compte de toutes les inégalités invisibles que subissent les femmes. Le frein à la carrière est pernicieux, car les femmes ne s’en rendent pas toujours vraiment compte. Il peut y avoir un bizutage au retour au travail, des promotions manquées à cause du congé maternité, des temps partiels, des journées enfants malades à poser.

Les mères diminuent fréquemment leur temps de travail, car il est trop lourd d’assumer toutes les charges, et les conjoints ne prennent pas assez leur part. Parfois, elles se disent qu’elles le font par choix. Au fil des années, l’impact est significatif sur la situation économique des mères, et cela se précipite en cas de séparation. On se rend alors compte que sa situation économique est beaucoup moins favorable que celui de l’ex-conjoint, mais il est difficile de se battre et de réclamer un équilibre. »

Lucile Quillet, membre de l’Observatoire de l’émancipation économique de la Fondation des femmes et autrice de l’essai Le Prix à payer, ce que le couple hétéro coûte aux femmes (éd. Les Liens qui Libèrent), pense également que le coût le plus important supporté par les mères est l’argent qu’elles ne toucheront jamais, du fait de leur maternité. « Sur le long terme, l’impact économique est considérable. Cela se répercute sur les revenus, les cotisations chômage, et bien sûr sur la retraite in fine.

On entend souvent « ah oui, mais il fallait réfléchir Madame !« … Or, ces changements ne sont pas toujours choisis, mais beaucoup subis, pour pallier le manque de places en crèches et faire la variable d’ajustement pour toute la famille (et la société au passage). L’intérêt collectif passe avant leur intérêt économique. Elles se retrouvent souvent à être les seules à assumer l’impact de la parentalité sur la vie. Sans compter les discriminations professionnelles qu’elles peuvent subir. Les hommes, eux, peuvent avoir une famille et une carrière pleine et intacte, justement grâce aux sacrifices professionnels, personnels et économiques des femmes. »

« Ce serait moins grave si les hommes étaient touchés aussi, la société doit prendre en compte ce temps de la vie et envisager les carrières autrement », explique Marie-Nadine Prager. La voilà donc la solution, mais comment faire ? « Il faudrait, premièrement », poursuit-elle, « des congés parentaux strictement équivalents pour chaque parent, de quatre mois, avec un risque et un coût égal. Ce congé devrait être rémunéré, obligatoire et non transférable, pour inciter les pères à les prendre dans leur intégralité. La société doit également jouer un rôle dans cette incitation, en mettant en lumière des modèles de paternité investis, actifs et positifs. Pour l’instant, un homme qui pose une journée enfant malade est mal vu.

Deuxièmement, il faut prendre en compte le désavantage économique que subissent les mères, en le rééquilibrant par des avantages financiers, ou un abondement en termes de salaires, d’impôts. Il faut tenir compte de la réalité que subit la quasi-totalité des mères, pénalisées par le fait d’avoir des enfants. »

Lucile Quillet enfonce le clou, « Pour qu’être mère coûte moins aux femmes, il faudrait qu’être père coûte plus aux hommes. Pour qu’un congé maternité ne soit plus perçu comme une trahison, que les discriminations cessent et que la conciliation vie privée vie pro ne soit plus « une affaire de femmes« , les pères doivent être considérés comme des parents équivalents aux mères : tout aussi responsables, tout aussi nécessaires… tout aussi potentiellement absents. »  

Des congés égaux, plus de modes de garde, un nouveau mode de calcul des pensions alimentaires, mais aussi un changement de mentalité à l’échelle de la société, voici ce que suggère l’autrice, pour que la maternité cesse de coûter aux femmes.


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Les Commentaires

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Avatar de vassilena
26 octobre 2023 à 14h10
vassilena
Mon message n'appellait pas à supprimer les aides. J'ai juste tiqué en lisant "plus d'aides" parce que je me suis dit que ça allait encore être pris sur les célibataires.
En tant que célibataire j'ai beaucoup moins de chances de devenir propriétaire (surtout si on me prend encore plus d'impôts) et aussi de fortes chances de finir seule et sans famille dans la partie la plus vulnérable de ma vie: la vieillesse, surtout en maison de retraite.
Rajouter des impôts ne va pas m'aider et en plus je ne cotise même pas pour un "avenir radieux" puisque je serai seule. Alors peut-être que je paye pour les futurs infirmiers, peut-être pas mais ça me fait une belle jambe honnêtement.
Ok pour les aides mais je pense que c'est bon. Sinon taxer les entreprises mais eux non plus ne veulent pas et ils ont plus de pouvoir pour dire non, sinon ils menacent de ne plus embaucher.

Encore une fois, tu confonds célibataire et parent.
Tu peux être child-free et en couple. C'est le couple qui rend plus "riche", pas le fait d'avoir des enfants. Une mère célibataire a encore moins de chances de devenir propriétaire. Quant aux enfants, en avoir ne garantit pas de ne pas finir seule en mouroir, ils ne nous doivent rien (à part un soutien financier, en fonction de leurs moyens) et beaucoup de vieux finissent sans visites.
Quand tu dis que tu n'auras pas d'avenir radieux puisque tu seras seule, désolée mais j'y lis surtout de la déprime de ton toi d'aujourd'hui.
(Avec des amies, on réfléchit à vieillir ensemble, en formant notre béguinage de vieilles)
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