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Voyages

Mon PVT à Montréal, au pays de la gentillesse et du féminisme — Carte postale du Canada

Claire continue cette semaine spéciale Cartes postales depuis Montréal, où elle est en PVT depuis six mois. Elle vous raconte la formidable ouverture d’esprit qui y règne, et les quelques moins bons aspects.

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Mon copain et moi avons tous les deux grandi et vécu en région parisienne, et n’avions jamais eu le besoin ni l’opportunité d’étudier ou de travailler ailleurs que près de « chez nous »… jusque-là, on avait surtout profité de nos vacances pour satisfaire notre curiosité pour d’autres cultures et d’autres pays.

Mais il y a deux ou trois ans, l’envie d’une expérience à l’étranger avant de « s’installer » a commencé à se faire ressentir, et il y a un an, elle s’est transformée en besoin : mon mec s’est retrouvé dans un plan social et j’ai réalisé que je prenais racine dans un job qui ne me plaisait plus et mettait mes nerfs dans un état lamentable.

Et après des vacances à Montréal en avril 2015 pour voir des amis, ça nous est apparu comme une évidence : et si on tentait le PVT au Canada ?

Qu’est-ce que le PVT ?

Le PVT, c’est le « Programme Vacances Travail ». Il permet aux citoyen•nes âgé•es de 18 à 30 voire 35 ans de certains pays — dont la France — d’obtenir un permis de travail ouvert (donc non relié à un emploi déterminé) d’un ou deux ans. Ce permis est valable dans certains pays (le Canada, l’Australie ou la Nouvelle-Zélande pour les plus connus).

Il s’agit d’un permis individuel, il n’y a pas de regroupement possible pour un couple, marié ou non. Donc si l’on veut partir en couple, il faut que chacun•e obtienne un PVT.

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Ce programme a de plus en plus de succès et il devient chaque année de plus en plus dur de l’obtenir pour le Canada, car le nombre de personnes intéressées est bien plus élevé que le quota de permis accordés par an.

En 2015, il s’obtenait sur le principe du premier arrivé, premier servi : il fallait se connecter sur une interface du site de l’immigration canadienne et sélectionner la catégorie PVT.

Le quota de PVT était atteint en à peu près une minute.

Comme des milliers de personnes se connectaient en même temps pour seulement 2 000 places environ (il y a trois vagues d’attribution, pour un total de 6 400 places chaque année), le quota était atteint en à peu près une minute.

Pour notre première tentative, on s’est donc dit :

« Allez, on essaye, on l’aura jamais, mais au moins ça nous fera un entraînement pour l’an prochain ! »

Sauf que, comme on est un couple de gros chanceux (je sens que je vais me faire taper virtuellement), on l’a obtenu tous les deux, en même temps, du premier coup. Oh yeah.

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Ce gif vient du formidable Tumblr Les Joies du PVT Canada.

On a reçu notre approbation finale fin juin après vérification de notre dossier, on s’est mariés (c’était prévu et ça tombait bien : une dernière grosse teuf avec tous nos proches avant de partir), j’ai démissionné, on a vendu une partie de nos affaires et mis le reste dans des cartons chez nos parents, et on a pris l’avion en janvier 2016 direction Montréal !

À lire aussi : Nos Racines — Alice, franco-québécoise

Pourquoi s’installer à Montréal ?

Émigrer au Québec, c’est plus facile.

Pour être originaux bien sûr (rapport au fait qu’il y a environ 120 000 Français•es au Québec) ! Au départ, on envisageait de bouger un peu et de tester plusieurs villes, en commençant par Montréal.

Non parce qu’émigrer vers le Québec, c’est plus facile : il n’y a presque pas de barrière linguistique (oui, je dis « presque » parce que le québécois demande un temps d’adaptation !), on connaît tou•tes quelqu’un qui y vit ou y a vécu (faites le test autour de vous, c’est assez incroyable), c’est à « seulement » sept heures d’avion, à un prix pas si exorbitant selon les périodes et… c’est une ville vraiment géniale.

Après six mois ici, je vais essayer de vous expliquer un peu pourquoi, selon moi. Évidemment, tout ceci n’engage que moi, il s’agit de ma perception du Québec, de mes impressions et de mes interprétations… d’autres peuvent voir les choses autrement !

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À lire aussi : J’ai testé pour vous… vivre dans une résidence universitaire canadienne

Le Canada est un pays très vaste (presque de la taille de l’Europe) et peu peuplé (35 millions d’habitant•es). Le Québec à lui seul est grand comme trois fois la France et compte un peu plus de 8 millions d’habitants.

Faites un calcul simple : globalement, ici, il y a de la place, les gens ne sont pas les uns sur les autres et ça se sent ! Tout le monde est plus détendu du slip, moins stressé, moins agressif, plus avenant… c’est environ l’extrême opposé d’un lundi de grève dans le RER parisien (vous visualisez ?).

