, dévoilée en octobre 2017, a secoué le monde entier. Médiatiquement, ce fut un raz-de-marée, socialement, une occasion pour toutes les femmes d’être enfin écoutées.
Je ne pense pas me tromper quand je dis qu’il y aura un avant et un après l’affaire Weinstein pour le féminisme et pour les femmes dans de nombreux milieux différents.
Il est d’autant plus symbolique que les trois journalistes américain·es responsables de la publication de cette enquête aient reçu le prix Pulitzer : Jodi Kantor et Megan Twohey du New York Times ainsi que Ronan Farrow du New Yorker ont été honoré·es par le prix Pulitzer dans la catégorie « Service public ».
Le prix Pulitzer est décerné dans plusieurs domaines, tels que la littérature, la musique mais aussi le journalisme. Le prix le plus prestigieux est celui du « Service public ».
Cette récompense est attribuée au journalisme d’utilité publique, celui qui rend un service à la communauté et la société.
Parmi les lauréats les plus célèbres dans le passé, je nommerai le journal The Washington Post sur le cas du Watergate en 1973, ou encore The Guardian et The Washington Post (toujours lui) qui ont couvert les informations révélées par le lanceur d’alerte Edward Snowden sur la National Security Agency en 2014.
Sur Twitter, Jodi Kantor a partagé une photo d’elle et de sa consœur, Megan Twohey, en train de célébrer « secrètement, leur Pulitzer. »
https://twitter.com/RonanFarrow/status/985962297150656513
Ronan, sur Twitter a remercié ses sources pour leur courage, a reconnu le travail de Jodi et Megan, et son équipe au New Yorker. Il a ajouté :
« Ce moment est parfois comparé à un règlement de compte. Mais nous commençons simplement à dire la vérité sur les abus de pouvoir qui durent. »
Harvey Weinstein, le prédateur d’Hollywood
Début octobre, le New Yorker publiait l’enquête de Ronan Farrow (au passage il s’agit du fils del’actrice Mia Farrow et du réalisateur Woody Allen).
Le journaliste a réuni plusieurs témoignages de femmes ayant été victimes d’agressions sexuelles et de viols, accusant le producteur américain qui se trouvait la plupart du temps dans une situation de supériorité hiérarchique ou de pouvoir vis-à-vis d’elles.
Du côté du New York Times, les journalistes Jodi Kantor et Megan Twohey sont parvenues à recueillir suffisamment de témoignages et de sources différentes pour réussir à retracer les agissements d’Harvey Weinstein envers les femmes de son entourage.
Les journalistes dressent ainsi le portrait d’un prédateur, qui abuse de son autorité et de son pouvoir à Hollywood sur les actrices, débutantes comme professionnelles.
Elles racontent comment, pendant des années, le pouvoir et l’argent de cet homme lui permettaient d’acheter le silence de ses victimes.
LIRE L’ARTICLE DU NEW YORK TIMES (EN ANGLAIS) TIMES
L’exposition publique de l’affaire Harvey Weinstein, qui semblait avoir été un secret de polichinelle bien gardé, avait ébranlé le milieu du cinéma américain.
Aujourd’hui, Harvey Weinstein a été renvoyé de sa propre entreprise, The Weinstein Company. Cependant, il n’a eu à subir aucune conséquence judiciaire pour le moment.
En effet, en janvier 2018 :
« L’ancien producteur, accusé d’agressions sexuelles, de harcèlement et de viols par près d’une centaine de femmes depuis octobre, ne fait l’objet, pour le moment, d’aucune poursuite judiciaire aux Etats-Unis. »
— Pour en savoir plus, la suite est à lire juste ici, sur CheckNews.fr.
Depuis, d’autres comme lui ont été destitués de leur fonction pour les mêmes faits aux États-Unis et pas seulement dans le secteur du divertissement.
Le journalisme d’investigation, un moyen de faire avancer la cause féministe
Les reportages produits par ces trois journalistes sur Harvey Weinstein ont permis la lancée de plusieurs mouvements : Me Too/Moi aussi par exemple, le Time’s Up aux États-Unis pendant la cérémonie des Oscars, et le #MaintenantOnAgit durant celle des César en France.
La paroles des femmes s’est déliée également, et surtout — surtout — elle me semble moins stigmatisée et moins ignorée qu’auparavant. Celles qui prenaient déjà la parle depuis longtemps déjà sont enfin écoutées, enfin entendues.
Personnellement, depuis l’affaire Weinstein, j’ose aborder des problèmes au sein de mon cercle d’amis très étendus, j’ai aussi discuté avec des garçons enfin prêts à écouter et à se remettre en question.
Clairement, les lauréats du Pulitzer 2018 n’ont pas volé leur prix, et je trouve que c’est une excellente nouvelle !
À lire aussi : #MyHarveyWeinstein, #balancetonporc : « le monde change », et il était temps
Sur madmoiZelle, la rédaction s’est mobilisée pour publier des articles autour de l’affaire Weinstein, notamment celui de Mymy, à lire ci-dessous :
L’affaire Harvey Weinstein, vers la fin de l’impunité des agresseurs sexuels ?
Tu peux retrouver tous les articles sur Me Too/ Moi aussi juste ici.
Et toi, que t’inspire le fait que le Pulitzer ait été décerné aux journalistes responsables de l’enquête à l’origine du mouvement #MeToo ?
À lire aussi : #MeToo, #MoiAussi : autant de femmes victimes de harcèlement sexuel, comment est-ce possible?
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Depuis cette affaire, tout le monde dit "ça y est, tolérance zéro pour les agresseurs" ou pire "chasse aux sorcières, ils sont traînés dans la boue", on radote de partout que les hommes n'auront plus le droit de rien faire et alors que Weinstein n'est même pas poursuivi. Les violeurs ont encore de beaux jours devant eux...