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Arts & Expos

Quand la mode fricote avec l’art

On le remarque de plus en plus souvent en parcourant l’agenda des expositions en France et dans le monde, de nombreux créateurs de mode s’installent dans des lieux artistiques pour proposer certaines de leurs collections passées ou des rétrospectives au grand public : tout le monde n’a pas la chance d’assister à un défile Chanel ou Lacroix, c’est donc le moment ou jamais ! Autant dire que la frontière entre art et mode devient de plus en plus faible ! Cependant, déjà dans les débuts de l’art contemporain puis tout au long du 20ème siècle, certains artistes ont réalisé des œuvres avec des vêtements (mais sans pour autant entrer dans la catégorie « mode »).

Le vêtement dans l’art

Remettons-nous dans le contexte : avant le 20ème siècle c’était peinture à l’huile et grandes toiles obligatoires. Après, ça change plutôt pas mal, et on voit débarquer dans les ateliers des œuvres réalisées avec de nouveaux matériaux. Les artistes se diversifient et appréhendent de nouvelles techniques, dont celle du tissu et l’utilisation du vêtement. Les cubistes en appliquent dans leurs toiles par exemple, mais l’utilisation va devenir beaucoup plus radicale à partir de la deuxième moitié du 20ème siècle.

Tu la connais sûrement : Annette Messager. Son travail sur le féminisme la pousse à utiliser des vêtements. Dans un travail intitulé Histoires des robes en 1990, elle expose des robes encadrées et illustrant un mot épinglé en dessous ainsi que des photos. En réalité, ces robes retracent la vie d’une femme lambda : robe de petite fille, robe de ballerine, robe de bal de promo, robe de mariée, robe de chambre…

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Annette Messager, Histoires des robes, 1990, Installation

D’autres artistes ont travaillé avec le vêtement, mais le plus occasionnellement. On peut noter MichelAngelo Pistoletto, un artiste de l’Arte Povera, qui travaille sur l’absence du corps en accumulant des vêtements au sol.

Le vêtement comme costume et travestissement

On commence avec ze artiste of ze world : Picasso. Notre ami Pablo a certes révolutionné l’anatomie humaine mais n’a pas fait que des toiles et des sculptures. En effet, il a collaboré avec ses amis Erik Satie et Jean Cocteau sur le ballet musical Parade en 1917. Comment ? En réalisant les décors, le rideau de scène et… les costumes !

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Picasso, Aquarelle pré-réalisation

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Picasso, Version finale et portée

Le vêtement considéré comme costume est très présent dans les travaux de travestissement d’artistes comme Matthew Barney et Cindy Sherman. Leurs travaux sont très différents mais dans les deux, les vêtements tiennent une place importance car ils servent à cacher l’identité de l’artiste au profit d’autres identités artistiques.

Barney (artiste américain travaillant dans les années 90) se sert des costumes pour se transformer en bêbêtes étranges et qui-font-faire-des-cauchemars : très souvent blanches, au visage terrifiant (oreilles et nez proéminents), couvertes de sang… Alors que Sherman elle, utilise les vêtements pour se grimer en personnages historiques connus ou en stéréotypes de la société actuelle, tournés en caricatures grossières.

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Matthew Barney, Creamaster

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Cindy Sherman

 

Quand la mode flirte avec l’art

Depuis plusieurs années donc, nous voyons débarquer de grands créateurs de mode dans des musées et autres lieux d’exposition d’habitude "réservés" aux arts "classiques" (note bien les guillemets surtout !). Les exemples sont nombreux aussi bien à l’échelle régionale que mondiale.

Commençons donc à ch’tite n’échelle (tu comprendras la référence bientôt) : début 2009 a eu lieu une exposition consacrée à la styliste Agatha Ruiz de la Prada au Musée de la Piscine à Roubaix. Joliment appelée Un Jardin de Corazones (traduction Un Jardin de Cœurs si tu es aussi peu douée que moi en espagnol), l’exposition présentait une vingtaine de robes et ensembles multicolores-flashy à t’en crever les yeux pour femme et enfant, rassemblés dans une pièce couverte de fausse herbe vert fluo. Une immersion totale dans l’univers pop coloré de la couturière, qui te donne envie de piquer une de ses robes avant de partir (dixit Mademoiselle So). Avant le jardin, nous pouvions admirer des travaux de croquis réalisés au pastel gras.