J’ai l’air de caricaturer, mais en tant qu’ancienne banlieusarde parisienne, je vous jure que ça fait un choc quand tu remarques que tous les vendeurs, les chauffeurs de bus, les agents administratifs, bref, toutes les personnes que tu peux croiser dans la journée te disent :

« Bonjour ! Ça va bien ? »

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Sur le moment, ça fait bizarre (« MAIS POURQUOI IL ME POSE TOUTES CES QUESTIONS ? ») et tu ne sais même pas quoi répondre, mais rapidement, tu t’aperçois que ça rend la vie quotidienne vraiment plus douce

L’agencement de la ville est tellement bien pensé !

Le coup des gens qui attendent le bus en file indienne disciplinée, et ce sur environ 8 kilomètres de long, ça fait tout drôle aussi ! Et il y a vraiment de quoi être peace ici : l’agencement de la ville est tellement bien pensé !

Les rues et les trottoirs sont larges, la plupart des bâtiments ne font pas plus de trois étages — en dehors des buildings du centre-ville (le quartier des affaires) —, il y a des arbres partout, et de nombreux et immenses parcs.

Allez, une petite anecdote au hasard : il y a une montagne en plein milieu de la ville. Le mont Royal. Celui-là même qui a donné son nom à la ville (mont Royal, Montréal, tu l’as ?). Et dans les parcs, il y a des ÉCUREUILS. Dois-je vous donner un argument supplémentaire ? Je ne crois pas.

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Du coup, en été, on peut se la couler douce, faire du sport, pique-niquer avec ses chums, profiter des innombrables festivals (les festivals à Montréal, ça mériterait un article à part entière). En hiver, on peut faire du ski de fond, des balades en raquettes, du patin à glace, de la luge…

Vous avez dit paradis ? On s’en approche grandement, parce qu’en plus, ici, on a trouvé une ouverture d’esprit et une tolérance qui ne sont malheureusement pas encore généralisées en France.

À lire aussi : Carte postale de Fort McMurray, une ville canadienne unique

Une grande ouverture d’esprit

Je suis végétarienne depuis un peu moins d’un an, et nom d’une boulette de pois chiche, ici c’est teeellement facile : je n’ai pas trouvé un restaurant qui ne propose pas un voire plusieurs plats végétariens, et clairement signalés comme tel.

Il y a également beaucoup de nourriture végane, sans gluten, etc. Pour vous dire, même McDo propose du végé (même si ça reste du McDo, on doit néanmoins saluer l’effort). Et il y a une belle gamme de produits véganes en supermarché et dans les épiceries.

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Bien entendu, on ne peut pas parler ouverture d’esprit et tolérance sans parler de féminisme, et alors là… je suis peut-être sur un nuage ou j’ai eu de la chance jusque-là, mais j’ai l’impression que le Québec a quinze ans d’avance sur la question.

Des détails pas si anecdotiques montrent la différence :

  • En allumant la radio, sur la station la plus écoutée, je suis tombée sur un débat touchant au féminisme.
  • Pendant plusieurs réunions ou déjeuners pro, la discussion s’est orientée sur le sujet, et je n’ai pas eu à ressortir la panoplie d’arguments que vous connaissez si bien parce que… bah tout le monde était féministe, hommes et femmes.
  • Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a déclaré publiquement qu’il était féministe et je crois bien que personne n’a trouvé à y redire (vous imaginez le tollé si la même chose arrivait en France ?).

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  • Dans le métro, j’ai vu une campagne qui incitait les usagers à signaler les comportements de harcèlement, d’agressions et d’attouchements sexuels.

Je ne me suis pas sentie une seule fois en insécurité en tant que femme dans le milieu urbain depuis que je suis ici.

Paradoxalement — et je vous jure que ça me fait tout drôle de dire ça —, je ne me suis pas sentie une seule fois en insécurité en tant que femme dans le milieu urbain depuis six mois que je suis ici. Pourtant, j’ai croisé des groupes de jeunes mecs assis sur un banc ou des gens sûrement alcoolisés alors que j’étais seule et que je portais un short ou une jupe courte… non que cela excuse quoi que ce soit — bien au contraire — mais jusque-là, ce combo magique m’avait toujours valu une remarque ou une insulte (youpi !).

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Je ne suis pas complètement naïve : malheureusement, le harcèlement de rue et les violences sexistes existent ici aussi. J’ai d’ailleurs vu passer un témoignage sur le sujet il y a peu, et ça m’a ramenée à la dure réalité. Toutefois, je veux rester positive parce que j’ai l’impression que c’est beaucoup plus rare qu’en France, et surtout ouvertement dénoncé.

Vous commencez à trouver que c’est trop beau pour être vrai, la vie dans ce pays, non ? Il doit bien y avoir des petites choses un peu moins fun ? Eh bien oui, il y en a…

Les mauvais côtés de Montréal (oui, il y en a quand même)

Le Canada est un pays qui s’est construit par la colonisation dans un premier temps, puis l’immigration dans un deuxième temps. Même si les préjudices (et le mot est vraiment faible) causés aux Premières Nations sont reconnus, les conséquences dramatiques de tout cela sont malheureusement toujours d’actualité.

