Malgré la loi américaine Freedom of Access to Clinic Entrances, qui interdit les menaces et l’obstruction de l’accès aux cliniques, les patientes et le personnel médical qui avortent subissent de plus en plus de violences et de cyber-harcèlement de la part des prétendus « pro-vie ».
D’après un récent rapport de la Fédération Nationale de l’avortement (NAF), aux États-Unis, entre 2019 et 2020, les cliniques d’avortement ont signalé une augmentation du « vandalisme, des coups et blessures, des menaces de mort, de harcèlement et de colis suspects » — et ce, malgré le contexte de la pandémie.
Non contents de la violence que constitue déjà le fait de vouloir forcer une personne à être enceinte contre son gré, les militants anti-avortements en rajoutent donc une couche avec de l’intimidation et des agressions…
Des violences inquiétantes…
La NAF a beau ne pas avoir encore publié son rapport de 2021 sur la violence anti-avortement, Mélissa Fowler, responsable des programmes à la Fédération, a confié au magazine Jezebel :
« Nos membres continuent de signaler une escalade dans les activités anti-avortement agressives. […] [Les militants anti-avortement sont] enhardis par l’interdiction de l’avortement au Texas et l’activité récente de la Cour suprême concernant les affaires d’avortement.
Nous nous attendions à une escalade des activités anti-avortement en 2020 et 2021 en raison du climat politique, de l’élection et de l’augmentation des incidents haineux dans tout le pays. »
Les cliniques et prestataires d’avortements ont même signalé une hausse de 125% des agressions menées par des militants anti-avortement. Entre autres, les établissements ont rapporté des bousculades, des crachats et des insultes sur le personnel soignant et les personnes qui escortent les patients et patients jusqu’aux cliniques.
Selon le rapport, entre 2019 et 2020, « les menaces de mort et les menaces d’atteinte au personnel des cliniques ont plus que doublé, passant de 92 à 200 ». Le magazine Jezebel poursuit :
« Les cliniques ont signalé 27 cas de réception de colis suspects l’année dernière, contre seulement deux en 2019, ainsi que le double de cas de harcèlement du personnel de la clinique. Quatre cas d’incendie criminel ont également été signalés en 2020, contre aucun l’année précédente, et le harcèlement sur internet contre les prestataires a augmenté d’environ 10 %. »
Cette hausse ne date pas d’hier. Depuis 2016, spécifiquement autour de l’élection de Trump, qui ne se gêne pas pour comparer publiquement l’avortement à un meurtre, les rapports de la NAF montrent une augmentation constante des menaces et des attaques physiques dans ce cadre.
Une hausse inquiétante dont la France n’est pas à l’abri puisque qu’en janvier dernier, une centaine de manifestants et manifestantes s’étaient réunis pour « protester contre la proposition de loi visant à étendre de douze à quatorze semaines le délai légal de recours à l’interruption volontaire de grossesse. »
Et c’est sans compter les « commandos anti-IVG », des occupations et blocages dont le but étaient de gêner le bon fonctionnement des établissements qui pratiquaient l’avortement, qui avaient lieu il n’y a pas si longtemps, entre 1987 et 1995.
…qui migrent sur Internet
Les violences physiques ne sont pas les seuls outils des militants anti-avortement. En ligne, les attaques se multiplient aussi.
Operation Rescue, un mouvement anti-avortement créé par Randall Terryen, détient par exemple une base de données comprenant des photos et informations personnelles de personnel de cliniques qui pratiquent l’avortement.
En ce moment, bon nombre d’États réfléchissent à interdire ou à limiter les possibilités d »avorter, comme au Texas. Fatalement, les gens cherchent désespérément des solutions en ligne pour mettre fin à leur grossesse non désirée, quitte à braver la loi.
Les données hackées des patients et patientes ou les attaques en ligne des militants anti-avortements mettent donc de plus en plus de personnes en danger. Le magazine Jezebel rapporte :
« Les cyberattaques contre les cliniques d’avortement pourraient exposer les prestataires et les patients à des peines de prison.
Selon l’association National Advocates for Pregnant Women, c’est déjà le cas, puisque les poursuites pénales pour fausses couches, mortinaissances, avortements autogérés et autres issues de grossesse ont triplé ces dernières années, passant de 413 poursuites entre 1973 et 2005 à plus de 1 250 entre 2006 et 2020. Les personnes racisées sont nettement plus susceptibles de subir une fausse couche ou une mortinaissance, et aussi plus susceptibles d’être criminalisées. »
La plupart des politiciens anti-avortement essayent de se détacher de ces violences. Pourtant, leurs politiques et leurs discours encouragent ne font que donner de l’eau aux moulins des militants violents…
À lire aussi : Mon métier ? Faire baisser le nombre d’avortements dangereux !
Crédits photos : Viktoria Slowikowska et Katie Godowski (Pexels)
Les Commentaires