A Paris cette fois-ci, Sonia Rykiel a exposé l’année dernière au musée des Arts Décoratifs de nombreuses pièces en tout genre (robes, pulls, jupes, sous-vêtements). Derrière des vitrines, dans un cadre très sombre et sobre, ces vêtements à la fois présentés en vrai sur des mannequins ou des cintres, pouvaient se voir également en vidéo lors des défilés. A la fin, un travail graphique (très impressionnant je dois l’avouer) est présenté au public : une bonne quarantaine de croquis aboutis d’amis et de stylistes renommés représentant des réalisations de Sonia Rykiel (mon préféré restera pour toujours celui de Christian Lacroix).

Pour ces deux expositions, il est intéressant de voir le travail pré-réalisation des modèles : toutes les étapes du croquis, de la recherche du meilleur tissu, des meilleures couleurs… Et observer les changements qui ont pu avoir lieu entre ces deux étapes ! C’est un des rares fois où l’ont peut observer ces travaux et le coup de crayon des stylistes, bien souvent cachés du regard du public !

A Londres maintenant en 2008, au Victoria & Albert Museum, des costumes de scène du groupe The Supremes étaient exposés. Une bonne dose de paillettes pour une exposition disco réalisée grâce à la collection perso de Mary Wilson, membre emblématique du groupe. Une occasion pour découvrir la mode pailletée des starlettes de l’époque et de se trémousser sur les rythmes endiablés de Diana Ross et ses deux complices devant les gardiens du musée amusés (testé pour vous).

Mais quand je dis que la frontière entre l’art et la mode devient faible, je pensais forcément à cet exemple ô combien parlant : un défilé d’art. Oui oui. Et ca a eu lieu à Paris en 2008 sous l’impulsion de l’artiste Suisse Sylvie Fleury à la galerie d’art Thaddaeus Ropac  lors d’une soirée prout-prout style Monsieur l’Ambassadeur de Ferrero Rocher (je rassure tout le monde : je n’y étais pas). Peu d’élus, champagne et toasts au pâté pour ce défilé atypique. Un podium, du public, des murs blancs, des mannequins. Mais elles ne défilaient pas avec des vêtements. Enfin, si, mais là on s’en foutait un peu vois-tu parce qu’elles avaient en guise de sac à main des toiles de l’artiste (avec des anses en faux or et cuir style Chanel). Musique, et les nanas défilaient comme si de rien n’était et accrochaient à la fin de leur traversée de podium leur sac-toile au mur, à la vas-y-comme-jte-pousse. A la fin du défilé, les toiles sont restées ainsi, mises n’importe comment et c’est ça qu’on pouvait admirer à la galerie les mois qui suivaient. Ou comment donner à l’art une certaine notion de luxe. Qu’est-ce qui devient important ? Le geste et la mise en scène de l’accrochage ou le résultat ?

Alors, qu’en penses-tu ? La mode a-t-elle sa place dans le milieu de l’art ? As-tu déjà été voir une exposition/performance de ce type ?


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

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Avatar de chacidul
18 septembre 2009 à 18h09
chacidul
Pour moi l'art et la mode sont deux choses distinctes, même si elles se ressemblent.

Je pense que les musées ont toujours eu une dimension historique, et justement l'art s'inscrit dans l'histoire, alors que la mode non. Quand je vais à une expo, c'est surtout pour apprendre, et à un défilé pour voir.

La mode sans dimension historique...???!!!
je ne peux cautionner ça...
la mode à de tout temps eu une dimension sociologique et historique.
Il y a eu de grandes révolutions, souvent pour ne pas dire toujours, intimement liées à des changements comportementaux, politiques...
La fin du corset, la mini-jupe, le petit pull rykiel, la petite robe noire...

Il y a au moins une grande dimension historique incluse dans le principe même de mode : La libération Féminine...
tous ces changements ont contribués à l'épanouissement de la femme...
(ouh là ça part en discours féministe mon affaire...lol)

De plus, historiquement parlant, la mode à toujours été chargée de "symboles", et est donc induite dans l'idée même de "classement social".
Enfin quand je dis ça, je m'éloigne certainement un peu trop du sujet de base, puisque, plus que la mode, je sous entends, le "vêtements" en lui même, voir "l'uniforme".
Mais preuve en est... le retour "tendance" de l'uniforme est forcément lié à quelque chose d'historique, à un caractère ou un métier de l'histoire : Veste Napoléonienne, Veste "Fanfare" ou Monsieur Loyal...

Tout ça est chargé d'histoire...même si, si l'on en a pas forcément conscience...
les tendances, sont extrêmement liées à l'actualité et à "l'esprit" de la société...
la mode est un vecteur d'expression.
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