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Quand j’étais petite, j’étais has been

Quand elle était petite, non seulement elle n’était pas grande, mais en plus Sarah ne surfait pas sur la vague de la tendance comme aujourd’hui. Petite histoire d’un perpétuel décalage et de caleçons à fleurs.

Au risque de vous surprendre, je n’ai pas toujours été à l’affût de l’actualité et de la tendance comme je le suis aujourd’hui. (Qui a toussé ?)

En des temps bénis par les Dieux de mon enfance, où le web n’était pas encore assez 2.0 pour me tenir un minimum à la page, j’allais de l’avant en regardant en arrière et chantais en salopette les chansons de gens que ma génération n’avait pas pu connaître.

On avance tous en traînant derrière nous les quelques tares qui ont marqué notre enfance. J’aurais pu vous parler d’un appareil dentaire, mais le fait est que, si à un moment j’aurais pu en porter un, j’ai mordu le dentiste ayant osé suggérer l’idée (aussi, quelle idée de mettre sa main dans ma bouche). Non, mon enfance à moi, elle a été marquée par trois points principaux : j’étais blasée avant l’âge, j’avais mauvais caractère, et j’étais « has been ».

Comme on dit chez les jeunes.

T’ar ta gueule à la récré

Pour être honnête, on a vu pire comme traumatisme de son enfance – si on peut même appeler ça un traumatisme, parce que je m’en suis toujours battu les flancs avec une énergie qui vous donnerait un aperçu de l’infini.

Les tendances se suivaient et ne se ressemblaient pas, mais je marchais à côté sans les voir, non pas parce que je m’inventais snob avant l’heure et les moyens, mais parce que, pour continuer dans la métaphore, j’étais trop occupée à regarder un nuage en forme de dragon.

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Et aussi, je ne mangeais que des pâtes. Ah non mais ça n’a jamais changé, ça.

C’est avec le recul que je m’en suis rendu compte, à vrai dire. Comme c’est avec le recul que je me suis rendu compte que je n’ai découvert les Spice Girls que vers mes 18 ans. Où étais-je donc, pendant ces deux longues années de ma vie, où les trois-quart de la cour de récré s’échangeaient des photos des chanteuses ?

J’étais là, à côté. Je venais de découvrir les scoubidous qui faisaient fureur l’année passée, alors excusez.

Il faut dire que personne ne m’avait expliqué le concept, et j’avais un peu de mal à me contenter de « j’ai celle d’Emma qui mange une sucette », notamment parce que, pour moi, c’était Annie qui mangeait des sucettes (à l’anis). Sans compter que je n’avais pas terminé mon album panini du Bossu de Notre-Dame, qu’il n’y avait déjà plus personne avec qui échanger des doubles parce qu’ils étaient tous en train de se passer des photos de gens que je ne connaissais pas. C’est permis, d’abord, d’échanger des photos de gens ?

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Vous aussi vous avez du mal à voir ce qu’elles ont de plus que le Bossu de Notre-Dame, hein ?

Heureusement, toutes les modes de la cour de récré ne m’échappaient pas totalement. J’ai testé – toujours avec un certain retard, certes, mais j’ai testé – la plupart des nouveaux jeux introduits pendant la pause de quinze petites minutes. À se demander d’ailleurs comment autant de drames de cour de récré ont pu se jouer en si peu de temps.

Je me suis cassé le minois plus du nombre réglementaire de fois sur l’élastique, sans jamais savoir d’où venaient les figures qu’on nous demandait de réaliser.

Je maîtrisais à peine la chose, lorsqu’il a fallu faire l’effort de se remettre à la corde à sauter parce qu’un marketeux à l’esprit fumeux avait réussi à faire croire que cet exercice SPORTIF était en fait un jeu hyper tendance.

Tout ça pour me faire dire que l’avenir, c’était la pâte à prout, pour laquelle j’ai eu les mains qui puaient pendant l’avènement du Tamagotchi.

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Hilarant.

Et puis le Tamagotchi et les photos des Spice Girls qui traînaient encore eurent raison de ma maigre patience de gamine je-m’en-foutiste peu endurante. J’en ai eu marre.