Le pays n’échappe cependant pas à la tendance islamophobe du moment.

Si, ici, il me semble que plusieurs communautés immigrées se côtoient de manière relativement harmonieuse, le pays n’échappe pas à la tendance islamophobe du moment…

Je n’ai jamais constaté d’islamophobie dans la vie quotidienne, mais elle est particulièrement visible dans les commentaires Facebook, sous des sujets traitant de près ou de loin de la religion musulmane, et plus particulièrement quand cela concerne le port du voile. J’espère sincèrement que ces propos ne reflètent pas la réalité des opinions, mais à mon niveau, c’est impossible à vérifier.

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Autre point négatif, selon moi : on sent qu’on est en Amérique. Et qui dit Amérique dit…

  • Un système de santé compliqué

Nous n’avons pas encore eu l’occasion de le vérifier par nous-mêmes jusque-là — je touche du bois — mais on nous a souvent dit que les rendez-vous médicaux étaient difficiles à obtenir, et qu’on pouvait attendre facilement dix heures aux urgences…

Et qui dit crise dit coupes budgétaires : je travaille dans le milieu communautaire, dans une association touchant à la déficience physique, et pas mal d’inquiétudes montent quant aux réductions des budgets alloués au milieu de la santé et des services sociaux…

  • Les OGM autorisés…

Eh oui, ici les tomates sont particulièrement rouges et rondes peu importe la saison, les raisins n’ont pas de pépins, etc. Si l’on ne fait pas attention et qu’on achète du premier prix au supermarché, j’ai l’impression qu’on peut se retrouver avec pas mal de saletés dans le panier. Heureusement, des alternatives existent, mais à un certain coût tout de même.

Manger sain n’est pas impossible, mais c’est un peu plus cher et compliqué qu’en France.

Alors on essaye de ruser : on surveille les promos, on fait nos courses dans d’autres endroits que les supermarchés, on achète les fruits et légumes à la fruiterie, on choisit les produits étiquetés « moches » (non calibrés donc vendus moins chers, belle idée !)… globalement, manger sain n’est pas impossible, c’est juste un peu plus cher et plus compliqué qu’en France.

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Et après ?

La France ne nous manque pas, mais notre entourage, si.

Bon, bien sûr, on ne va pas se mentir… quand on part vivre à l’étranger, peu importe le pays, il y a un point négatif majeur : on ne peut pas emmener sa famille et ses ami•es dans sa valise. La France ne nous manque pas, mais notre entourage, si.

Les trois ou quatre premiers mois ont été difficiles : on voit la vie sociale continuer sans nous en France alors que la nôtre peine à se développer à Montréal… Heureusement, avec l’été arrivent les sorties, les rencontres… et les premières visites de nos proches ! Les coups de blues s’évaporent avec la chaleur !

Nous verrons s’ils reviendront avec le prochain hiver… ah oui, d’ailleurs, l’hiver, je l’avais presque oublié celui-là ! Alors, ça fait quoi, du blizzard à -30°C ? Ça pique. Et ça gèle les poils de nez.

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Mais ici on est bien équipés, on est habitués à la neige donc la vie continue, la ville n’est pas bloquée malgré l’épaisse couche de poudreuse. On râle en pelletant la crisse de marde blanche (la neige) devant la porte le matin, mais on fait avec pendant cinq mois ! Parce qu’on sait que tout le reste en vaut la peine.

Pour l’instant, il est encore trop tôt pour savoir si on prolongera notre visa ou non… ce qui est sûr, c’est que comme nous avons trouvé tous les deux de bons jobs, un super appart et que notre réseau commence à se développer un peu… on va rester à Montréal pour la durée de notre PVT.

Du coup, on découvre le pays pendant les week-ends et les vacances… et il y a beaucoup à voir !

– Si vous voulez en savoir plus sur notre vie à Montréal et nos voyages, vous pouvez suivre notre site et notre page Facebook !


Les Commentaires

11
Avatar de Kamilleon
1 octobre 2017 à 22h10
Kamilleon
Salut les Madz!

J'ai un peu déterré cet ancien topic en espérant que quelqu'un verra mon message. En fait j'aimerai me lancer, avec mon copain, dans l'aventure PVT au Canada l'année prochaine, mais j'ai des tas de questions et je sais pas trop où les poser. Du coup je tente ma chance ici

Voilà donc mes interrogations principales :

- Tout d'abord, faut-il avoir trouvé un boulot au Canada avant d'envoyer sa candidature ?
- Si non, a quel point est-ce faisable de trouver un job une fois sur place ?
- Plus technique: Nous souhaiterions partir de septembre 2018 à juin 2019 en gros... Est ce que cela veut dire qu'on doit candidater dès octobre 2017? (Donc dans 1 mois :eek

Merci beaucoup d'avance.
Et j'espère que pour toutes celles qui évoquaient un départ, tout s'est passé au mieux.
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