1-0 pour la Fifa, mais quel match nul ! La Fédération anglaise (FA) de football a publié un communiqué, ce lundi 21 novembre, au nom de l’équipe de la Belgique, du Danemark, de l’Allemagne, des Pays-Bas, de la Suisse et du Pays de Galles. Elle annonce que sous la pression de la Fédération Internationale de Football (Fifa), les capitaines de ces équipes ne porteront pas le brassard « One Love » qu’ils souhaitaient arborer en soutien, entre autres, à la communauté LGBTQI+, lors de la Coupe du monde au Qatar. « La Fifa a été très claire : elle imposera des sanctions sportives si nos capitaines portent ces brassards sur le terrain », a déclaré la FA dans son communiqué relayé par le Telegraph. Ses signataires se disent « très frustrés » par cette décision qu’ils jugent « sans précédent ». Certains auront pourtant essayé de tenir tête à la Fédération jusqu’au bout.
Le brassard de l’UEFA mis au ban
Le 21 septembre, sous l’impulsion de l’UEFA, l’instance européenne du foot, huit fédérations (l’Allemagne, l’Angleterre, la Belgique, le Danemark, la France, les Pays-Bas, le pays de Galles et la Suisse) avaient adressé à la Fifa leur souhait de voir leur capitaine respectif porter, lors de la Ligue des nations et du Mondial qatari, un brassard agrémenté d’un cœur aux multiples couleurs sur lequel il est écrit « One Love ». Une façon d’afficher leur soutien à la communauté LGBTQI+, mais aussi contre toutes les formes de discriminations. Rappelons qu’au Qatar, l’homosexualité est un crime passible de sept ans de prison, voire de la peine de mort si la personne concernée est de confession musulmane. Rappelons aussi que des milliers d’ouvriers, pour beaucoup sans papiers, sont morts sur les chantiers de construction des stades et autres infrastructures spécialement érigées pour le mondial.
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Couard comme un Français
Face à la requête des fédérations européennes, la Fifa est longtemps restée muette. La France, par le biais de son capitaine Hugo Lloris, avait finalement cédé la première, le joueur ayant déclaré qu’il ne porterait pas le brassard pour « respecter la culture du Qatar ». Voilà pour le courage à la Française. Samedi 19 novembre, veille du lancement du mondial au Qatar, la Fifa a finalement manifesté son refus en présentant ses propres brassards, faisant automatiquement du brassard « One Love » un équipement non réglementaire et exposant ainsi les joueurs qui le porteraient à des sanctions. Mais les fédérations européennes avaient tenu bon. « Nous étions prêts à payer les amendes qui s’appliqueraient normalement en cas d’infraction à la réglementation sur les équipements et nous étions fermement décidés à porter le brassard, a déclaré la FA dans son communiqué. Cependant, nous ne pouvons pas mettre nos joueurs dans une situation où ils risquent de recevoir un carton jaune ou même d’être obligés de quitter le terrain. »
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Les « grandes causes » de la Fifa
Les brassards présentés par la Fifa ont pour objectif, selon la circulaire adressée aux fédérations nationales, de défendre « des grandes causes universelles ». Pour chaque journée de matchs, un brassard arborant un message différent, en anglais, sera donc porté par les capitaines, tels que : « Football unites the world » (comprenez : le football unit le monde), « Save the planet » (Sauvez la planète), « Protect children » (Protégez les enfants), « Education for All » (L’éducation pour tous), « No discriminations » (Pas de discriminations) et « Be active » (Soyez actifs). Des messages dignes d’un discours de Miss Univers, tout beaux et très gentils, mais extrêmement consensuels. Surtout, qu’ont-ils de plus que le brassard « One Love » ? Rien, si ce n’est d’afficher au bras des joueurs le despotisme de la Fifa.
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Visuel de Une : Unsplash / Anastasiia Chepinska
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Les Commentaires
Dénoncer tous les problèmes que ça pose, en profiter pour éduquer je trouve que c'est la moindre des choses. Quoique veuille nous faire croire la FIFA ("laisser les gens s'amuser", le football est politique. Il y a des enjeux économiques et diplomatiques énormes derrière et ce sont bien aux politiques et financeurs qu'il faut demander des comptes.
Je ne suis vraiment pas d'accord avec le fait que si on est invité qq part on doit respecter son hôte. Déjà les joueurs ne sont pas invités comme le dit @Dounei ils sont sous contrat, ce n'est pas eux qui ont choisi le lieu de la coupe. Certains joueurs se dédouanent d'ailleurs très bien en disant qu'ils sont payés pour jouer et rien d'autres (sans compter que les plus grosses stars sont sous contrat dans des clubs financés par le Qatar: s'attendre à ce que Mbappe s'exprime par rapport à cette coupe, c'est comme demander à Hanouna de critiquer Bolloré).
Porter un brassard c'est le minimum. Dire que porter ce brassard c'est néocolonialiste, ca laisse entendre que tous les Qatari et musulmans sont anti LGBT, pro-esclabagismes et cautionnent la coupe du monde. Les peuples ne sont pas leur gouvernement et leurs lois.
Dans le cas du Qatar, qu'est ce qui est plus néocolonialiste : entre porter un brassard pour montrer ses valeurs dans un événement d'ampleur et de visibilité internationale ou acheter des clubs de football occidentaux pour avoir un pouvoir diplomatique dans ces pays lui permettant d'organiser un événement d'ampleur international où nos valeurs, lois et visions du monde seront mis en avant dans le monde entier ?
Qqn se demandait ce qui se passerait si des supporters ou des joueurs portaient un message anti ivg dans une coupe du monde en France. Rien du tout en fait. Il y aurait sans doute une réponse des organisateurs, des autres équipes mais personne ne serait condamné à la prison ou ne verrait sa carrière brisée pour ça. Parce qu'on est dans un pays qui respecte la liberté d'expression. Ici ce qui me choque c'est que la FIFA condamne la liberté d'expression de ses joueurs, elle est totalement complice et coupable de la censure et ne s'en cache même pas. Et personne ne dit rien. Ce qui me choque c'est que nos gouvernements et médias sont complices et coupables pcq mtnt que les match ont commencé, on profite à fond de la manne médiatique et économique, en diffusant les match, des émissions spéciales, des publicités, des coups de com... on ne parle plus trop des esclaves, du coût écologique,...
Dire "le Qatar c'est mal, regardez ce qu'ils font", c'est détourner les yeux de ce que cette coupe du monde dit de nos sociétés : du fait que nos politiques, gouvernements et médias n'en ont rien à faire de l'éthique, de l'écologie et des droits humains du moment qu'ils peuvent en tirer du profit, que sous couvert de "divertir le peuple" on pactise avec des états plus que problématiques, que si ces États, contrairement aux nôtres, n'ont pas signé de conventions internationales, on n'a aucun souci à donner de la visibilité et du pouvoir à des pratiques qu'on est sensé condamner sur le papier. Et je ne parle même pas de la corruption... Rien n'a changé depuis "des pains et des jeux" romains.
Du coup je ne dis pas qu'il ne faut pas condamner et dénoncer le Qatar mais je pense qu'on doit aussi se poser des questions et agir dans ce qui nous concerne directement.