Marre de nettoyer la merde virtuelle d’un truc pas plus réel qui faisait BIP BIP la nuit parce qu’il voulait encore chier. Marre de courir après les modes et de battre des paupières sur mes petits yeux humides de chaton blessé pour inciter ma mère à m’acheter les nouveaux Jojo’s moches auxquels je ne savais pas jouer ou les tout derniers pogs que tout le monde avait déjà.

J’ai ressorti ma vieille cagnotte de billes, seul amour de récré de ma vie, et je suis partie jouer sur le terrain de terre.

Ce jour-là, j’ai fait repartir la mode des billes. (A.k.a « la revanche d’une ringarde ».)

La musiiiquee, ouii, la musiiiqueee

À ce stade de l’article, vous avez compris qu’il me manquait dans ma belle jeunesse les bases fringuantes de la popularité de cour de récré. Je devais passer un peu pour une originale auprès de mes petits camarades – j’étais juste une incomprise avec la tête dans les nuages (vous pouvez pas comprendre).

Et avant l’arrivée de Youtube, Deezer ou Spotify, la communication et le bouche à oreille qui auraient dû me permettre d’être à la page sur les tubes de l’été me faisaient défaut.

Le pire étant que, comme pour les Spice Girls, je ne snobais même pas les nouveautés musicales. J’aimais beaucoup la musique, toutes sortes de musiques, mais, à défaut d’être au courant, j’écoutais ce qui me passait par les oreilles. Par exemple, il m’a fallu du temps pour comprendre que tous les gamins ne sautaient pas de joie quand leurs parents mettaient Nostalgie.

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On ira, où tu voudras quand tu voudraaas… lalalaalalaa 

À la limite, je n’ai pas vraiment de regret à ce sujet : tout le retard que j’ai pu prendre sur les nouveautés de cette époque, je l’ai largement rattrapé (comprendre : il ne se passe pas une soirée sans que j’essaie de glisser Daddy DJ dans la playlist. Invitez-moi). Pendant ce temps-là, je fouinais dans la discothèque de mes parents, et découvrais de plus vieux titres qui allaient servir à mon éclectisme musical actuel. Et je maintiens que Joe Dassin, c’est un intemporel.

OUI, je chantais

« Trompeeettes de la renommée » et L’été Indien en trémoussant mes jupettes fleuries. Je suis tombée amoureuse à 10 ans des Valses de Strauss. Dire Straits, Supertramp, Elvis et Genesis constituaient mon idée du cool et le sont toujours. Et je ne vous parle pas de Jacques Brel et Abba. Le premier CD que j’aie jamais acheté, mon cochon, c’était du Cat Stevens. Tu vas faire quoi ?

(Bon, suivi d’Hélène Ségara.)

(Quand je vous parle d’éclectisme.)

Laisse tomber la télé (un jour c’est toi qu’elle laissera)

Je vous dirais bien que je ne suis pas snob, mais je crains qu’après mon monologue sur la musique de mon enfance, ce ne soit déjà trop tard. Alors tant pis. Quitte à insupporter le monde, autant l’insupporter jusqu’au bout : je ne regardais pas la télé. Là. Voilà. Je l’ai dit. Pfiou.

Enfin, à part les dessins animés jusqu’à un certain point. Je le précise avant que vous ne m’imaginiez gamine avec une mise en pli et une pipe à la main en train de lire du Kant. J’ai eu une enfance has been, mais une enfance néanmoins normale à base de BDs, de bonbons, et de « je ferai mes devoirs demain ».

Je n’allais pas jouer aux cerceaux le dimanche au parc Monceau, ne serait-ce que parce que j’étais déjà une quiche au hula-hoop et que je suis une provinciale.

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Un jour, ceci fut cool. (De qui se moque-t-on ?)

Mais voilà : mes parents ne regardaient pas la télé, si ce n’était pour les infos ou pour un film le soir. Du coup, je n’ai jamais attrapé le même réflexe que mes petits camarades de suivre la programmation et un certain nombre d’émissions cultes, et en l’absence d’internet, il m’était difficile de rattraper mon retard pour tenir la route pendant les conversations de cour de récré.

J’ai bien essayé, une fois, de me rattraper aux branches et de « faire genre », comme on dit de façon intemporelle.

« Éh, mon père a zappé sur Derrick l’autre soir, j’ai failli lui dire ‘arrête change pas, tous mes copains en parlent à l’école’ ! Ahaha. Aha. Hum. »

S’en est suivi le plus beau bide de ma carrière d’humoriste ratée précoce.

Mais voilà que j’arrive à la fin de ma tirade sur ma relation distante avec la télévision à l’époque, et je m’interroge. Ne serais-je pas demeurée has been toute ma vie, si le web 2.0 ne s’était point développé et n’avait su attirer l’attention de l’adolescente contrariante que je devins fatalement ?

Car aujourd’hui encore, on pourrait avancer que je ne fais que tricher : les derniers évènements télévisés, jusqu’aux noms des nouvelles émissions cultes, j’en retrouve l’information condensée et résumée sur ce web auquel je suis perpétuellement connectée.

Je ne suis qu’une parvenue.

J’ai touché le fond de la piscine / Dans le petit pull marine

J’exagère, je regarde un peu plus la télé, maintenant que je suis une grande fille et que j’ai obtenu le pouvoir de la zapette avec mon propre le poste de télévision de mon coloc. Je regarde les infos, des fois, et, euh… Je… Le Grand Journal… et…

J’AVOUE, JE SUIS UNE MISÉRABLE. J’oublie d’allumer le poste. Mais ce n’est vraiment que parce que je suis trop occupée à fixer un autre écran – ou que la télécommande est trop loin et que personne n’a encore percé le secret de la télévision qui s’allume par la seule force de la pensée.

Et que voici que la vérité soudain m’explose au visage ! Je réalise enfin… qu’avant d’être has been… j’étais surtout atteinte de flemmingite aigue et chronique – plus communément appelée Flemme -, que la facilité du web m’aide aujourd’hui à dissimuler un peu. Ça tombe bien, me direz-vous, je travaille dessus.

Comment expliquer autrement que par la flemme mon style vestimentaire de l’époque, qui oscillait entre « c’est maman qui a choisi » et « je suis bien dedans, ça fera l’affaire » ? Un style à filer le mal de mer, à passer trop vite de la petite robe fleurie de princesse anglaise prête pour le tea time, au caleçon sans boutons ou fermeture éclair enfilé avec un pull sac à patates attrapé au hasard dans l’armoire ?

Remarquez, maintenant que j’y pense, mes petits camarades, pourtant supposés être cruels, n’ont jamais vraiment critiqué mon style vestimentaire… (À part la fois où un garçon m’a dit que sa grand-mère avait les mêmes chaussures, mais ça ne compte pas parce qu’après coup il s’est rendu compte que je portais les mêmes baskets que lui.) Mais bon. On ne l’a jamais vraiment envié non plus. Après mûres réflexions, je faisais peut-être peur.

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« Mais enfin Jean-Eudes, fais-toi une raison : toi aussi tu es has been. »

J’étais has been, par la seule force de mon manque de patience et d’entrain – et de style, disons-le – pour faire les magasins de manière efficace avec maman (ben oui, quand j’étais petite, j’ai dit). Pendant un temps, ça se terminait souvent par un « maman choisit », jusqu’à l’arrivée de l’adolescence et de mon amour pour les pattes d’eph et autres vêtements trop grands.

Mais le pire dans tout ça, voyez-vous, c’est que je ne mettrai jamais cet aspect de ma vie au service du magazine pour lequel je travaille : je n’en ferai jamais un placard de la honte. Parce que j’ai la flemme.

Ce même magazine au sein duquel mes collègues me jugent parce que je suis trop has been pour avoir jamais joué à Pokémon.

C’est sans fin.

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Les Commentaires

21
Avatar de LaBelleAuBois
4 avril 2014 à 21h04
LaBelleAuBois
Merci merci merci! Merci de m'avoir montré que je n'étais pas la seule à ne pas être dans le coup, et à m'en foutre! Merci!
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Voir les 21 commentaires

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